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LA REALITE AUGMENTEE PERCE DOUCEMENT DANS L'E-COMMERCE

Modéliser en 3D le contenu de son catalogue et proposer aux internautes des essayage virtuels toujours plus réalistes... La piste est explorée par de plus en plus d'acteurs, de l'optique au design, en passant par l'immobilier ou le prêt-à-porter

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L'année 2010 aura été marquée par l'émergence d'une nouvelle technologie au service du marketing: la réalité augmentée. Si cette dernière s'appliquait surtout au domaine du jeu vidéo (notamment avec EyePet sur PlayStation 3), elle est désormais disponible sur certains sites internet, dans les secteurs de la distribution optique, du meuble, du prêt-à-porter ou encore des cosmétiques. La réalité augmentée permet de proposer au consommateur d'exploiter Internet et son équipement informatique pour procéder à des essayages virtuels. En effet, sur le site d'Atol, en se plaçant face à une webcam, il est possible de chausser toutes les lunettes de la collection Adriana Karembeu.

@ Fotolia / vegafx1318

Mais si l'essayage virtuel existait déjà depuis un moment, la réalité augmentée va encore plus loin. Ainsi, l'essayage en 2D permettait d'appliquer l'image numérisée d'une paire de lunettes sur le portrait du client. A lui de se positionner pour avoir un aperçu aussi fidèle que possible du résultat. Avec les technologies présentes sur le marché actuel, le réalisme est encore plus étonnant. Les lunettes sont modélisées en 3D. Il suffi t de se déplacer face à la caméra pour qu'elles bougent simultanément en respectant les proportions, ce qui permet de s'observer sous toutes les coutures.

Par l'intermédiaire d'une webcam, Atol propose à l'internaute d'essayer des lunettes grâce à la réalité augmentée.

DES VENTES FACILITEES

Achatdesign.com est l'un des sites web pionniers en matière de réalité augmentée. Ce spécialiste du mobilier design voulait pallier la lacune majeure d'un site de vente en ligne: l'absence de contact physique avec le meuble (lire notre encadré). Il a donc très tôt misé cette technologie pour permettre à sa clientèle d'envoyer une photo de son intérieur en vue de simuler la présence du produit convoité (chaise, canapé, commode, etc.) au sein même de la pièce censée l'accueillir Et le résultat est là: six mois après le lancement de la réalité augmentée, Vincent Boutillier, le p-dg du site, affirme avoir constaté une augmentation de 10 à 15 % de son taux de transformation. Sur le plan du ROI, les opticiens ne sont pas en reste. « Nous considérons cette technologie comme une aide à la vente », explique Stéphane Solinski, directeur général adjoint d'Atol. Métier technique intimement lié à la mode et à la santé, l'optique occupe une position confuse d'un point de vue marketing. « Aucun consommateur ne vient dans nos boutiques pour le plaisir, pour voir les nouveautés, comme il le ferait à la Fnac », reprend le porte-parole d'Atol. Depuis le lancement de la réalité augmentée sur le site de l'enseigne, le 6 février 2010, 20 000 visiteurs uniques l'ont utilisée, ce qui est bien au-delà des prévisions. « Nous pensions à 3 000 utilisateurs en hypo thèse basse et 10 000 en hypothèse haute. Nous sommes donc très satisfaits », indique Stéphane Solinski. Même constat chez Krys, qui annonce 130 000 visiteurs uniques par mois, dont 70 % auraient eu recours à des simulations 2D ou en réalité augmentée.

20 000

C'EST LE NOMBRE DE VISITEURS UNIQUES AYANT UTILISE LE CONCEPT DE REALITE AUGMENTEE LANCE SUR LE SITE DE L'OPTICIEN ATOL LE 6 FEVRIER 2010. UN CHIFFRE QUI SE SITUE NETTEMENT AU-DELA DES PREVISIONS DE LA MARQUE.

3 QUESTIONS A VINCENT BOUTILLIER / ACHATDESIGN.COM

Pourquoi avoir souhaité intégrer la réalité augmentée sur votre site?
Nous avons été les premiers en Europe. Nous étions très motivés à l'idée de combler deux lacunes majeures de l'e-commerce par rapport aux magasins physiques: l'impossibilité de toucher les meubles et de les visualiser dans leur pièce de destination La réalité augmentée nous permettait d'y remédier


Etes-vous totalement satisfait du résultat?
Globalement oui. Notre taux de transformation a augmenté, mais la technologie reste onéreuse. Le développement de l'application nous a coûté environ 70 000 euros. La contrainte reste la numérisation de tout le catalogue. Nous sommes distributeurs de mobilier dont nous ne sommes pas les créateurs. Il est donc essentiel pour nous d'impliquer nos fournisseurs pour qu'ils acceptent de participer à l'effort de modélisation. Pour y parvenir, il faut beaucoup de pédagogie A ce jour, 200 références sont disponibles en réalité augmentée, soit 25 % de notre catalogue
Et nous travaillons pour aller toujours plus loin. La dernière version, sortie en mai, a considérablement simplifié l'utilisation du service. Désormais, le projet peut être exporté, voire être envoyé par e-mail ou sur les réseaux sociaux. La première mouture ne permettait de visualiser que trois produits. Maintenant, il est possible d'en voir cinq. Pour notre troisième version, les utilisateurs pourront ajuster la luminosité du meuble modélisé en fonction de l'éclairage de leur pièce. Le réalisme doit être total


Les codes du marketing peuvent-ils être bouleversés par la réalité augmentée?
La technologie de la réalité augmentée nous permet de pénétrer chez l'internaute en intégrant son produit chez lui, ce qui lui rend un vrai service. Si bien que désormais, l'Internet a plus d'avantages commerciaux et marketing que les magasins physiques Je pense réellement que la réalité augmentée bouleversera les codes du marketing, en effet.

Le prêt-à-porter, lui aussi, s'est converti à cette technologie, même si l'essayage virtuel en 2D et les simulateurs permettant de coordonner des tenues sont encore majoritaires.

Mais le domaine émergent, et sans doute le plus pro metteur, reste celui de l'immobilier Jérôme Revy fondateur d'AppsFactory a développé une application pour téléphone mobile très innovante. Elle permet, lorsque vous vous promenez dans un quartier, de capturer une image à l'aide de la caméra du téléphone. En piochant dans ses bases de données, l'application vous indique alors, sur cette vue, les annonces immobilières disponibles.

DES CONTRAINTES A CONSIDERER

Pourtant, la réalité augmentée se heurte à quelques obstacles, le premier étant d'ordre budgétaire. « Modéliser en 3D cela coûte très cher! », témoigne Stéphane Solinski. Chez Atol, on évoque un coût de 1 500 euros par monture modélisée. On comprend donc mieux pourquoi seules quelques paires de lunettes sont disponibles en réalité augmentée. Chez Krys, les 60 modèles de la collection Mademoiselle Lunettes sont proposés sous cette forme. Mais comme l'explique Véronique Georget, chargée de communication chez Krys, « le Web est, ici, un média de préparation à l'achat Le jeu en vaut donc la chandelle » En revanche, pour que la réalité augmentée puisse se traduire en taux de transformation, il faut que le rendu qualitatif soit excellent et le fonctionnement doit être très simple. « On ne peut pas demander à un internaute de passer des heures à régler sa webcam. Il faut que cela soit rapide et intuitif », insiste Stéphane Solinski.

UN VRAI SERVICE

Au-delà des effets d'annonce et de la curiosité naturelle des consommateurs, la réalité augmentée permet d'offrir un service supplémentaire au client, par rapport au magasin physique. « Si vous êtes très myope, il est impossible en magasin de voir comment vous va une monture. Avec la réalité augmentée, vous pouvez chausser vos verres correcteurs pour vous observer », explique Laurence Defaux, directrice de la communication et du marketing de Krys. Chez Atol, on travaille déjà à de nouveaux développements qui sont autant au service du consommateur que des magasins réels. « Nous réfléchissons à intégrer la réalité augmentée en magasin », confie Stéphane Solinski. Chez Achatdesign, dans un souci de réalisme, on travaille à affiner l'application, en prévoyant des options d'ajustement sur la luminosité. La réalité augmentée, si elle est encore onéreuse, est sans doute le meilleur outil de convergence entre les boutiques virtuelles et physiques. « Nous n'en sommes aujourd'hui qu'aux balbutiements, estime Jérôme Revy d'AppsFactory.

Je pense qu'à l'horizon 2012, nous connaîtrons des développements révolutionnaires. »

Une simple capture d'image, au gré de vos promenades en ville, permet à l'application d'AppsFactory de vous proposer des annonces immobilières.

José Roda

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