ESPRIT DE FAMILLE
Margaret Milan est la fondatrice de Fnac Eveil & Jeux, première enseigne française de vente à distance de jouets. Une entrepreneuse courageuse et discrète qui n'hésite pas à retrousser ses manches pour mener, jusqu'au bout, les projets qui lui tiennent à coeur. D'ailleurs, son histoire est intimement liée à celle de son entreprise.
Je m'abonneMusée du quai Branly, dimanche 7 février. Des dizaines de bambins courent dans tous les sens, rient et s'amusent. Fnac Eveil & Jeux fête ses 20 ans. Et c'est là, au milieu de ces familles invitées pour l'occasion, que Margaret Milan, la fondatrice de l'enseigne de vente à distance, se sent encore le mieux. Cette Ecossaise à l'accent «so british» est depuis toujours passionnée par l'univers des tout petits. Et tous ses projets, passés et actuels, sont menés avec la même conviction : il faut accompagner de manière intelligente et ludique les parents dans l'éducation de leurs enfants. Il suffi t, pour s'en convaincre, de se remémorer la présentation qu'elle a faite, l'année dernière, avec une fierté non dissimulée, du nouveau site de l'entreprise : Graine de Curieux, une plateforme de contenus pédagogiques destinés aux parents.
«YES I CAN»
Le chemin a pourtant été long pour celle qui, alors lycéenne à Aberdeen (en province écossaise), rêve de rejoindre les ingénieurs sur les plateformes pétrolières. Elle fait pourtant une croix sur cette activité alors injustement réservée aux hommes, et après de sages études à Harvard, suit son mari, français, et pose ses valises en région parisienne. De son « rêve américain » de jeune fille, elle revient plus déterminée que jamais : « Aux Etats-Unis, j'ai découvert ce fameux «can do», si chers aux Américains C'est là qu'est née mon envie d'entreprendre », se souvient-elle. Court passage chez Procter & Gamble, « parce que c'était confortable de rentrer dans une énorme structure, qui plus est à double culture : française et anglo-saxonne ». Puis, devient maman. C'est à ce moment qu'elle pense à lancer Eveil & Jeux, petite structure indépendante. « Je trouvais que l'offre en jeux et jouets «intelligents» était pauvre en France comparée à ce que l'on pouvait trouver en Ecosse notamment. » Malgré un tempérament prudent, elle lance son activité, seule, chez elle. Et commence par éditer un petit catalogue de 12 pages dactylographiées qu'elle envoie à 1 000 familles issues d'un fi chier d'une association de parents. Adhésion immédiate : le premier mailing génère un taux de retour de 25 %. La suite confirme ce bon démarrage : 100 % de croissance pendant six ans. Son mari abandonne son poste de vice-président d'un cabinet de conseil pour la rejoindre dans l'aventure. Puis, coup dur : le mouvement de grève générale en 1995 qui touche l'ensemble de l'économie française « Nous avons dû faire face à une grève d'un mois à La Poste à un moment de l'année où nous réalisons plus de 50 % de notre chiffre d'affaires Mais nous avons traversé l'épreuve sans trop de casse. » En 1997, l'entreprise prend un tournant quand le géant PPR, alors en pleine réflexion sur un élargissement de l'offre de la Fnac vers le jouet, entre au capital. Margaret Milan y voit une opportunité de faire grandir son «bébé». Entre 1998 et 2001, elle et son mari travaillent en étroite collaboration avec François-Henri Pinault pour développer le premier site internet de la marque « FHP, comme elle le nomme affectueusement, a toujours été passionné par le Web. Il nous a transmis cette conviction que l'avenir de l'enseigne passait par ce canal. A l'époque, plus d'un tiers de nos commandes provenait déjà du Minitel ! » Le multicanal est alors en marche chez Fnac Eveil & Jeux. Et pourtant, Margaret Milan choisit ce moment pour lâcher la barre. En 2001, alors que PPR rachète la totalité du capital de sa société, la jeune dirigeante part explorer d'autres univers. « Quand on rentre dans une structure comme la Fnac, on devient la Fnac. Il était temps pour moi de me confronter à d'autres choses. »
DETERMINEE
Cette «autre chose», ça sera le «non-profit» et un investissement sans faille dans les grandes causes, notamment via la fondation Fnac Eveil & Jeux. Placée sous l'égide de la Fondation de France, elle soutient une dizaine de projets par an. Egalement féministe, elle crée, avec quelques acolytes l'European Professional Woman's Network (EPWN), un réseau dont l'objectif est de promouvoir l'entrepreneuriat au féminin. L'escapade dure cinq ans. Jusqu'en 2006 où les dirigeants de Fnac Eveil & Jeux lui font les yeux doux pour l'inciter à revenir et lui confier l'activité e-commerce. « J'avais quitté une traditionnelle entreprise de VPC et on me proposait un projet multicanal. J'ai foncé. »
Depuis, elle n'a de cesse de travailler sur l'expression de la marque et sur la cohérence des canaux (l'enseigne compte aujourd'hui plus de 38 magasins). Mais plonger ses mains dans le cambouis ne l'effraie pas non plus et elle mène actuellement un chantier de refonte du CRM et de mutualisation des différentes bases de données de la marque pour lancer rapidement un programme de fi délité, enfin commun au site, aux catalogues et au retail. « Margaret a toujours une approche claire, concrète et pragmatique des problèmes », confirme Marie-Claude Peyrache, une proche de l'époque EPWN. A la fois réaliste et déterminée, elle reste discrète. D'aucuns diront timide. « La discrétion fait partie de mon éducation écossaise Mais ne vous méprenez pas, l'ambiance chez Fnac Eveil & Jeux est très chaleureuse. ».
CE QU'ELLE AIME
La montagne
MARGARET MILAN VOUE UNE PASSION A LA RANDONNEE SOUS TOUTES SES FORMES. EN ETE OU EN HIVER, EN SKI DE FOND OU EN RAQUETTES, EN ECOSSE, DANS LES DOLOMITES OU DANS LES ALPES.
Le VTT
EN SELLE TOUS LES SAMEDIS ET DIMANCHES MATIN POUR ENCHAINER LES KILOMETRES AVEC SON EPOUX.
Ses filles
ELLE EST TRES PROCHE DE SES DEUX FILLES ET SUIT DE PRES LEUR ENTREE DANS LA VIE ACTIVE.