E-business : le décisionnel devant le transactionnel
ue ce soit du côté des utilisateurs ou des offreurs, le marché de
l'e-business est caractérisé par un certain nombre de mythes et, en face, de
réalités. C'est ce que s'est attaché récemment à démontrer Markess
International, cabinet indépendant d'analyse et de conseil stratégique sur le
marché de l'e-business.
MYTHES ET RÉALITÉS CÔTÉ UTILISATEURS
Premier mythe utilisateurs, selon le cabinet : "Les
entreprises savent tirer parti de l'e-business". La réalité démontre qu'il
existe différents niveaux de maturité : 22 % des entreprises en France sont
"e-quipées", c'est-à-dire équipées en e-solutions reposant sur un concept ;
plus de 50 % de la dépense en e-solutions est généré par deux secteurs :
l'industrie et les services. Par ailleurs, il n'existe sur le marché que peu de
quantification des bénéfices des projets : moins de 5 % des entreprises ont
quantifié le ROI de leurs projets. Des mesures existent par ailleurs pour les
solutions de base d'e-procurement et l'on note certains projets autour de la
relation client. Autre réalité allant à l'encontre du mythe : l'importance
persistante du conseil externe. Deuxième mythe utilisateurs : "La mise en
oeuvre de l'e-business est une chose aisée". La réalité est toute autre, compte
tenu des impacts de l'e-business sur l'organisation ; l'implication de
nombreuses entités de l'entreprise nécessitant une recherche de consensus et de
coordination. Compte tenu également de la prolifération rapide des briques
technologiques, de la problématique autour de la sécurité (50 % des entreprises
ont, selon le cabinet, identifié des besoins en la matière) et de l'impact
croissant sur les systèmes existants. Troisième mythe utilisateurs : "La
priorité est donnée aux projets transactionnels (commerce électronique et
places de marché)". A ce sujet, Markess International note qu'en matière de
places de marché, malgré l'engouement qu'elles suscitent, les expériences sont
encore récentes, que leurs coûts de fonctionnement apparaissent sous-évalués et
leurs modèles économiques encore incertains. Quant au commerce électronique, il
constitue "seulement" en 1999 un quart de la dépense totale e-business en
France. Une société sur trois est "e-quipée" de solutions de e-commerce et le
besoin de consolider l'interne avant l'externe se fait ressentir au sein des
entreprises. Par ailleurs, si l'on regarde l'évolution des parts des
différentes applications au sein de la dépense totale en e-solutions en France,
on constate que les applications décisionnelles et collaboratives devancent
assez nettement les applications transactionnelles, même si celles-ci devraient
prendre le pas sur les applications informationnelles aux alentours de 2001.
MYTHES ET RÉALITÉS CÔTÉ OFFREURS
Côté offreurs, Markess
International a également détecté trois mythes. Le premier : "Le modèle de
service est le même qu'auparavant". Or, l'analyse démontre qu'il existe de
nouvelles approches basées sur la rapidité, l'évolutivité et l'interactivité. A
titre d'exemple, le temps moyen de conception et de mise en oeuvre d'une
application e-business est de 3 à 6 mois. Qu'il existe aussi de nouveaux
interlocuteurs (les e-business managers) et de nouvelles façons d'externaliser
avec des modèles de facturation à l'usage. "Le positionnement des acteurs et de
leurs offres est précis", constitue le deuxième mythe. Or le marché, et ses
prestataires, fait preuve d'une effervescence permanente. Par le biais des
fusions et acquisitions (près de 50 fusions ou acquisitions d'e-VAPs -
electronic Value Added Providers - enregistrées depuis le début de l'année
1999), des partenariats en tout genre, des nouvelles cibles de marché
qualifiées d'"opportunistes" : dotcoms et incubateurs. Enfin, dernier mythe
côté offreurs : "Les acteurs opèrent sur un marché sans soucis". Mais la
croissance des e-VAPs n'est "pas si facile" que cela sur le marché de
l'e-business, répond Markess International. Les difficultés de recrutement et
de management senior des équipes, un développement international à conforter et
la recherche de récurrence afin de rentabiliser les investissements, sont là
pour le rappeler.
Méthodologie
Cette analyse a été réalisée par Markess International (www.markess.com) à partir de ses outils de surveillance du développement du marché de l'e-business : enquêtes menées chez les utilisateurs (plus de 500 interviewés depuis le 1er janvier 2000, études de cas en France, Europe et aux USA) et d'un monitoring permanent des offreurs (plus de 200 e-VAPs, electronic Value Added Providers, interrogés).