Des technologies pour capter l'attention
«Une des principales différences entre un e-mailing et un mailing print,
c'est que le message qui s'affiche dans le logiciel de gestion des e-mails a
forcément dépassé le stade de la mise à la poubelle. » En disant cela, Denis
Boulet-Gercourt, directeur général de Start me Up, une agence spécialisée dans
le marketing on line, met en avant le fait que, pour lui, la règle de base de
l'e-mailing, c'est d'utiliser des fichiers opt-in d'internautes ayant donné
leur accord pour recevoir des messages commerciaux dans leurs boîtes aux
lettres. Pourtant, contrairement à l'univers du print, les fichiers d'adresses
e-mails opt-in sont rares, donc chers. « On ne trouve pas encore vraiment de
brockers de fichiers, ajoute-t-il. Les fournisseurs potentiels de fichiers
hésitent à vendre les adresses par peur de se faire déposséder et il n'existe
pas encore de routeurs agréés qui pourraient jouer le rôle de tiers de
confiance. » Le marché est encore jeune, il en subit les conséquences, les
déduplications de fichiers sont encore rares et on mesure mal leurs qualités,
même si les grandes sociétés comme Claritas, Consodata, ou le pure player
Directinet, ont misé sur le strict opt-in et le professionnalisme dans la tenue
de leurs fichiers.
45 Ko maxi
La
"netiquette", ces préceptes qui régissent les communications sur Internet exige
qu'un e-mail ne "pèse" pas plus de 45 Ko, afin de ne pas gêner les internautes,
qui ne possèdent pas un accès internet à haut débit. C'est pourquoi, dans les
premières années de l'e-mailing, les messages étaient simples et en général en
mode texte. Mais les foyers sont de mieux en mieux équipés et, de nos jours,
rares sont ceux qui ne peuvent recevoir que des mails en mode texte. Car la
technologie, appelée "Flash", diffusée par l'éditeur Macromedia permet, tout en
restant dans des limites de poids raisonnables, d'enrichir les e-mails de sons,
d'animations ou même de vidéos.
Aujourd'hui, on
estime que le taux d'équipement en "plug in" Flash est d'environ 90 %. Un bémol
cependant : en mailing B to B, nombre d'entreprises, les banques notamment,
disposent d'équipements luttant contre les intrusions de virus et ceux-ci
bloquent systématiquement les e-mails contenant du code Flash. Une parade
simple de la part de l'expéditeur consiste à inscrire dans le message e-mail un
lien vers une adresse URL. Le destinataire cliquera dessus, son navigateur web
s'ouvrira et il pourra bénéficier de l'animation Flash par l'entremise de ce
navigateur. Une solution qui devrait se pérenniser. En effet, Microsoft, qui
équipe la quasi-totalité des micro-ordinateurs sous Windows avec le
gestionnaire d'e-mail Outlook, devrait rendre sa dernière version incompatible
avec Flash. Reste qu'en règle générale, les routeurs envoient systématiquement
les e-mails en mode texte et en mode HTML, laissant la possibilité au
destinataire de choisir la façon de les lire. Pour plus de sécurité, la plupart
des e-mail comportent dans leur en-tête la formule suivante : "Ce message est
au format HTML. Si vous ne parvenez pas à le lire, copier/coller ce lien dans
votre navigateur."
Montre-toi objet
Sachant que le
destinataire est censé avoir donné son accord pour recevoir des messages
publicitaires, il s'agit de jouer franc-jeu avec lui. Pour ce faire, tous les
éléments de l'e-mail seront utilisés pour attirer son attention. Un e-mail est
constitué de quatre parties. L'objet du mail, l'expéditeur, le destinataire et
le corps du message. L'objet doit clairement montrer ce qui se trouvera dans le
corps du mail, avec une phrase percutante et incitative. « Il faut que
l'internaute clique pour ouvrir le message dès qu'il en a vu l'objet », précise
Denis Boulet-Gercourt. La case "Expéditeur" sert aussi en tant que message : un
mailing pour la carte Fréquence Plus d'Air France aura plus de chance d'être
ouvert si le nom de l'expéditeur est Fréquence Plus plutôt qu'Air France. Le
nom du destinataire semble évident, mais c'est dans le corps du message que le
processus marketing va se dérouler. Sachant que la plupart des gestionnaires de
mail ne laissent apparaître que le tiers du mail avant ouverture, il s'agit de
placer les accroches dans le tiers haut du message et pousser l'internaute à
cliquer sur les liens. L'e-mail, en tant que tel, n'est qu'un moyen. Il s'agit
de jouer sur son interactivité, une fois que l'internaute a cliqué, il faut
garder son attention en lui proposant de multiples sollicitations. Une fois,
par la grâce du lien HTML, que son navigateur sera lancé, on pourra tracker son
cheminement. L'idéal est de l'envoyer vers un mini-site, dont les offres
correspondent à son profil. Il y a quelques années, on se contentait d'envoyer
l'internaute vers un site généraliste où le prospect se perdait souvent, alors
que son temps d'attention n'est que de 5 à 10 secondes. Aujourd'hui, on sait
créer des mini-sites personnalisés. « Il faut limiter les portes de sortie,
précise Denis Boulet-Gercourt, faire agir l'internaute. » Il pourra demander de
la documentation, jouer, s'inscrire à des offres, remplir des formulaires. Une
banque, par exemple, lui proposera de simuler une demande d'emprunt. Toutes ces
informations permettront d'enrichir la base de données marketing.
SMS : 38 millions de prospects
Il n'y a pas que
l'Internet dans la vie. Et les téléphones mobiles ont un taux de pénétration
très supérieur. Devant la formidable ampleur prise par les mini-messages, les
tenants du marketing direct se sont rendus compte que le SMS pouvait toucher
potentiellement 38 millions de possesseurs de téléphone portable. Le principe
est le même que pour envoyer un e-mailing, et les technologies employées sont
quasiment les mêmes. En revanche, la créativité est limitée : on ne dispose que
d'un maximum de 160 caractères. D'autre part, son caractère intrusif oblige à
manier ce média avec précaution. C'est pourquoi les opérateurs de télécom sont
extrêmement pointilleux sur le caractère strictement opt-in des fichiers de
numéro de téléphone SMS. « Pas de marketing mobile sans permission des
destinataires, quel que soit le type de message envoyé », précise-t-on chez
Mobile et Permission, la filiale d'Orange spécialisée dans les campagnes SMS.
De fait, deux types de campagnes sont possibles. Le SMS Push permet à
l'annonceur d'alerter, d'informer, ou de créer du trafic par des réductions,
des infos exclusives. En Pull, l'annonceur qui souhaite recruter ou animer via
des jeux ou des quizz alertera le consommateur en mettant un code sur le
packaging d'un de ses produits. Celui-ci lui enverra ensuite un SMS pour
bénéficier de son offre. Et bientôt, grâce aux réseaux GPRS, le MMS (Multimédia
Messaging Service) permettra d'envoyer photos, sons, musiques, et même vidéos
sur les nouvelles générations de téléphones portables. Mais pour ce faire, il
faudra renouveler tout le parc des téléphones mobiles. A ce jour, Bouygues
Telecom, en lançant le premier son service i-mode, fait figure de pionnier.