La guerre de l'opt-out n'aura pas lieu
Qu'on se le dise, l'heure est venue de dépasser le débat opt-in/opt-out. Vépécistes et spécialistes de l'e-mail marketing ont enterré la hache de guerre. L'heure des codes de déontologie, des chartes de bonnes conduite... et des définitions précises est venue.
Code de déontologie pour le SNCD, Observatoire du mail et Livre Blanc pour
l'Acsel (Association pour le commerce et les services en ligne) et l'Irepp
(Institut de recherches et de prospective postale), soutenus par la Fevad.
Après une année de tumultes autour de l'e-mail marketing, les différentes
chapelles du MD on line semblent se retrouver. Finies les invectives et
l'obligation de choisir son camp entre l'opt-in et l'opt-out. « Ce débat est
devenu caduque », estime Alain Gosset, vice-Président du SNCD. Résumons les
dernières péripéties de la saga e-mailienne en commençant par un tour à
Bruxelles. Le 12 juillet 2001, une proposition de directive privilégiant
l'opt-in arrivait devant le Parlement. Aucun accord n'étant trouvé, elle était
renvoyée devant la Commission des libertés. Celle-ci adoptait le rapport de son
commissaire, laissant aux Etats membres le libre choix entre opt-in et opt-out.
Décision confirmée en première lecture, le 13 novembre 2001, par le Parlement
européen. Et puis, le 6 décembre, coup de théâtre. Le Conseil des ministres des
Télécommunications, jugeant la directive trop minimaliste, décidait d'interdire
l'opt-out, mais laissait la possibilité aux entreprises ayant obtenu
directement, à l'occasion d'un achat, les données nécessaires à l'envoi d'un
e-mail d'en faire usage pour leur prospection commerciale, sauf opposition de
l'abonné. Une position mi-chèvre mi-choux. Pas d'opt-out, mais un opt-in
assoupli.
TRANSPARENCE ET LOYAUTÉ
Retour en France où
deux chapelles s'opposaient. La Fevad, représentant les professionnels de la
vente à distance, plaidait jusqu'à ce jour pour un opt-out "exigeant",
favorisant la transparence, tandis que le SNCD, qui rassemble les principaux
acteurs de la communication directe, de Consodata à DirectiNet, tenait un
discours volontariste sur l'opt-in, parlant également de transparence et de
loyauté vis-à-vis du consommateur. Il semble que la décision de Bruxelles ait
agit comme un électrochoc. Fevad comme SNCD se retrouvent sur la même longueur
d'onde pour regretter cette proposition. « Parce que cette décision confond
prospection par e-mail et spamming », selon Bernard Siouffi, délégué général de
la Fevad. « Parce que les ministres européens relancent le débat sans apporter
les règles complémentaires de transparence et de loyauté..., pour Alain Gosset.
Et qu'elle favorise les grandes entreprises ayant un nombre important de
clients, les autres entreprises n'ayant plus qu'à se résoudre à passer par des
campagnes sur liste opt-in, plus onéreuses que celles de leurs grands
concurrents. » Reste que l'heure des grands affrontements semble terminée. Un
consensus professionnel se fait jour. Tous mettent en avant la collecte loyale
des données, la transparence et la déontologie. Le SNCD décide de créer un code
de l'e-mailing permettant de trouver une définition commune des termes du
métier. « Définir la notion même de "client", par exemple », précise Alain
Gosset. Savoir, par exemple, si un internaute qui demande une documentation sur
un site de e-commerce, sans pour autant passer commande, peut être considéré
comme un client. La Fevad, de son côté, apprécie cette volonté de
clarification. Pour Bernard Siouffi, « ce débat, qui semblait opposer des
professionnels, était faussé, basé sur des termes mal définis. Alors que nous
sommes tous attachés aux mêmes valeurs. » Reste que chacune des parties semble
consciente qu'il s'agit désormais de rassurer les annonceurs, encore frileux
vis-à-vis de l'e-mail marketing. En montrant leur détermination à lutter contre
la collecte déloyale des données, les principaux acteurs de la profession
montrent qu'ils préfèrent s'organiser plutôt que de subir les diktats du
politique.