Les services consommateurs en quête de maturité
En France, deux grandes entreprises sur trois en B to C disposent aujourd'hui d'un service consommateurs. Selon le cabinet Arthur Andersen, ces structures sont vouées à un fort développement. En attendant, elles cherchent leurs marques.
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Les services consommateurs en France semblent traduire un certain paradoxe,
ballottés entre la reconnaissance et la sous-exploitation. Selon une étude
d'Arthur Andersen menée auprès de grandes entreprises françaises en B to C,
l'information consommateur et son exploitation suscitent un intérêt stratégique
indéniable au sein des sociétés : dans plus de trois entreprises sur quatre, la
direction générale est destinataire du reporting. Et ce, quel que soit le point
statutaire de rattachement : direction marketing pour 26 % des services,
direction générale pour 20 %, direction qualité pour 15 %, direction
commerciale pour 13 %. Par ailleurs, parallèlement à cette forme de
reconnaissance au sein des entreprises, l'étude révèle que les informations
emmagasinées par les services consommateurs ne sont pas utilisées comme elles
pourraient l'être. Ces services ont tous mis en oeuvre des bases de données
clients. Chaque contact y est quasi systématiquement enregistré et ce, de
manière assez complète. Dans 90 % des cas, les agents notent l'identité de
l'appelant, le produit ou service motif du contact, la date d'appel, le type de
demande, l'action générée par la demande. Mais, 53 % des entreprises n'ont pas
établi de lien entre cette base service consommateurs et la base de données
clients générale. Et pourtant, la fonction première de ces services est bien,
in fine, l'optimisation de la relation de l'entreprise avec ses clients.
Lorsque le lien avec la base de données générale existe, le souci des
entreprises est avant tout le développement des actions de marketing
relationnel : lancement de nouveaux produits ou services (42 %), programme de
fidélisation (26 %), envoi de consumer magazine (23 %). Par-delà les paradoxes
propres à tout tissu de structures aussi récentes qu'en forte croissance,
l'étude d'Arthur Andersen insiste sur le fait que les services consommateurs ne
sont plus un élément anecdotique dans la stratégie des entreprises.
DÉPASSER LE TRAITEMENT DES RÉCLAMATIONS
Deux grandes
entreprises sur trois proposent aujourd'hui à leurs clients un service
consommateurs et ce, pour une petite moitié d'entre elles, depuis moins de cinq
ans. Les missions imparties à ces services, elles aussi, évoluent. La plupart
des entreprises ont en effet dépassé la seule logique d'enregistrement des
réclamations : nombre d'entre elles utilisent le service consommateurs comme un
vecteur de traitement de demandes d'information (87 %), de conseils
d'utilisation (65 %), de veille sur la perception des clients (50 %), de
gestion des crises (35 %), de support de vente ou encore de marketing direct
(17 %). De leur côté, les clients ne sont plus que 33 % à contacter
l'entreprise pour formuler des réclamations. Les deux tiers appellent le
service consommateurs pour exprimer un besoin d'information ou de l'intérêt
pour les produits et services de l'entreprise. Quelle que soit la fonction
requise, 53 % des clients se disent très satisfaits du service apporté, 33 %
satisfaits et seulement 13 % insatisfaits ou très insatisfaits. Malgré leur
taille encore modeste (80 % emploient moins de six personnes), les services
consommateurs bénéficient de budgets annuels à la hausse : 56 % d'entre eux ont
vu leurs moyens croître au cours des cinq dernières années. Dans 3 % seulement
des cas, le budget a été revu à la baisse. En moyenne, les entreprises
investissent chaque année 4,4 millions de francs. Pour 29 % d'entre elles, le
budget est inférieur à un million de francs et pour 17 % supérieur à 10
millions de francs. Les services les mieux lotis se retrouvent plutôt dans la
distribution (un tiers dispose d'un budget supérieur à 10 MF), alors que, dans
les services, la totalité des structures reçoit moins de 5 millions de francs
et 40 % moins de un million.
PLUS DE 50 % DE CONTACTS EN PLUS DANS LES DEUX ANS
La hausse des budgets est directement imputable à la
croissance d'activité de ces entités : 86 % des responsables de services
consommateurs estiment en effet que les volumes de contacts vont croître de
plus de 50 % dans les deux années à venir. Une augmentation plus forte encore
en ce qui concerne le trafic via Internet, avec des estimations d'augmentation
à 90 % en moyenne. D'ici à 2001, 80 % des services consommateurs proposeront
aux clients de les contacter par Internet. Pour l'heure, en matière de canaux
de communication, le téléphone représente 62 % des contacts, soit deux fois
plus que le courrier (27 %) et largement plus que le Minitel (8 %), le fax (1
%) ou Internet (1 %). Par-delà ces moyennes, il subsiste de grandes disparités
d'un secteur d'activité à l'autre, puisque le Minitel accapare 38 % des
contacts dans les produits de grande consommation alors qu'il est inexistant
dans les services, où le téléphone est sur-représenté à 87 %. Autre constat de
l'étude d'Arthur Andersen, les services consommateurs, dans 22 % des cas, ne
disposent pas de ligne téléphonique dédiée. Ce qui signifie qu'un quart ou
presque des grandes entreprises en B to C font reposer les relations
consommateurs sur leur standard ! A noter également : seules 11 % d'entre elles
ont étendu l'accessibilité de leur service consommateurs au samedi.
Méthodologie
Arthur Andersen a contacté en France près de 800 grandes entreprises en B to C. 80 d'entre elles ont répondu, qui recouvrent l'ensemble des secteurs d'activité : produits de grande consommation (57 %), services (19 %), automobile et services associés (11 %), distribution (13 %). Ces entreprises représentent plus de 7 millions de contacts consommateurs annuels. 16 % d'entre elles réalisent un chiffre d'affaires supérieur à 10 milliards de francs, et un tiers d'entre elles compte plus de 5 millions de clients finaux.