Iristypes et Pixels, Experian restructure ses typologies
La raison de la remise à plat de la base de données d'Experian, c'est la
mise à disposition par l'Insee des données du dernier recensement français.
Auparavant, Experian disposait en effet d'une typologie propre, les "ilôtypes",
élaborée par la Coref en partenariat avec l'Insee, à la fin des années 80.
Cette segmentation géographique, correspondant à 35 catégories, répertoriait et
classait chaque quartier et chaque rue pour toute ville de plus de 10 000
habitants. Elle correspondait, en gros, à un pâté de maison de 5 000
habitants. Aujourd'hui, les résultats du recensement permettent d'aller encore
plus fin, puisque l'Insee a créé une nouvelle catégorie, les Iris 2000, qui
représentent la zone géographique minimale correspondant, pour les communes de
plus de 5 000 habitants, à un quartier fixe d'un seul tenant d'environ 2 000
habitants. De plus, le questionnaire du recensement abordait de nouveaux
champs, portant sur les trajets domicile-travail, le lieu de naissance et le
niveau de diplôme. La démarche de construction de cette nouvelle base s'est
organisée en trois étapes. En octobre 2001, une typologie socio-démographique
intermédiaire a été constituée. En novembre 2001, une typologie intermédiaire
d'activité économique a été créée. Et enfin, en janvier 2002, ces deux
typologies ont été croisées, aboutissant à une typologie finale de 16
"Iristypes". Correspondant aux 48 842 Iris définis par l'Insee en fonction de
la description des résidents, de leur activité, du revenu des ménages, du
logement et de l'évolution sur neuf ans de ces indications.
Neuilly-Auteuil-Passy
De la campagne profonde aux
banlieues cossues tertiaires, les Iristypes permettent une segmentation
beaucoup plus fine. Prenons l'Iristype "Neuilly-Auteuil-Passy". Il est
caractérisé par le revenu et le niveau d'études le plus élevé de France et un
habitat ancien où deux types de logements bien différents coexistent : la
surface de plus de 5 pièces et la chambre de bonne. En outre, on sait qu'il se
dépeuple de ses habitants au profit de l'installation de bureaux. Cette
nouvelle typologie amène aussi quelques surprises. Les "Hypercentres
commerçants", par exemple, ont vu une évolution des ménages de 10 % entre 1990
et 1999, et une évolution de la population de 3,6 %. Des quartiers où le taux
d'activité des femmes est élevé et où les déplacements domicile/travail se font
en transport en commun. Quant aux "Quartiers commerçants", ils enregistrent une
évolution des ménages de 13,5 % et une évolution de population de 6,7 %.
Connaissez-vous le "Nouveau rural résidentiel" ? Il représente 17,1 % des
ménages de la France entière, soit 19,1 % de sa population. Evolution des
ménages : + 15,7 % ; évolution de la population : + 7,6 %. L'habitat y est
majoritairement individuel, les ménages sont composés de 2 à 3 enfants ou
plus. Le revenu y est moyen, mais le taux de chômage est en dessous de la
moyenne ; le niveau d'éducation correct et une grande majorité de la population
se rend à son travail en voiture. Un groupe peu équipé en services de
proximité, aussi bien en commerces qu'en guichets bancaires. Nos amis banquiers
apprécieront sans doute aussi le "Périurbain". Evolution des ménages : + 15,6 %
; population : + 6,6 %. Le revenu y est supérieur à la moyenne, mais le taux de
chômage inférieur. Il est bien équipé en services de proximité, mais pas assez
en guichets bancaires. C'est dans ce groupe que l'on trouve le plus
d'hypermarchés.
Segmentation individuelle
Par
ailleurs, Experian lance en France les "Pixels", une segmentation issue de la
filiale anglaise du groupe. Experian dispose en effet de l'annuaire
téléphonique de France Télécom. Il lui a servi, dans un premier temps, à
présenter aux banques un service de vérification de la fraude des particuliers.
Le principe est simple. En fonction du numéro de téléphone de l'appelant, par
contrôle de cohérence, on sait si la personne habite effectivement à l'adresse
donnée. Pourquoi ne pas en profiter pour opérer une segmentation individuelle.
On connaît la civilité, un scoring sur le prénom détermine l'âge. L'adresse
permet de savoir si l'habitation est individuelle ou collective. L'annuaire
étant mis à jour tous les trois mois, on dispose de la récence de l'adresse,
preuve de stabilité. Enfin, un croisement avec les Iristypes permet de donner
un niveau de revenu. Experian a ainsi pu créer une typologie individuelle. Ses
432 segments ont pour nom les "Pixels". Ils se présentent sous la forme d'un
code, non nominatif, qui contient tous les éléments discriminants pris en
compte. Cette typologie s'adresse à la presse, pour la relance d'abonnés, aux
banques et aux assureurs pour les inactifs ou encore les opérateurs de télécom
ou de chaînes de télévision payantes. Avec ces nouvelles typologies, Experian a
remis à neuf son coeur de métier, sans pour autant renier son passé. Elles sont
rares les sociétés disposant de données socio-démographiques et géographiques
couvrant un historique de plus de 10 ans.