La force tranquille
Philippe Delière est «Monsieur Microsoft» de l'agence Wunderman. Il gère ce compte international stratégique depuis plus d'un an, avec brio. Si l'exercice semble aisé à l'écouter, la réalité est tout autre. Les enjeux et la pression sont énormes. Pour autant, le calme et la sérénité émanent de ce manager affirmé.
A 42 ans, Philippe Delière dit avoir «réussi sa vie». Sans fausse modestie, juste parce qu'il estime avoir mené son projet professionnel à maturité et qu'il se sent bien dans sa peau de super manager de la World Company «Microsoft» (2e client mondial de l'agence). Aujourd'hui Managing Director du Team Microsoft EMEA, il a le sentiment d'avoir relevé un de ses plus gros challenges professionnels en passant dans la «dimension internationale et multiculturelle». Qu'est- ce à dire? Diriger une équipe de 500 personnes dans le monde, être en contact direct avec une équipe à Paris et un team de 29 personnes par pays. Autant dire jongler avec un système de reporting matriciel. Mais aussi avec les décalages horaires. D'ailleurs, son patron est à Seattle. «Ma deuxième journée de travail démarre à 18 heures quand les Etats-Unis se réveillent», précise Philippe Delière. Sans oublier l'usage des langues. Il lui a fallu apprendre à penser en anglais et à réfléchir ses présentations Excel dans une logique universelle. Et si les voyages forment la jeunesse, notre homme ne va pas tarder à se retrouver en culotte courte, tant les déplacements en avion sont fréquents. «J'ai deux à trois voyages dans la semaine et dix conf call, en moyenne», note-t-il, amusé. Marathonien, il court le monde et va «prêcher la bonne parole» auprès de Microsoft et présenter les réalisations de l'agence. Un super VRP en quelque sorte.
Une vision stratégique et business
Une fonction qui a été la sienne pendant presque dix ans comme dg de Wunderman. Puis, à plus petite échelle, pour Ford pendant trois ans, en 1997, quand il intègre la maison. «Il a fait des merveilles pour ce compte, note Jean-Paul Lafaye, alors patron de l'agence. C'est un type qui a une très grande compétence dans le domaine du marketing direct. Il a une vision à la fois stratégique et business. Il est très disponible pour son client.» Une qualité certainement très appréciée de son employeur, aujourd'hui américain. «J'ai travaillé avec lui pendant cinq ans sur le compte Microsoft en Europe. Il sait faire du marketing intelligent. Proche de ses collaborateurs, il dispose d'un sens de l'écoute très développé», témoigne Annabel Renucci, directrice de la stratégie Internet monde de SAP. Il faut dire que Philippe Delière a peu le sens de la hiérarchie. «Je n'ai pas de respect pour les titres. Aussi, je n'attends pas que l'on me respecte pour le mien», assène-t-il. Il sait ajuster son discours en fonction de son interlocuteur. Un aspect caméléon qu'il met à profit pour manager des personnes de culture et de nationalité différentes. Un melting-pot culturel qui donne du sens à ses relations professionnelles, qu'il qualifie avant tout d'humaines. «Ce n'est pas un homme de conflit ou d'ego. Il aime avancer dans l'échange», confie Caroline Saslawsky, fondatrice de l'agence Idenium. Au coeur du futur technologique pour un client dont 90% du business se fait sur le Web, il explore le marketing de demain. Sans doute pour mieux rebondir et peut-être, un jour, développer sa propre activité. Sûr qu'il y a aura des volontaires pour le suivre, tant sa force de conviction est pleinement appréciée et reconnue.
@ © Marc Bertrand
Quel talent auriez-vous aimé avoir?
Etre photographe
Votre définition du bonheur?
Le pire n'est jamais certain
Vos héros dans la vie réelle?
Aucun
Les fautes qui vous inspirent le plus d'indulgence?
Celles qui sont le fruit de la bonne volonté
Vos sources d'inspiration (en tout genre)?
L'Art premier
Votre principal trait de caractère?
L'écoute
Votre devise?
«J'adore qu'un plan se déroule sans accroc»(Hannibal Smith, dans la série TV L'Agence tout risque)
Votre état d'esprit présent?
Décontracté