Du côté des ventes aux enchères
Techniques de vente peu usitées par les professionnels du marketing direct, les ventes aux enchères se développent aujourd'hui, grâce au commerce électronique. Proposées par de nombreux sites marchands, elles sont pourtant strictement réglementées. C'est ce que viennent de rappeler, ces derniers jours, les juges mais également le législateur.
En effet, d'un côté, le Tribunal de grande instance de Paris vient
d'interdire à une société de réaliser de telles ventes en France car elles
relèvent du monopole des commissaires priseurs. Par ailleurs, un projet de loi
visant à préciser de nouvelles règles encadrant ces ventes est actuellement en
discussion devant l'Assemblée Nationale. Des règles qui devraient permettre de
connaître enfin les modalités pour mettre en place de tels sites. Les ventes
aux enchères bougent donc et ce, tant du côté du droit que du côté des
responsables marketing. Le Tribunal de grande instance de Paris vient donc
d'interdire à une société de proposer, sur Internet, des ventes aux enchères en
France. A ce jour, le Tribunal a considéré que ces ventes relèvent du monopole
des commissaires priseurs et que celles de cette société présentaient
l'ensemble des caractéristiques des ventes aux enchères publiques. En premier
lieu, cette décision est particulièrement intéressante parce qu'elle précise
que, bien que cette société était hébergée aux Etats-Unis, la loi française a
trouvé à s'appliquer. En cela, les juges n'ont fait qu'appliquer les règles
traditionnelles afférentes à la localisation du litige. Ils ont en effet
précisé que cette offre était destinée aux internautes domiciliés en France,
afin de leur permettre de participer à des ventes aux enchères en ligne
d'objets mobiliers situés en France et se trouvant présentés sur le réseau.
Compte tenu du fait de cette proposition sur le sol français, les juges
français ont considéré que la loi française s'appliquait et que le monopole des
commissaires priseurs devait être respecté.
VERS UN ENCADREMENT DES VENTES AUX ENCHÈRES SUR INTERNET
En second lieu, ils ont retenu le
fait que la vente aux enchères en ligne présentait les caractéristiques d'une
vente publique puisqu'elle était accessible à tout internaute et qu'il existait
une simultanéité des enchères. Ils ont noté que l'internaute avait connaissance
des enchères portées et qu'il pouvait former une enchère plus élevée permettant
de caractériser une vente aux enchères. Cette décision s'entend dès lors d'une
décision essentielle que tous les sites Internet de ventes aux enchères ne
peuvent plus ignorer. Néanmoins, encore conviendra-t-il pour les futurs
responsables de projets d'examiner les faisabilités de leur business plan eu
égard à la réglementation actuelle et aux évolutions envisagées de cette
réglementation. Un projet de loi visant à redéfinir les règles afférentes aux
enchères est actuellement en cours de discussion auprès du Parlement français.
Il a pour objet de définir les nouvelles modalités de ventes volontaires de
meubles aux enchères publiques, de supprimer le monopole des commissaires
priseurs, d'ouvrir cette activité aux ressortissants européen... Néanmoins,
l'adoption de ce texte ne signifie pas la fin de la réglementation des ventes
aux enchères. En effet, celles-ci continueront d'être strictement encadrées
compte tenu du fait qu'elles ont une incidence directe sur le commerce et donc
sur l'ordre public économique national. Dès lors, les ventes aux enchères, et
ce, qu'elles soient organisées traditionnellement ou sur Internet, seront
soumises aux dispositions de ce nouveau texte de loi. C'est ainsi que les
seules ventes aux enchères publiques ne pourront porter que sur des biens
d'occasion ou sur des biens neufs issus directement de la production du
vendeur, si celui-ci n'est ni commerçant ni artisan. De même, ces ventes ne
pourront être réalisées que par des sociétés commerciales dont l'activité sera
strictement réglementée. Ces sociétés de ventes volontaires devront, par
exemple, obtenir un agrément du Conseil des ventes volontaires de meubles aux
enchères publiques et présenter des garanties suffisantes. De même, elles
devront présenter un certain nombre de garanties et justifier de l'existence
d'assurance, de comptes destinés exclusivement à recevoir des fonds détenus
pour le compte d'autrui. Outre les conditions essentielles liées à l'activité,
des mesures spécifiques, s'agissant de la publicité des ventes volontaires de
meubles, devront être respectées. C'est ainsi que le prix de réserve devra être
connu. De même, si le bien était estimé, ce prix ne peut être fixé à un montant
supérieur à l'estimation la plus basse figurant dans la publicité ou annoncé
publiquement par une personne qui procède à la vente. Il apparaît dès lors que,
même si à ce jour, l'avenir de plusieurs sites de ventes aux enchères de
produits pourrait être compromis suite à l'arrêt du Tribunal de grande instance
de Paris, des solutions peuvent exister. Par exemple, en cas de présence d'un
commissaire priseur chargé de la vente. Enfin, il apparaît que, dans les années
à venir, compte tenu de l'adoption du nouveau projet, de tels sites pourraient
se développer en toute légalité. (1) (1) Projet de lettre adopté par le Sénat
portant sur la réglementation de ventes volontaires de meubles aux enchères
publiques (travaux préparatoires n° 1692). Tribunal de grande instance de
Paris, 1ère Chambre, jugement du 3 mai 2000.