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LABEL INDEPENDANT

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L'agence Duke fête ses 10 ans début juillet. entouré de ses équipes, Matthieu de Lesseux est fier de sa réussite. Homme de convictions, entrepreneur dans l'âme et indépendant forcené, il affiche un parcours détonnant. A 41 ans, il a déjà marqué de nombreux essais.

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Matthieu de Lesseux occupe un bureau au dernier étage des locaux parisiens de Duke.

@ Marc Bertrand

Matthieu de Lesseux occupe un bureau au dernier étage des locaux parisiens de Duke.

Vouloir faire entrer Matthieu de Lesseux dans des cases, c'est comme vouloir mettre un lion en cage. Impossible. Le patron de Duke cultive sa différence et son indépendance à tous crins. Pas de codes, pas de langue de bois, pas de discours de pubard mille fois entendu et répété, mais un style direct, franc et des idées assumées. Aussi, son parcours professionnel laisse peu de place au doute.

«J'ai toujours eu besoin de maîtriser mon destin.»

Fan de multimédia

A 19 ans, il monte son entreprise avec un copain de fac de droit et commercialise des progiciels de gestion. Déjà le succès est au rendez-vous, mais le jeune homme est très attiré par le multimédia et il lorgne sur une agence qui a le vent en poupe dans les années quatre-vingt-dix: Gédéon, une société de production pluridisciplinaires (broadcast design, documentaires, sites web...). L'un de ses créateurs, Gilles Galud, se souvient «d'un garçon formidable, curieux, avenant, entreprenant...». Matthieu de Lesseux le convainc de ses talents et aptitudes et se voit confier la mise en orbite du pôle multimédia de l'agence. Là aussi, carton plein. La filiale explose et trouve rapidement son public autour du lancement de CD-Rom éducatifs. Internet devient alors sa nouvelle aire de jeu. Il amène de grandes marques sur le Web et constitue son premier carnet d'adresses avec de grands noms (3 Suisses, Elle, Dior, Galeries Lafayette...). Après trois ans d'apprentissage chez Gédéon, il décide d'entrer dans un grand groupe et prend la direction de ConnectWorld, agence interactive d'Havas.

Esprit créatif

Trois ans plus tard, l'entrepreneur jette l'éponge. «Trop de mauvaises pressions, une force d'inertie handicapante», justifie Matthieu de Lesseux. Il quitte ce navire qui entrave son esprit créatif. «J'ai toujours eu besoin de maîtriser mon destin», confie-t-il. Aussi, en 1999, à 30 ans, il délaisse assistante et secrétaire pour créer Duke, avec deux associés qui entrent au capital. L'esprit «start up» est de retour. L'envie de prendre des risques est la plus forte. Dix ans plus tard, il est toujours aux commandes et l'agence a aujourd'hui pignon sur rue.

Ces deux dernières années ont été riches en événements et notamment marquées par le rachat à 100 % par le pure player américain Avenue A / Razorfsh. Perte d'indépendance? Matthieu de Lesseux s'en défend. «Je n'ai aucun objectif de rentabilité fixé par mon actionnaire et je ne reverse à la holding aucun honoraire sur mes résultats», tient à préciser le patron. La vente de Duke, explique-t-il, a été motivée par le besoin de trouver des alliés pour se développer à l'international et remporter des budgets qui nécessitent d'être présent sur place. Avec ses 2 000 collaborateurs dans 21 agences aux Etats-Unis, en Asie et en Australie et son statut de réseau leader sur le digital, Razorfsh s'est imposé comme le candidat idéal. Du coup, les Levi's, Mac Do, PlayStation font partie des clients de l'agence, qui assume ses ambitions internationales. «Si Duke était restée française, nous serions morts», assure le boss, désormais à la tête d'une équipe de 160 personnes. Audacieux, pragmatiques, les Américains apprennent tous les jours un peu plus à ce Vosgien d'origine qui s'exprime désormais un tiers de son temps en anglais.

«Etre dans le Faire»

Côté management, ce patron d'agence est soucieux de rester proche de ses équipes. Adepte depuis peu de la méthode dite «du 360», il tient à «être dans le faire» et à ne pas se couper de l'opérationnel. Matthieu de Lesseux déplore pourtant qu'il persiste une certaine distance avec ses collaborateurs, due à sa fonction et à sa stature imposante (1,90 m tout de même). Dévorant du contact et carburant à l'affectif, il aime la clarté et la franchise dans ses rapports aux autres. «C'est l'archétype du leader charismatique. Il dit les choses parfois un peu brutalement et cela peut être déconcertant pour certains», explique Guillaume Cabrère, l'un de ses associés depuis plus de dix ans. D'ailleurs, il vient de claquer la porte de l'AACC et mène un projet en «sous-marin» visant à rassembler Nurun, FullSIX et Digitas autour de discussions sur la profession et son avenir. Et, qu'on se le dise, le «Club des 4» entend bien rester indépendant. Tiens, tiens...

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Marie-Juliette Levin

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