Le temps du Protectionisme
Puisque les propriétaires d'adresses se refusent manifestement à lancer leurs fichiers sur un marché pourtant très demandeur, les professionnels de l'adresse et leurs clients potentiels n'ont pas d'autre solution que d'optimiser la matière disponible. Quitte, pour les entreprises, à concentrer leurs efforts sur leurs données propres. Et à confirmer, ainsi, un mouvement de frilosité dans la publicité des adresses.
e ne dénote aucune évolution véritable de l'offre depuis cinq ans »,
remarque Valentine Bissuel, responsable du marketing direct de Sage, éditeur de
logiciels de gestion de la paie à destination des PME. Et gros consommateur de
fichiers B to B à la location et à l'achat. La révolution sur le marché du B
to B se produira lorsque les propriétaires de fichiers clients accepteront de
commercialiser leurs propres adresses. « Il ne s'agirait pas tant pour eux de
générer du chiffre d'affaires, puisqu'il s'agit d'une activité annexe, mais
d'autofinancer ainsi la gestion de leur base de données », avance Xavier
Creuze, directeur de DBI France. Or, force est de constater qu'en France, les
propriétaires d'adresses (de particuliers comme de professionnels d'ailleurs)
se montrent encore très réticents à la commercialisation de ces fichiers
clients qu'ils considèrent comme la pierre angulaire de leur viabilité. Hors la
palette de fichiers spécialisés, très chers quand ils sont qualifiés et encore
chers quand ils ne le sont pas, l'offre se limite donc en grande partie à des
fichiers aujourd'hui connus de tous, qui pallient cette surexposition par un
travail permanent sur le fond (qualification) et sur la forme (exhaustivité,
packages...).
DANS LA FAMILLE FICHIERS... LE GRAND-PÈRE INSEE
La base de tous les fichiers B to B, la matrice de toutes
les données sur ce secteur reste le fichier Insee. Il s'agit aussi d'une
excellente matière de travail pour les entreprises qui cherchent à faire de la
prospection en masse. Et notamment pour celles qui visent les très petites
structures. Le fichier Insee est en effet le seul à référencer les entreprises
monosalariales, qui constituent environ la moitié des 4,2 millions
d'entreprises françaises. A côté de cette offre, on trouve trois types de
fournisseurs. Premièrement, les fichiers génériques, comme ceux de l'Européenne
de Données ou de Bottin/SCRL. Il s'agit là des deux sources majeures pour les
intermédiaires courtiers et agences, ainsi que pour leurs clients.
Deuxièmement, les grandes bases éditées par des sociétés dont le marketing
direct n'est pas le métier premier, comme Dun & Bradstreet ou Kompass. Dun &
Bradstreet, de son côté, semble vouloir trouver une légitimité auprès des
professionnels du marketing relationnel. Courtiers ou responsables en
entreprises considérant le pôle MD de l'enseigne internationale comme une
activité connexe, voire marginale, en tout cas assez maigre en termes de
qualité de service. « Nous sommes très conscients de cette image. C'est
pourquoi, depuis un an, nous multiplions les investissements en communication
autour de nos activités bases de données et marketing direct », signale
Jean-Baptiste Sassolas, directeur commercial de l'activité Business marketing
services. L'activité marketing direct proprement dit a vu, affirme-t-on chez
Dun & Bradstreet, ses effectifs passer de 6 à 12 personnes, et enregistrer une
croissance de 30 % en un an. Et, aujourd'hui, Dun and Bradstreet revendique un
chiffre d'affaires BDD et MD de 60 MF (dont 15 % avec les CD-Rom), sur un
marché que le fournisseur d'informations commerciales estime à 200 MF. Chez
Kompass, sur un chiffre d'affaires global de 140 millions de francs, l'activité
fichier réalise 37 MF, dont 27 MF pour les seuls CD-Rom.
FICHIERS SPÉCIALISÉS : ATOUTS ET DANGERS
Troisième type de fournisseurs sur
ce marché de l'adresse B to B : les éditeurs de fichiers-niches, à l'instar de
DPV ou Compubase. Ces fichiers spécialisés sont de plus en plus nombreux. Ce
sont même eux qui contribuent à l'évolution de l'offre générale. Face à une
demande croissante et une offre que l'on s'accorde souvent à considérer comme
limitée sur le plan qualitatif, un certain nombre d'entreprises ont bien
compris l'intérêt qu'elles pouvaient avoir à commercialiser leurs adresses
clients. Une activité fichiers peut constituer une source non négligeable de
revenus pour une entreprise. Malheureusement, la qualité formelle de ces
nouveaux fichiers est parfois des plus hasardeuses : mise à jour rare ou
inexistante, absence de normalisation postale, dispositif statistique nul,
présentation générale et supports inadaptés. Bref, si ces fichiers-niches ont
le mérite d'exister de manière publique, ils doivent en grande majorité être
confiés à des prestataires pour être exploitables. Ce qui peut également
valoir pour des bases plus généralistes, à l'image du fichier de DHL. 70 000
adresses et environ deux fois plus de noms et fonctions, dont les données sont
aujourd'hui externalisées chez Soft Computing, chargé de siretiser et nettoyer
régulièrement données postales, fonctionnelles, financières... Le choix de Soft
Computing s'est fait dans le cadre d'un appel d'offres : « Il nous fallait un
partenaire capable de nous accompagner dans les options à mettre en oeuvre et
les décisions stratégiques à arrêter, explique Isabelle Deniau, directeur
communication et marketing clients de DHL. A l'époque, Soft Computing n'était
pas vendeur en tant qu'hébergeur pour la base. Nous les consultions pour savoir
ce que nous devions faire en matière de gestion de la base. Entre temps, Soft
Computing a racheté une société spécialisée dans l'hébergement des bases. »
Budget pour Soft Computing : un million de francs.
MARGE N'EST PAS RENTABILITÉ
Que l'on fasse le choix de l'externalisation ou pas,
plus la niche est pointue, rare, et donc précieuse et attendue, moins son
volume est important et plus la mise de fonds est élevée. Autrement dit : forte
marge, mais retour sur investissement très tardif, voire utopique. Ce qui
n'étouffe pas, heureusement, toutes les volontés. A l'image des ambitions
affichées par le courtier DBI, qui cherche à développer le marché du fichier
international. « Il faut occuper des niches ou des marchés non exploités. Ce
qui est le cas des fichiers internationaux, pour lesquelles l'offre reste très
pauvre et pas du tout structurée », explique Xavier Creuze, directeur de DBI
France. Mais il est vrai qu'en matière internationale, les difficultés de
constitution des bases et les délais de concrétisation commerciale sont plus
sensibles encore : création de réseau de partenaires, connaissance et
adaptation des taux de change, adaptations des normes postales... De ce fait,
DBI entend, dans un premier temps, constituer un fichier de 6 000 à 7 000
adresses. Fichier peut-être modeste en termes de volume, mais dont la valeur
résidera dans sa spécificité. L'activité B to B est moins rapidement
rémunératrice que le grand public en termes de chiffre d'affaires, parce que
les volumes traités sont plus importants. Mais elle marge davantage. « Le
retour sur investissement d'une constitution de base est très long. Et le
risque est encore plus grand pour les entreprises monoculturelles. Il est plus
prudent, je crois, d'opter pour une offre assez généraliste, diversifiée, avant
d'attaquer les niches », remarque Patrick Visier, P-dg de DPV.
L'ATAVISME DES CHOIX INITIAUX
Au club des grandes bases
plus ou moins exhaustives, les spécificités demeurent également, souvent liées
au positionnement initial et à l'historique du fournisseur. Le fichier Bottin
(Qui décide), par exemple, est souvent présenté par ses utilisateurs
professionnels, les courtiers, comme une base d'entreprises pouvant déjà
afficher une certaine taille, alors qu'il serait plus "pauvre" sur les très
petites sociétés (de moins de 20 salariés). Profil différent pour l'Européenne
de Données, qui, toujours de l'avis des brokers, serait "historiquement" très
pointu sur les petites entreprises et, notamment (donnée précieuse), sur les
artisans-commerçants. Dans le même ordre de choses, Bottin serait exhaustif sur
le top management, l'Européenne de Données très bien renseignée sur les
ramifications hiérarchiques fonctionnelles. Autres exemples : là où les
fichiers des Chambres de Commerce et d'Industrie sont souvent recommandés pour
la prospection d'entreprises recouvrant une activité d'import et/ou d'export,
les bases des grands fournisseurs à l'image de Dun & Bradstreet seraient plutôt
consultées par les professionnels du marketing direct dans le cadre
d'opérations à l'international. L'éditeur de logiciels de gestion Sage
travaille main dans la main avec un réseau de revendeurs. Il les invite à mener
de régulières campagnes de communication directe en local. Seule matière
première existante : les fichiers des Chambres de Commerce et d'Industrie, dont
la qualité de fond comme de forme est très inégale d'un organisme consulaire à
l'autre. « Il est assez étonnant de constater qu'aucun fournisseur
professionnel d'adresses fichier n'est en mesure de proposer une offre
d'adresses avec possibilité de segmentation géographique assez fine », souligne
Gaëlle Dubourg, responsable du marketing distribution de Sage.
NORME DE LA REMISE AUX COURTIERS : 15 %
En fait,
l'offre en adresses B to B semble souffrir d'une certaine pusillanimité. Les
fournisseurs communiquent finalement assez peu sur leurs fichiers et leurs
nouveautés. Un constat qui devient frappant si on le projette au prisme des
courtiers. « Les fournisseurs de fichiers ne viennent pas nous voir. Ils ne
nous informent pas sur leur offre, de leurs nouveautés. Ils privilégient en
fait la relation directe avec leur client », note Dominique Golia, responsable
du département fichiers de Cifea DMK. Et Patrick Visier de corroborer : « Nous
sommes en concurrence avec les courtiers. A fortiori lorsque l'on dispose d'une
force de vente directe. » Un état de fait que Dun & Bradstreet, dans sa
politique d'habilitation de son activité MD, tente d'infirmer. « Notre chiffre
d'affaires courtiers et agences a été multiplié par trois. Il représente
aujourd'hui 15 % de l'activité fichiers », précise Jean-Baptiste Sassolas,
directeur commercial du business marketing services de Dun & Bradstreet. Sur un
marché où le partenaire est aussi un concurrent, pas étonnant que les règles ne
brillent pas toujours par leur clarté. En l'occurrence, les politiques en
matière de remises aux intermédiaires varient d'un fournisseur à l'autre. Côté
producteurs, on considère qu'un fournisseur de fichiers est dans la norme et le
légitime s'il concède au courtier une remise de 15 %. Côté diffuseurs, on voit
les choses un peu différemment. « En ce qui me concerne, je préfère traiter
avec des sociétés comme Bottin ou l'Européenne de Données, avec lesquelles je
travaille en bonne intelligence, qui me reversent une remise de 30 %, qu'avec
des acteurs qui, au mieux, reversent 15 %, comme Kompass ou Dun & Bradstreet »,
remarque Dominique Golia, responsable de l'activité fichiers de Cifea DMK. La
remise, c'est ce qui fait que les intermédiaires courtiers ont une marge de
manoeuvre restreinte en matière de négociation des prix auprès du fournisseur.
Il est évidemment plus facile pour une entreprise d'ergoter sur le coût des
fichiers lorsque la relation commerciale se fait en direct avec le producteur.
Pour le client final, à savoir l'entreprise ayant passé commande, le prix de
l'adresse reste le même, quel que soit le nombre des intermédiaires. Quant au
prix de revient unitaire de l'adresse pour le fournisseur (tous restent ici
très discrets), il serait au moins égal au prix de vente public. Les courtiers
se rémunèrent exclusivement sur la commission que leur reverse le fournisseur.
Et non, sauf cas rare, sur des honoraires. Le temps passé n'est donc pas
comptabilisé comme une unité marchande. Autrement dit : le conseil, cette
dimension que revendiquent les courtiers comme l'expression de leur valeur
ajoutée par rapport aux fournisseurs, n'est pas payé, du moins pas en tant que
tel. « Nous faire payer en honoraires serait une bonne manière de faire valoir
notre prestation de conseil. Mais ça n'est pas dans la norme et, en ce qui me
concerne, je n'ai pas le temps d'expliquer à mes clients l'avantage qu'ils
trouveraient à nous payer au temps passé », souligne Dominique Golia, directeur
du département fichiers de Cifea DMK. Lorsque les intermédiaires apportent une
prestation objectivement identifiable hors temps passé, à l'instar d'un travail
informatique lourd ou pointu sur les adresses, ils peuvent (et la plupart du
temps ne manquent pas de le faire) demander à être rémunérés sur ladite
prestation.
FRANCE TÉLÉCOM : UNE OPÉRATION MARIANT VOLUME ET PRÉCISION
En février 2000, France Télécom informe Cifea DMK de sa
volonté de contacter un large tissu de très petites entreprises afin de les
inciter à remplacer leur fax à papier thermique par des fax pour format A4. 170
000 adresses au total pour une opération qui, entre la commande en février et
la livraison des adresses, aura nécessité trois mois de recherche et de
constitution des bases de prospection. Une constitution assez complexe, puisque
France Télécom a souhaité éclater son action sur le réseau de ses 60 agences
métropolitaines. Cifea et l'Européenne de Données ont ainsi opéré des
comptages, afin de proposer localement à chaque entité un fichier correspondant
à sa zone de couverture. Par ailleurs, chaque agence était libre d'adhérer ou
non à cette campagne et, dans la positive, de décider du canal de communication
: fax et/ou courrier. Budget pour Cifea : 250 000 francs. Soit une belle
opération sur le marché du B to B (notamment pour un intermédiaire qui réalise
90 % de son activité avec les adresses grand public), qui a connu une baisse
sensible du coût moyen de l'adresse depuis le début des années 90. Baisse
nourrie de la politique de prix mise en oeuvre par certains acteurs à l'instar
de feu Essor (les tarifs en France seraient parmi les plus bas d'Europe).
Aujourd'hui, il semblerait que les prix se soient stabilisés, allant de 45
centimes pour une adresse Insee à 1,50 franc pour une adresse bien renseignée
ou une adresse e-mail (à la location). Le gros du marché se situant entre 0,60
et 0,90 franc. « Le prix des adresses a baissé. Nous en sommes conscients,
souligne Valentine Bissuel, responsable du marketing direct de Sage, éditeur de
logiciels de gestion. Mais certains fichiers sont proposés à des tarifs
rédhibitoires. Prenons le cas de listes comportant des données sur le niveau
d'équipement informatique des entreprises. Exactement le type de données qui
nous intéresse au premier chef. Il nous est impossible d'acheter des adresses à
10 francs l'unité, alors qu'une adresse plus basique coûte en moyenne trois
francs à l'achat. »
TURN-OVER DE 10 À 20 % SUR LA NOMINATIVITÉ
Reste à savoir ce que l'on souhaite acheter avec,
derrière ou autour de l'adresse. Cegos, leader sur le marché de la formation
permanente, a recours aux sources extérieures, essentiellement à l'achat. Avec
des références relevant des grandes bases de type Insee ou Bottin, en tout cas
des fichiers sirenés. Adepte de l'achat, Cegos est finalement, au regard de ses
besoins en communication (quelques centaines de milliers d'adresses), un
relativement faible consommateur de fichiers. « Le marché français du fichier B
to B, chacun s'accorde sur ce point, est mal servi, notamment en ce qui
concerne la nominativité. Mais avec des taux de turn-over annuels de 10 à 20 %,
il faut savoir combien les utilisateurs d'adresses sont prêts à payer et pour
quelle qualité de mise à jour », remarque Yann Viguier, consultant en marketing
relationnel, actuellement en mission auprès du directeur marketing de Cegos.
Prenons le cas d'un producteur de base pointue comme Computer Intelligence. Il
va certes commercialiser ses adresses à un prix supérieur, voire nettement
supérieur à celui des bases généralistes. Mais le service fourni autour du
fichier vendu sera différent : apport de fiches contact, détection de projets,
mises à jour fréquentes.
L'INDISPENSABLE MISE À JOUR
En fait, plus que le prix initial, c'est l'échéance du retour sur
investissement qui tarabuste les entreprises consommatrices de fichiers B to B.
CMC, société de commercialisation de services en matière de gestions de
portefeuille clients, de sous-traitance globale pour la distribution de
produits et de services, de solutions complète pour les entreprises (1 MdF de
chiffre d'affaires 1999), gère plus de 500 000 abonnés à la téléphonie mobile
et plus d'un million de clients GSM "prépayés". En 1999, la société a lancé
cette année deux opérations de communication directe autour d'une cible
d'environ 50 000 entreprises (plutôt des PME) à chaque fois : une campagne de
phoning pour de la prise de rendez-vous auprès des commerciaux, un mailing avec
couponing. Pour ce faire, CMC s'est adressé aux principaux producteurs du
marché, avant de louer des adresses chez Dun & Bradstreet. « J'ai été refroidi
par l'offre. Le problème, c'est la fraîcheur des informations. Qu'il s'agisse
des données postales ou téléphoniques. La rentabilité des opérations est
sérieusement remise en cause si les fichiers ne sont pas propres à la base.
D'autant que nous sommes sur un marché, celui de la téléphonie mobile, où les
cibles sont sursollicitées. Si l'on n'est pas parfait dans sa communication,
cela peut-être très vite dangereux », souligne Alexis Jullien, directeur du
développement de CMC. Ce n'est pas un hasard si le poste le plus lourd
économiquement en matière de fichiers B to B (outre l'investissement
d'acquisition) est l'enrichissement et la mise à jour des données. La mise à
jour étant toujours une bonne occasion de pratiquer un enrichissement. « Après
avoir sirené le fichier des Echos, nous avons constaté que la majorité des
adresses relevaient du secteur de l'industrie, alors que les responsables de ce
fichier en interne étaient persuadés que leurs clients se trouvaient surtout
dans les services », explique Dominique Golia, directeur du département
fichiers de Cifea DMK. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à
travailler leurs propres fichiers. Ce qui s'explique entre autres par des
retours sur investissements excessivement dilatoires ou inexistants dans la
location ou l'achat de sources extérieures. Un souci de maîtrise que les
responsables marketing de DHL ont fait leur dès 1999, jugeant la qualité de
l'offre trop aléatoire pour être sans risques. Aujourd'hui, le fichier clients
de DHL compte 70 000 adresses et environ 140 000 noms, car la société de
transport express a choisi de distinguer pour chaque entreprise deux types
d'interlocuteurs privilégiés : les décisionnaires et les utilisateurs. Pour la
prospection, hors clients en compte, DHL préfère également mettre en marche un
dispositif interne. « Nous qualifions la cible de prospection à partir des
appels téléphoniques que nous recevons sur le Numéro Vert que DHL communique
sur de nombreux supports », explique Isabelle Deniau, directeur communication
et marketing clients. Pour ce faire, l'entreprise utilise ses propres
ressources et notamment son centre d'appels lyonnais, qui emploie 350
conseillers, dont 56 sur les activités d'avant-vente et d'après-vente pour un
trafic quotidien de 3 600 appels. Pour chaque prospect dont l'appel est traité
par la plate-forme téléphonique, les conseillers clientèle de DHL procèdent à
une qualification de l'ensemble des données nécessaires à la constitution d'un
fichier. Fichier qui devrait d'ailleurs très bientôt être exploité par
l'entreprise dans le cadre d'opérations de télévente. Certes, même si
l'entreprise fait en sorte de raréfier la chose, elle a bien sûr encore recours
à des fichiers extérieurs. « Nous tapons alors dans le dur, auprès d'adresses
louées, par exemple, chez Kompass », remarque Isabelle Deniau.
CRITÈRE PREMIER : LA QUALIFICATION DE LA CIBLE
Pour
accepter le recours aux sources extérieures, les entreprises se montrent de
plus en plus vigilantes quant à la qualité des fichiers. Une circonspection
d'autant plus forte que le professionnalisme gagne du terrain. Chez Sage, pas
de tergiversation, la priorité absolue demeure la qualité de qualification de
la cible : nom, civilité et fonction précise. « Un numéro de téléphone, ça se
retrouve toujours. Une légère erreur dans l'adresse, ça peut se rectifier,
précise Valentine Bissuel. Une imperfection dans la qualification, c'est
immédiatement dommageable, tant pour l'aboutissement du message que pour
l'image de l'entreprise émettrice. Par ailleurs, lorsqu'il s'agit de programmer
du phoning ou des visites de commerciaux, un fichier qualifié, non seulement
lèvera les freins, mais, qui plus est, il rassurera les téléacteurs ou les
vendeurs et, de ce fait, optimisera sensiblement leur travail. » En 1999, Sage
aura acheté entre 450 000 et 500 000 adresses. Ses fournisseurs les plus
réguliers : l'Européenne de Données, Cegedim et surtout Bottin. « Nous
demandons à nos fournisseurs d'être en mesure de réaliser des déduplications
assez pointues, avec apport de fichiers multiples, note Valentine Bissuel. Dans
la mesure où nous sommes satisfaits des prestations, nous n'avons pas de raison
de changer. Par ailleurs, Bottin fournit une information financière de bonne
qualité, ce qui est important pour l'éditeur de logiciels de gestion que nous
sommes. »
50 % d'obsolescence par an
De la nécessité d'une remise à jour régulière des fichiers B to B. Selon Kompass, le taux d'altération des listes d'adresses professionnelles est de 50 % par an. Imaginons une entreprise qui tenterait d'en contacter une autre sur la base d'un fichier extérieur dont la dernière actualisation daterait de 12 mois. Selon Kompass, elle aura une chance sur cinq de composer un numéro de téléphone obsolète, une chance sur six d'apprendre que la personne qu'elle cherche à contacter n'occupe plus le même poste, une chance sur dix d'envoyer un mailing à une mauvaise adresse postale (déménagement, fermeture, rachat...) et une chance sur vingt que l'entreprise ciblée n'ait plus d'intérêt pour l'offre proposée (changement d'activité ou de taille...). Mais une mise à jour digne de ce nom ne se fait pas à la légère : elle implique en moyenne 2,5 appels par entreprise, 10 minutes d'entretien par contact qualifié, minutes de saisie, un certain nombre de contrôles, le temps nécessaire au traitement des faux numéros de téléphone, et le temps nécessaire à la mise en place de l'opération de mise à jour. Toujours selon Kompass, la réactualisation des données d'une adresse B to B coûte en moyenne 30 francs par entreprise : 20 francs pour la collecte (frais de téléphone, frais de recherche sur Minitel, rémunération des téléconseillers), et 10 francs pour une saisie sans erreur.