"Les assurances en direct" des recettes gagnantes
Les contrats auto, les formules multirisque-habitation et même les placements épargne se prêtent aux ventes en direct. Mais les médias, le langage, les moyens de marketing direct utilisés seront différents selon la cible, et surtout selon le but. La fidélisation sera parfois plus importante que le recrutement.
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Les assurances à distance font partie des acteurs majeurs du marketing
direct. Après une relative chute en 1998, l'activité a redémarré en 1999. Ce
secteur a affiché près de 14 % de mieux en encaissements (source : Fevad) par
rapport à l'année précédente et compte pour plus de 5 % du marché des
assurances (étude ETO Basalt/Market Audit). Quelles sont les formules qui
marchent aujourd'hui dans le recrutement ou dans la fidélisation ? Quels
produits d'appel, pour quelle cible ? Quels médias faut-il privilégier ? Tour
d'horizon avec les acteurs de ce marché, assureurs et spécialistes de marketing
relationnel. « Dans les assurances des biens à distance, l'automobile
représente le volet le plus important en volume des ventes, estime Michel
Toloton, directeur général de l'agence Cutty Sark. C'est un marché de masse,
avec un recrutement simple. Chez les assureurs orientés sur ce marché, comme
Nexx ou Eurofil, le recrutement se joue en trois temps. D'abord, l'accroche,
par le prix. Ensuite la séduction : "regardez ce que vous avez pour ce prix".
Troisième étape, la conviction. Elle passe par le professionnalisme et la
rapidité des réponses du centre d'appels. » Les contrats multirisques
habitation (MRH) forment le deuxième volet du marché. « D'une part, ces
formules sont les plus populaires, explique Michel Toloton. Vous n'êtes pas
obligé d'avoir une voiture, mais vous habitez bien quelque part. D'un autre
coté, cette assurance est beaucoup plus technique, avec des modalités plus
difficiles à comprendre que celles de la voiture. Résultat : le client ne
regarde pas les modalités, mais s'intéresse au prix. De par cet aspect de
complexité, l'assurance multirisques habitation est plus facilement proposée
dans un contexte de ventes croisées. Cette vente est plus souvent située dans
un rapport de confiance entre l'assureur et le client, et pas dans une conquête
pure. En clair, on va rarement monter tout un circuit de vente uniquement pour
proposer des formules MRH. » Côté créativité, l'assurance auto inspire peu les
esprits. « Sur quoi voulez-vous communiquer quand tout tourne autour du prix ?
», s'interroge un spécialiste du marketing direct. L'assurance auto dans la
vente à distance utilise les mêmes ficelles que l'assurance auto
traditionnelle. C'est toujours le même couplet : Monsieur Michu habite
Toulouse, il fait tant de kilomètres par an avec sa voiture, son assurance lui
coûtera tant. En gros, d'une année sur l'autre, il n'y a que la couleur de fond
qui change. » « Sur ce marché de masse, le couple campagne télévisée-centre
d'appels fait beaucoup de mal aux réseaux traditionnels, car il cible la même
clientèle, remarque Michel Toloton. Mais je n'arrive pas à considérer ce type
de communication comme véritablement du marketing direct. Bien qu'il y ait un
numéro d'appel à la fin, le message privilégie quand même l'image. Nous
retrouvons ici l'inconvénient d'un média de masse qui n'est pas aussi précis
que le marketing direct. » En revanche, le budget de communication dans les
assurances auto à distance se trouve sensiblement modifié dans sa répartition
par rapport au modèle traditionnel. Et pour cause, il n'y a besoin ni de PLV,
ni d'outils d'aide à la vente, ni de fiches etc. Pas de dépenses pour la
formation du réseau aux produits. Au lieu de "vendre" une nouvelle assurance à
des milliers de personnes composant le réseau, il suffit de former une centaine
d'opérateurs du centre d'appels. Sur le marché des assurances à distance, les
produits automobiles sont sans aucun doute les plus faciles à vendre. « Ce
produit est déjà banalisé et pas impliquant, estime Katia Bernard directrice
conseil chez G & A, société de conseil en marketing relationnel. Il s'adresse à
des gens qui n'aiment pas perdre du temps, n'ont pas besoin d'un face-à-face,
ou encore à ceux qui sont très sensibles au prix. Le prix est le seul argument.
Plus l'avantage prix est fort, et plus le produit a de chances d'être acheté à
distance. Mais les assurances auto à distance ne totalisent pas plus de 6 %
aujourd'hui ; preuve que les consommateurs attendent encore. »
UNE MÉTHODE EMPRUNTÉE À LA VPC
Christine Bayle de l'agence Meura,
pense que la VPC est une technique très performante pour la vente de produits
d'assurance simples : « Faire de l'explicatif, simple, commercial et publicité
à la fois. Le message doit susciter l'émotion, accrocher le regard, être
vendeur et beau à la fois - et ce n'est pas donné à tous les produits
d'assurance. » L'expertise de Meura dans ce domaine est importante : Groupama
commercialise son assurance Dépendance en combinant mailing et presse en appui
d'une campagne TV. « La presse se prêtant naturellement à une démarche
interactive notamment sur la cible des seniors », poursuit Christine Bayle.
L'agence a aussi conçu une campagne pour GMF Vie, sur une formule de prévoyance
avec un fonds de placement destiné à financer les études des enfants. « Par
rapport aux produits non-traditionnels, il a fallu utiliser des moyens non
traditionnels. Communiquer sur les futures études des enfants est une tâche
beaucoup plus ludique que de parler du décès de l'un des parents. Un site
Internet faisait le relais de la campagne ; c'est là que l'on a fait la
différence ! L'internaute pouvait tester les options, faire des simulations »,
commente-t-elle. Le site a connu une fréquentation de 750 accès par jour. Une
campagne interactive à la télévision - 48 passages sur CanalSatellite - a
généré près de 700 demandes d'informations. « Je pense que ce type d'approche
préfigure les évolutions de communication en matière de recrutement », ajoute
Christine Bayle qui croit au développement des ventes croisées comme mesure de
fidélisation. « Une segmentation obligatoire et des études de clientèle
permettent d'élaborer des propositions pointues. Par exemple croiser les
assurances incendie, accident et risques divers avec les assurances vie.
Aujourd'hui, ce sont encore des branches hermétiques. »
DES BASES DE DONNÉES CLIENTS HOMOGÈNES
Les assurances à distance offrent un
champ plus large pour l'étude de la clientèle que les acteurs classiques. Selon
Katia Bernard, « dans la fidélisation, un assureur traditionnel ne peut pas
aller très loin. Pendant longtemps, les assureurs traditionnels étaient des
techniciens, avec une approche orientée produits plutôt que clients. Ils ont
aujourd'hui autant de bases de données que de types de contrats. Quand on
essaie de croiser ces fichiers multiples, on tombe sur un tas de problèmes
informatiques. Une base de données par foyers ? Ne rêvons pas ! A l'opposé, les
nouveaux acteurs sont partis de zéro, leurs bases de données clients sont très
homogènes et ils utilisent tous des techniques de ciblage et de segmentation. »
Katia Bernard poursuit : « chaque jour, le prospect reçoit plusieurs mailings
pour différents produits. Il a déjà établi ses propres règles de tri et de
lecture. Il nous faut rentrer dans ce schéma comparatif, sachant que la
comparaison va s'opérer entre des produits d'univers parfois éloignés. Par
exemple, un assureur vie va proposer des formules d'assurance décès avec la
disponibilité du capital en 48 heures. Pour lui, c'est un service en plus et un
atout sur le marché. Il aura tendance à axer sa communication là-dessus. Mais
le consommateur est déjà habitué au fait que La Redoute lui garantit une
livraison sous 24 heures ! Pour lui, ce délai court est un dû plus qu'un
cadeau. Il faudra en tenir compte dans le choix des mots. »
RELAYER LA VENTE À DISTANCE
L'auto, la santé et la multirisque-habitation
sont des assurances banalisées qui se prêtent bien au mode de vente en direct.
Les assurances vie et les placements sont plus complexes. Une exception,
cependant, celle des assurances dépendance-vieillesse. « Ce sont des produits
très anxiogènes. Le consommateur n'aime pas qu'on lui en parle en face, il
préfère les acheter à distance », affirme Katia Bernard. La notoriété de marque
d'une grande mutuelle peut faciliter la vente des contrats à distance. Un
principe suivi par G & A lors du lancement d'un nouveau contrat d'assurance vie
et placement multisupport, pour le compte d'une grande mutuelle. « La mutuelle
voulait le proposer aux sociétaires ayant déjà souscrit un contrat santé,
témoigne Katia Bernard. La compagnie ne souhaitait pas impliquer son réseau
dans l'opération, nous avons donc choisi de privilégier la vente à distance
s'appuyant sur les valeurs mutualistes fortes. Nous avons suggéré une vente
progressive, réalisée en trois temps, sans proposer de bon de souscription au
premier contact. Dans un premier temps, un mailing rédigé dans la tonalité des
valeurs de la mutuelle, introduisait le produit sous forme de simple
communication destinée à rassurer le sociétaire. Celui-ci était invité à
appeler un conseiller expert en placements, pour de plus amples renseignements.
On passait au contact téléphonique, lors duquel le conseiller remplissait le
dossier de souscription. Dans un troisième temps, ce dossier complété était
présenté au souscripteur qui le renvoyait par courrier. Cette formule en trois
temps, avec un contact téléphonique au milieu, a généré d'excellentes
remontées. Notre conclusion, c'est qu'un savant dosage de mailing et de
téléphone est nécessaire pour ne pas donner à l'assuré le sentiment d'être
envahi. »
LA SÉLECTION DES CHAÎNES TÉLÉVISION : UN CHOIX CRUCIAL
Chez Nexx qui possède environ 100 000 clients, les
campagnes de recrutement sont savamment dosées selon les supports
publicitaires. « Près de 90 % de nos clients sont recrutés sur les appels
entrants suite à des campagnes de presse, télévision, radio ou affichage, dans
cet ordre d'importance, estime Erick Berville, directeur marketing et nouveaux
marchés chez Nexx Assurances. La presse télévision et la presse spécialisée
auto sont les deux qui marchent le mieux. Nous avons établi des ratios,
magazine par magazine - combien une page va générer d'appels, et avec quel taux
de transformation. Le coût de recrutement varie du simple au quintuple, suivant
le type et le circuit ! La presse généraliste est certes intéressante, mais le
coût final par recruté est alors trop élevé. » Le choix des chaînes télévision
est crucial pour un acteur du direct. Mais il ne s'opère pas seulement selon
des critères d'audience. « Nous sommes obligés de générer un nombre d'appels
importants, d'environ un million par an. Mais nous devons aussi drainer des
appels de qualité. Générer du volume ne suffit pas, analyse Erick Berville. Or
un passage sur certaines chaînes que je ne nommerais pas va produire un grand
nombre d'appels mais de qualité médiocre. Par exemple, sur une chaîne nous
allons obtenir une avalanche d'appels, mais avec une moyenne de cinquante
appels pour un contrat signé. Sur d'autres chaînes, cette moyenne sera de dix
appels pour un contrat. » Le choix des créneaux a également son importance. «
Le prime time n'est pas toujours bon car il génère beaucoup d'appels inutiles,
remarque Erick Berville. Comme tout le monde sait qu'il y a 80 % de femmes
parmi nos opérateurs, certains individus appellent juste pour raconter des
insanités. Le passage à la télévision un mercredi pose un autre problème. Il
nous faut alors bloquer les appels en provenance des cabines téléphoniques,
venant essentiellement des gamins qui s'amusent. » Le mailing ne recueille pas
non plus toutes les faveurs chez Nexx : « Les fichiers ciblés et renseignés
coûtent trop cher, il faut assurer un retour très important. » Les partenariats
restent un moyen crédible, destinés aussi bien à la communication qu'au
recrutement. « Nous avons des partenariats de distribution, explique Erick
Berville. Un garagiste qui vend de l'occasion, va préconiser à ses clients
notre formule Yatout qui comprend l'assurance, le crédit, l'assistance et la
garantie contre des pannes mécaniques sur toute la durée du crédit, soit
jusqu'à soixante mois. Nous avons aussi quelques partenariats plus commerciaux.
Par exemple, avec un vépéciste nous pouvons monter des opérations conjointes
par échange de bons procédés, avec des coûts partagés. Il y a plusieurs axes de
développement de ce côté. » D'autres partenariats, de notoriété cette fois,
sont signés, comme avec le club de football PSG. « Nexx est un acteur
immatériel, qui ne communique qu'à distance, indique Erick Berville. Pour
asseoir notre légitimité, nous avons besoin d'associer notre image avec
quelqu'un qu'on voit souvent, qu'on peut toucher. Le PSG ne m'amènera pas
beaucoup de clients, mais provoquera un bon effet indirect sur la notoriété. »
Le budget marketing direct de Nexx est consacré « à 95 % à la productivité et à
5 % à la notoriété », résume ainsi Erick Berville.
LES SENIORS N'AIMENT PAS LES GHETTOS
Les assureurs spécialisés sur certaines
cibles comme celles des seniors affrontent d'autres contraintes comme
l'explique Thierry Hermant, consultant (Thierry Hermant Marketing Direct) qui a
participé au lancement de l'assurance auto Zuritel. « L'assureur partait de
l'analyse qu'au moment du passage à la retraite, les conducteurs voient souvent
leurs revenus diminuer et cherchent à faire des économies. L'assurance, un
produit que tout le monde connaît, est typiquement un produit d'appel par le
prix. Les seniors savent qu'un produit moins cher n'est pas nécessairement
meilleur. Ils recherchent des plus-produits. D'un autre côté, la cible des
seniors est particulière car ils n'aiment pas être "ghettoïsés", y compris dans
l'argumentaire. Il ne faut surtout pas leur dire "vous pouvez avoir de
meilleurs tarifs parce que vous conduisez lentement". Plutôt appuyer le
discours sur l'expérience et sur le fait avéré qu'ils ont moins d'accidents. »
La stratégie de lancement devait aussi tenir compte d'une notoriété nulle de la
marque en France. « C'était un cocktail fort de marketing direct, utilisant des
figures emblématiques dans une campagne télévision relayée par un centre
d'appels. La télévision est un média démonstratif, mais qui véhicule peu de
contenu. Les spots sur le petit écran ne parlaient donc pas des détails
techniques, mais véhiculaient le message essentiel "je suis bien assuré".
Ensuite les courriers de relance, tout un système de courriers avec des
propositions d'assurances et des brochures explicatives, prenaient le relais. »
En revanche, aucun problème pour fidéliser cette clientèle. Selon Thierry
Hermant, « quand les seniors ont fait leurs choix, ils ne se remettent plus en
question. Sauf bien sûr en cas d'accident, d'une mauvaise qualité de la
prestation de leur assureur. Néanmoins Zuritel a prévu un ensemble de services
complémentaires avec l'assurance, comme un numéro d'appel Fil Bleu pour
connaître la météo sur le trajet du voyage. » « Le cas Zuritel était celui
d'une entreprise qui a besoin d'acquérir de la notoriété et un grand volume de
contacts à la fois, poursuit Thierry Hermant. Une campagne télévision, appuyée
par un centre d'appels sont alors le meilleur moyen d'obtenir des résultats.
Dans le cas d'une entreprise qui est déjà reconnue, il s'agira plutôt de
communiquer sur des ventes croisées. Des multirisques habitation et des
produits d'hospitalisation, par exemple. Ici on privilégiera le courrier avec
des relances téléphoniques. Le problème sera plutôt de ne pas froisser les
agents et courtiers. Pour l'éviter, on peut lancer de nouveaux packages
destinés à renvoyer l'assuré sur le réseau. » Quels sont les produits les mieux
adaptés pour la vente à distance ? Alain Bride, directeur des ventes à distance
de Norwich Union, détaille sa recette. « D'abord ce sont des produits faciles à
comprendre, car il n'y a personne à côté du client pour les expliquer. Ensuite
ce sont des produits faciles à souscrire. Pas de questionnaire trop long ni
d'examen médical préalable pour une assurance santé. Ce sont des produits
économiques : une garantie faible pour une cotisation de base faible également.
Ce sont des produits ciblés. La vente à distance est une stratégie de niche. Si
l'audience devenait trop large, on risquerait de manquer des moyens techniques
au centre d'appels pour répondre à toutes les demandes. Enfin, ce doit être des
produits évolutifs. Le but est de combattre au départ la crainte d'un achat à
distance, quitte à augmenter le volume du contrat par la suite en augmentant
les garanties ou par des ventes croisées. » Fort de ces principes, Norwich
Union propose aujourd'hui en direct des contrats de couverture décès,
d'hospitalisation, de complémentaire santé, et va bientôt lancer des formules
d'épargne. L'assureur gère quelque 500 000 contrats actifs pour 400 000
assurés. Alain Bride voudrait toucher un million et demi de prospects : « nous
utilisons des annonces presse avec un coupon-réponse, des campagnes télévision
avec un numéro de téléphone, des campagnes d'appels sortants sur nos fichiers
propres et des opérations de mailings sur les fichiers propres ou loués. Nous
avons aussi essayé la radio mais sans grand succès. Apparemment le visuel
compte beaucoup. De plus, les personnes qui écoutent la radio dans la voiture
n'ont pas les moyens de noter le numéro à appeler. » La presse est utilisée de
façon stable, avec une pression publicitaire constante repartie sur une
quarantaine de titres. D'abord la presse télévision, avec 25 à 28 insertions. «
Généraliste, cette presse est propice à la VPC. De plus, chaque exemplaire
reste en main plus d'une semaine », commente Alain Bride. Les magazines
seniors, Pleine Vie et Notre Temps reçoivent respectivement 19 et 15
insertions. Vient enfin la presse populaire, comme Ici Paris ou France
Dimanche. « Leurs lecteurs correspondent bien à notre cible : des urbains âgés
aux revenus modestes, prévoyants et ouverts à la VPC. » Les campagnes de
mailing se chiffrent à 33 millions de messages. Dont 18 millions sur des
fichiers loués, comme ceux des abonnés au téléphone, avec une segmentation sur
le prénom, ou encore ceux des acheteurs par correspondance. Le fichier de
Damart a les faveurs d'Alain Bride, qui ajoute que « une personne dans notre
base de données reçoit un message tous les mois ». Mais le mailing est un média
fragile - Norwich Union en a fait l'expérience lors des grèves des postes en
début de l'année. « Nous avions eu de moins 20 à moins 30 % par rapport aux
résultats attendus, à cause du retard dans l'acheminement des demandes. » Le
téléphone enfin est le média qui monte. La filiale de télémarketing de Norwich
Union a pour objectif de traiter près de 450 000 appels. « C'est le média le
plus interactif parmi tous, car il permet de suivre en direct les objections
des clients. » C'est l'un des médias qui donnent les meilleurs résultats chez
Norwich : le marketing téléphonique et le mailing sur le fichier interne
consomment un tiers des budgets publicitaires de l'assureur, mais contribuent
pour deux tiers aux primes encaissées.
OBJECTIF DES MAILINGS : LA FIDÉLISATION
Les mailings sont aussi prisés chez Mutavie, mais
avec des objectifs différents - l'assureur y fait appel essentiellement pour
fidéliser les clients et les inciter à augmenter les reversements sur les
contrats. « Nous utilisons exclusivement le fichier des sociétaires et des
partenaires de la Macif. Nous avons essayé d'utiliser les techniques de
marketing direct pour le recrutement, notamment des mailings avec segmentation
du type récence-fréquence-montant. Les résultats étaient peu satisfaisants par
rapport à ceux obtenus par le réseau. Aujourd'hui, près de 90 % des
souscriptions nouvelles viennent du réseau, et 7 % seulement des ventes à
distance », admet Marcel Blaise, chargé de marketing direct chez Mutavie. Cette
filiale de la Macif est spécialisée dans les assurances vie, l'épargne et le
placement. Sa stratégie réside dans son positionnement et son interaction avec
le réseau. « Nous avons partagé les tâches, explique Marcel Blaise. Le réseau
s'occupe en priorité du recrutement, et nous de la fidélisation, du
reversement, de l'alimentation des comptes, avec des mailings et des techniques
de vente à distance. La fidélisation est ici tout aussi importante que le
recrutement, sinon plus. J'estime qu'un compte souscrit mais pas approvisionné
est un compte non vendu, car il n'y a pas eu véritable adhésion du client. » Le
principe aujourd'hui est de proposer des produits simples, sans frais d'entrée,
pour faciliter l'adhésion. Ensuite, les techniques de marketing direct seront
utilisées pour inciter le sociétaire à augmenter les reversements. « Les
mailings avec la segmentation de la cible communiquent sur la gestion des
comptes, détaille Marcel Blaise. Ce message parle de la rentabilité, avec le
relevé de compte. Le compte-rendu annuel de gestion paritaire sert les besoins
de communication institutionnelle. Les lettres d'informations transmettent des
messages d'incitation, avec des coupons de reversement inclus. Enfin, des
opérations de relance sont programmées sans périodicité fixe, mais
essentiellement en fin d'année. Cette tradition date de l'époque des primes
fiscales à l'assurance vie, aujourd'hui disparues - mais les messages évoquent
toujours l'état actuel de la fiscalité ou la vie du contrat. Quant au
téléphone, il est utilisé en réception d'appels mais pas en émission. Nous
sommes mutualistes et nous voulons protéger notre démarche non agressive. »
Résultat : chaque sociétaire est touché en moyenne tous les deux mois. Entre 45
et 50 % des reversements sur les comptes viennent aujourd'hui de la VPC, sans
intervention du réseau. La même démarche est en vigueur chez Continent
Assurances, un multispécialiste qui fait de l'assurance vie, santé, auto,
habitation, etc. Ses campagnes de mailing ont pour but de créer du trafic chez
les assureurs. « Ce n'est pas du vrai marketing direct, mais des opérations qui
s'appuient sur notre réseau traditionnel, estime Catherine Demongeot,
directrice marketing stratégique chez Continent Assurances. Lors d'une
opération, nous avons élaboré un package de produits destinés aux seniors, nous
avons loué les services d'une société de télémarketing et nous avons envoyé un
mailing à 50 000 clients. L'objectif final était de les envoyer vers les
agences, alors nous leur avons offert des cadeaux, à retirer chez leur
assureur. Cette démarche correspond aux habitudes de nos clients qui
privilégient souvent le contact en face-à-face à l'achat à distance. Tous les
ans, nous envoyons un mailing aux souscripteurs d'assurance vie, les invitant à
effectuer des reversements. Certains vont profiter du coupon-réponse inclus,
mais d'autres iront chez l'assureur pour réaliser le versement. »
Les limites d'Internet
Après s'être affirmé comme concurrent des compagnies d'assurance traditionnelles, les centres d'appels des assureurs à distance se voient eux-mêmes concurrencés par Internet. L'AGF et la GMF prévoient d'investir dans le développement des sites de souscription en ligne. Parmi les formules qui seront proposées sur les sites web, on retrouve les assurances auto, multirisque-habitation, voyages. Des produits simples qui ne nécessitent pas beaucoup d'explications et se prêtent à une vente argumentée sur le seul critère prix. Cela indique peut-être les limites actuelles du Web : il sera difficilement concurrentiel pour la vente des produits complexes de placement et d'épargne comme l'assurance vie. « Internet est plus un outil de renseignement que de souscription. Pour l'instant nous n'envisageons pas l'acte de vente sur le Web », affirme Erick Berville, directeur marketing chez Nexx Assurances. « Internet est un bon relais d'informations, mais ce n'est pas encore un canal de vente à part », pense Katia Bernard, directrice conseil chez G & A. Internet risque d'apporter une nouvelle dimension dans la compétition avec l'apparition des sites portails comparatifs comme FirstAssur.com (voir Marketing Direct, n° 48) et AssurDiscount.com.
Le salut est dans le marketing relationnel
L'agence ETO Basalt avec le cabinet d'études Market Audit ont établi un état des lieux dans le domaine des assurances à distance, dans le cadre d'une méthodologie de développement du marketing relationnel. Parmi les points clés de ce constat : l'ouverture des frontières et la fin annoncée du code de la Mutualité vont influencer les nouvelles stratégies des assureurs. L'avènement de l'euro leur imposera la construction de nouveaux prix psychologiques. Le passage de l'offre produit à l'offre client amène des changements inévitables dans la manière de gérer les fichiers. Une tarification probable des services bancaires créera une image mercantile des banques. Après avoir accepté la multibancarité, le client admet aussi l'idée de multiassurance, avec les comparaisons possibles entre les prestations. Le lien affectif qui le liait à sa banque, son assurance, sa mutuelle, s'amenuise. Le contact face-à-face n'est plus nécessairement recherché. Le consommateur devient plus mobile. Conclusion sans surprise de l'étude : le marketing relationnel est le meilleur moyen pour favoriser la rétention des clients les plus fragiles et les plus mobiles.