Marc Hénon (Consodata) : « La reprise se verra d'abord dans le MD »
Quelle est, à l'heure actuelle, la situation de Consodata ?
Marc Hénon : 2001 a été une année difficile. Nous avons traversé
des moments délicats. Pas seulement aux Etats-Unis. Heureusement, nous avons eu
de bons résultats en fin d'année. En Europe aussi, le marché est difficile. Les
annonceurs ont taillé globalement dans les budgets médias, en télévision,
presse, affichage et radio. Et le marketing direct est tellement développé
qu'il subit les mêmes effets. La baisse d'activité se situe entre 3 et 5 % et,
dans certains secteurs, comme le e-mailing, par exemple, beaucoup plus. Mais je
pense que la reprise se verra d'abord dans le secteur du MD. Cela a toujours
été comme ça. Les annonceurs préfèrent investir dans des moyens plus directs,
plutôt qu'en communication corporate pure. Cependant, nous nous préparons en
pensant que la reprise ne viendra pas tout de suite. Pour ce faire, nous nous
focalisons sur une gestion plus efficace de nos ressources.
On dit qu'entretenir une mégabase de données coûte trop cher. Qu'en pensez-vous ?
M. H : C'est un non-débat. Il faut voir le business model
complet. Peu importe qu'une adresse coûte cher ou pas. Ce qui est important,
c'est ce qu'elle rapporte. Dans les pays où l'on fait spécifiquement du
questionnaire sur le style de vie, l'Angleterre, par exemple, on a un taux de
profitabilité qui avoisine 25 à 30 %. Le business model est très simple. On
diffuse massivement des questionnaires. A l'intérieur, les questions sont
sponsorisées par des annonceurs qui prépayent l'envoi des questionnaires. En
Grande-Bretagne, le questionnaire est sponsorisé à plus de 100 %. Quand on
récolte une adresse, elle est déjà payée largement et on la remet en
commercialisation. Les marges sont très importantes. Mais on n'arrive pas à ces
niveaux-là partout. Certains pays sont moins performants. C'est plus dur en
Espagne actuellement qu'en Italie.
Que dites-vous à ceux qui critiquent les bases de données déclaratives ?
M. H : La qualité
de notre base de données est assez bonne. Exacte à 100 %, certainement pas. Les
taux d'erreur sont forts, mais il faut savoir ce que l'on veut faire. Nous
avons différents moyens de vérifier l'exactitude des réponses. Le plus simple :
on prend 1 000 questionnaires, on les renvoie un mois après aux répondants en
leur disant qu'on a perdu leur questionnaire, et on mesure. Les Américains,
eux, pratiquent le "Frigo Check" : là, les enquêteurs vont dans les foyers et
contrôlent physiquement les achats. En France, les enquêteurs appellent et
reposent un certain nombre de questions. On mesure et les écarts sont de 0 à 8
%, avec des disparités très fortes selon les catégories. L'automobile, les
produits où l'on n'a pas à réfléchir pour répondre, la banque, l'assurance...
pour ces catégories, il faut compter entre 1 et 3 % d'écart. Les plus gros
problèmes se situent avec les produits de grandes marques à faible montant. Ce
sont les femmes qui remplissent les questionnaires. Elles trichent beaucoup sur
les parfums, les produits cosmétiques. Là, on a des écarts assez forts, de
l'ordre de 10 %. Et puis, il y a les pro- duits non impliquants, comme la
marque de lessive. On a des taux d'erreur qui vont de 5 à 10 %.
Qu'en est-il de votre changement d'actionnaire ?
M. H :
Telecom Italia, notre actionnaire principal, veut se désengager, et nous
cherchons un nouvel actionnaire. Cela prend du temps. Le partenaire recherché
soit sera trouvé dans notre métier, soit sera d'origine purement financière ou
encore fera partie d'un groupe industriel ou sera un groupe de services
connexes à nos métiers. Nous avons de nombreuses discussions.