L'ère de l'intelligence
Le façonnage, la mise sous pli, l'adressage, le pesage et l'affranchissement du courrier sont des opérations de plus en plus souvent automatisées. Dans la lignée des équipements situés en amont de la chaîne de courrier, les machines proposées se veulent de plus en plus "intelligentes". Histoire de gagner encore en productivité et en qualité des envois.
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Les nouveaux équipements de traitement du courrier se caractérisent
aujourd'hui par leur plus grande facilité d'utilisation. Les opérateurs sont
aidés dans leur tâche par une automatisation accrue de certaines opérations,
tandis que les cadences moyennes frôlent désormais régulièrement les 4 000
insertions à l'heure (jusqu'à 18 000 enveloppes par heure pour les équipements
les plus performants). Autant de nouvelles capacités qui n'empêchent pas ces
équipements d'être hautement sophistiqués et de plus en plus intelligents.
Modularité
Première des caractéristiques, la modularité
des équipements de cette nouvelle génération. La société Secap Technologies,
qui vient d'être acquise par Pitney Bowes, propose entre autres la SI 6000, une
machine de mise sous pli évolutive que l'on peut munir, sans modifier son
châssis, d'une ou de deux tours d'alimentation : par exemple, l'une peut être
dotée pour les documents à plier, l'autre pour les documents à insérer sans
pliage. Figurant parmi les machines les plus modulaires du marché, elle peut
compter jusqu'à 10 sources d'alimentation. Elle est conçue pour traiter les
volumes importants de courrier et les applications très variées. Connectée à un
système d'affranchissement, elle rend également possible une automatisation
intégrale de la chaîne du courrier. Le tout avec une facilité d'utilisation
digne des meilleurs équipements bureautiques. Même combat chez Neopost. La SI
72 propose en option un système de lecture OMR et la reconnaissance automatique
Load'N Go qui évite aux opérateurs de multiplier les réglages. Ainsi, divers
documents peuvent être déposés dans le bac d'alimentation de la machine qui va
les identifier et les plier différemment selon le modèle d'enveloppes choisi.
Sécurité
Plus proches de l'univers bureautique que du
monde industriel, les machines de mise sous pli sont équipées de systèmes de
lecture optique de documents (OCR pour la reconnaissance par caractère optique
et OMR pour la reconnaissance par marque optique) qui détectent toute erreur,
évitant ainsi un arrêt du processus de fabrication et une rupture dans la
chaîne industrielle. La plupart d'entre elles sont dotées de systèmes
d'éjection des documents non conformes. Chez Satas, par exemple, la gamme Carat
est munie de Secur'Eject qui dévie automatiquement tous les documents "hors
normes". Ceux-ci sont identifiés grâce à un détecteur de doubles (DDD) et un
détecteur d'épaisseur (DDE). Parallèlement, la gamme de types de papiers et de
formats traités par ces machines nouvelle génération se veut de plus en plus
large, sans pour autant multiplier les risques d'erreurs.
Impression et mise sous pli en ligne
En signant un
partenariat avec Xerox, Pitney Bowes propose l'impression et la mise sous pli
sans interruption. La DocuPrint 65 de Xerox est reliée directement au système
de mise sous enveloppe Serie 5 de Pitney Bowes. Résultat : la cadence atteint 4
500 enveloppes imprimées et mises sous pli par heure. Des solutions sont
envisageables à la fois sur les gros volumes, mais aussi sur les petites
séries. Il suffit de choisir en amont l'imprimante qui correspond le mieux aux
besoins de l'annonceur. Seul inconvénient : la configuration de l'ensemble
imprimante/machine de mise sous pli peut parfois "figer" la production dans un
certain type d'opérations, limitant par là même l'originalité du mailing (type
de pliage, choix du format de l'enveloppe...). Reste que ce genre d'équipement
est plutôt réservé aux gros volumes d'impression et aux opérations de marketing
direct récurrentes.
Affranchissement intelligent
Côté
affranchissement, La Poste a agréé quatre fabricants de machines : Neopost,
Satas, Secap et Pitney Bowes. Ce dernier, inventeur de la technologie de la
machi-ne à affranchir dès 1921, ne détenait jusqu'à présent que 3 % du marché
français. Notons que la France occupe le rang de troisième marché mondial du
courrier, une cible que le fabricant américain ne pouvait ignorer.
L'acquisition récente de Secap devrait changer largement la donne et lui
permettre de développer sa part de marché. La Poste Française mène depuis juin
2000 un vaste programme de migration des machines. L'introduction de la monnaie
unique dans l'UE et l'évolution des nouvelles technologies de communication
vont précipiter la transformation du système d'affranchissement en un terminal
postal connecté à un serveur. Toutes les machines à affranchir générant un
chiffre d'affaires postal supérieur à 10 MF par mois sont en train d'être
remplacées par des MAI (machines à affranchir intelligentes) connectées, par le
biais d'un modem, à un serveur de télécollecte relié à La Poste. Chaque
affranchissement sera mémorisé par catégorie, puis envoyé automatiquement et
régulièrement au système de gestion et de facturation de La Poste. La migration
doit être terminée pour la fin 2001, de même que pour le 1er janvier 2002,
l'ensemble du parc de machines à affranchir aura affiché le symbole euro. Ce
programme mené par La Poste cumule les avantages. La tête d'affranchissement
est connectée à une balance calculatrice, qui affranchit au juste prix. Les
informations sont transmises directement à La Poste par le biais d'un modem et
du réseau téléphonique. Le tout est géré par un logiciel de capture de données.
Ainsi, chaque mois, La Poste peut facturer de façon détaillée et optimale
chacun de ses clients. Il lui devient également possible de fournir des
prestations personnalisées aux entreprises qui envoient de gros volumes de
courrier. Et enfin, La Poste évite ainsi par cette technologie les risques de
fraudes ou de non-solvabilité de ses clients. Pour répondre à ces changements
d'envergure, les fournisseurs agréés par La Poste ont chacun mis en place une
politique marketing et commerciale d'envergure. Jusqu'à présent, leurs clients
avaient peu de raison de changer de fournisseur. Aujourd'hui, les 270 000
machines recensées en France sont sur le point d'être échangées contre des MAI.
La concurrence stimule la créativité. Pour preuve, Pitney Bowes lance la
solution baptisée Paragon qui colle, pèse et affranchit à la volée. Elle
s'accompagne du logiciel de gestion Meternet qui délivre à la demande du client
tableaux et graphiques nécessaires à la gestion du système (jusqu'à 1 500
comptes différents). Neopost a, de son côté, développé Sypac Gestion qui permet
de détailler les dépenses de courrier d'une entreprise, service par service.
Chaque service pourra ainsi mesurer les coûts et l'impact de sa propre campagne
de marketing direct. Autre système signé Neopost, le SM 95. Doté d'un lecteur
de codes à barres, celui-ci aide les entreprises dans la mise à jour de leurs
fichiers. Il enregistre les NPAI et peut remonter l'information jusqu'au
service concerné. La version plus aboutie des MAI englobe l'outil Internet. On
peut imaginer, par exemple, que certains logiciels puissent donner accès à
l'impression de timbres à distance et en direct. Des expériences ont d'ailleurs
déjà été menées par certains fournisseurs, comme Pitney Bowes ou Neopost à
l'étranger, et notamment aux Etats-Unis.
Adressage optimisé
Dernière étape avant le routage du
mailing, son adressage. Tendance lourde du marché, les étiquettes imprimées et
collées sont de plus en plus souvent remplacées par l'impression directe des
enveloppes par jet d'encre. Secap, par exemple, a développé récemment l'AD 3200
qui réalise à la cadence de 2 000 enveloppes par heure la mise sous pli des
mailings et l'impression des adresses. Les adresses, et éventuellement certains
messages, sont extraits des fichiers informatiques et directement imprimés sur
l'enveloppe. Les documents sont ainsi traités sans rupture de charge, depuis le
pilage jusqu'à l'impression, ce qui simplifie considérablement la tâche de
l'opérateur. Le système dispose, en outre, de mémoires qui permettent de lancer
les opérations courantes sans préparation particulière. L'utilisateur est guidé
en permanence et informé des opérations à effectuer, toutes les commandes étant
regroupées sur un seul clavier. Avec une définition de 600 x 600 dpi, la
qualité d'impression est tout à fait correcte, tandis que les coûts
d'exploitation sont quasiment divisés par deux comparativement aux techniques
d'impression classique sur étiquettes. Enfin, le jet d'encre semble désormais
préféré au laser en raison de son coût inférieur pour une qualité quasiment
comparable. Ultime étape, la bonne mise en place de l'adresse, en fonction des
normes établies par le SNA. Un courrier arborant une adresse bien formulée a
toutes les chances de parvenir à son destinataire. Certains logiciels
commencent donc à intégrer ce type de fonctions et de normalisations, mettant
en page l'adresse juste avant son impression sur l'enveloppe, et allant même
jusqu'à adapter cette mise en page en fonction des pays destinataires. De quoi
réussir parfaitement son mailing tout en gagnant sur les délais de mise en
oeuvre et d'acheminement.
Trois questions à Corinne Grapton Directeur marketing de Pitney Bowes
Comment évoluent les activités de fin de ligne dans la fabrication d'un mailing ?
Corinne Grapton : Ces dernières opérations sont déterminantes pour la réussite d'un mailing. La mise sous pli est aujourd'hui une opération parfaitement maîtrisée et qui atteint des cadences tout à fait intéressantes. Les diverses propositions des acteurs du façonnage se valent les unes les autres. Le choix se situe plutôt au niveau du tirage, certains équipements étant mieux adaptés aux gros volumes que d'autres. Par contre, l'adressage et la personnalisation des enveloppes deviennent stratégiques.
Quelles solutions proposez-vous ?
C. G : Il faut savoir attirer l'attention du destinataire. Aujourd'hui, les annonceurs ne peuvent plus se permettre d'envoyer des millions de courriers sans obtenir un certain taux de retour. C'est là que l'analyse de la valeur est primordiale. Il vaut mieux parfois investir dans la rédaction manuscrite d'une adresse (et ne pas bénéficier du tarif TS3) pour être sûr d'avoir un taux de retour important. Nous avons réalisé certaines opérations de ce type avec nos clients qui ont affiché des taux de retour de l'ordre de 4 %. Dans un autre domaine, une empreinte d'affranchissement floue et mal repérée est du plus mauvais effet pour l'image de l'entreprise et peut alors entraîner des résultats peu probants.
Que pensez-vous des impressions en couleur ?
C. G : C'est également un excellent moyen d'attirer l'attention du destinataire. Là encore, ce type d'opération peut s'avérer très porteur. Il faut savoir aussi que l'impression directe de l'adresse sur l'enveloppe, c'est-à-dire sans étiquette, est peu coûteuse. Cette "économie" réalisée par rapport au coût des consommables peut permettre d'investir dans des outils de personnalisation originaux.