Data mining : Le web change la donne
Le data mining, ou l'analyse intelligente des données, a quitté le havre des bureaux des services études. Aujourd'hui, il participe pleinement à l'élaboration de nouvelles offres commerciales et de services. Outil opérationnel, il est, par exemple, déployé sous forme de modèles dans les agences bancaires et aide à scorer les clients. Et maintenant, un nouveau monde s'offre à lui, le Web, source quasiment inépuisable de données gratuites, non-déclaratives et en temps réel.
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« Après quelques années d'évangélisation, le data mining est maintenant
connu et reconnu. Le marché des bases de données marketing étant arrivé à
maturité, il en est devenu un maillon essentiel. Chez Valoris, il fait
d'ailleurs partie de notre centre d'expertise marketing. » Antoine-Eric
Sammartino, Senior Marketing Manager au sein du Centre d'Expertise InfoMining
chez Valoris, note que le contexte général du traitement des données marketing
a changé. La mise en place des centres d'appels, la multiplication des sources
de données sur les consommateurs ont eu pour corollaire une très forte demande
en matière de traitement de ces données. Et si, dans un premier temps, les
hommes du marketing se demandaient ce qu'apportait le data mining par rapport
aux traitements statistiques classiques, aujourd'hui, la question ne se pose
plus vraiment. Si les outils OLAP, les logiciels représentant les données sous
forme de cubes multidimensionnels, sont utilisés en tant qu'indicateurs ou
tableaux de bord, destinés aux directions générales ou marketing, le data
mining intervient dès qu'il s'agit de comprendre le comportement du client et
de l'anticiper. « A partir du moment où il y a un besoin d'interaction, où il
faut traiter de l'information et déboucher sur une action, le data mining
s'impose », précise Antoine-Eric Sammartino.
DATA MINING COMPORTEMENTAL
Pour François Laxalt, responsable marché data
mining et CRM chez SAS Institute, « historiquement, les vépécistes ont été les
premiers à avoir mis en place des procédures d'analyse ayant recours au data
mining, dans un but bien précis : connaître la rentabilité de leurs clients
lors de l'envoi de mailings ». Ces grands vépécistes, qui disposent de bases de
données marketing gigantesques - on cite 23 millions d'adresses pour La Redoute
-, s'appuient généralement sur leurs propres fichiers pour prospecter leurs
clients. Lorsque ces vépécistes ne proposaient que des catalogues généralistes,
envoyés vers environ 6 millions de foyers, la segmentation était relativement
simple : 5 millions d'adresses étaient prises sur les clients actifs des années
précédentes et un million - des clients non-actifs - servait à la prospection.
La stratégie était claire, le mailing était envoyé pour que les clients
réagissent et achètent indifféremment un produit. On voulait savoir qui a
acheté, qui n'a pas acheté, à qui il faut rembourser le prix du catalogue.
Aujourd'hui, avec l'apparition de nombreux catalogues spécialisés, la
problématique est différente. Il s'agit de savoir quels sont les clients les
plus sensibles à des offres précises. « Cela nécessite un data mining
comportemental plus que d'achat, qui intègre également le compte d'exploitation
client, afin de connaître sa rentabilité », précise François Laxalt. L'idée
sous-jacente est de différencier les budgets marketing en fonction du
comportement des clients. Un exemple : si un vépéciste envoie vers un client
précis une cinquantaine de mailings ciblés, et que celui-ci ne commande que des
produits de peu de valeur, on peut savoir précisément ce qu'il a coûté. En
revanche, d'autres clients peuvent très bien acheter beaucoup de produits en
n'utilisant que le catalogue annuel. L'analyse devient plus complexe, car il
faut également prendre en compte la durée de vie du client - la Life Time Value
-, la rentabilité, la marge dégagé... Et seul le data mining est apte à
résoudre ce type de problématique. Peu d'entreprises possèdent naturellement
ces informations comportementales. Outre les grands de la VPC, on peut citer
les banques, les compagnies d'assurances, les compagnies de télécommunication
et, dans une certaine mesure, la grande distribution, à partir des tickets de
caisse ou par le biais des cartes privatives. Reste que posséder des outils de
data mining, c'est s'assurer une différenciation et un avantage stratégique.
Pour François Laxalt, « les compagnies de télécoms n'ont pas le choix. La
concurrence acharnée, l'infidélité de leurs clients - le "churn" -, associées à
la masse d'informations qu'elles possèdent sur leurs clients les obligent à
utiliser le data mining ». Quant aux entreprises qui n'ont pas d'accès direct à
leurs clients, elles doivent se résoudre à se procurer des fichiers ou à mettre
au point des enquêtes ou des études.
MODÉLISER LE MEILLEUR CANAL
Aide à la stratégie, le data mining doit prendre en compte
tous les canaux de communication avec le client, afin de déterminer quel va
être le meilleur vecteur à utiliser pour un client ou un groupe de clients et
un message donné. Sans oublier les données financières. Imaginons une promotion
de 10 % sur une réduction de location d'hôtel. Si l'on modélise le meilleur
canal pour cette promotion, et que l'on intègre le volet financier, le résultat
sera très différent, selon que les réponses à la promotion passent par un
e-mail (quasiment gratuit), par un mailing (coût environ 3 F) ou encore par un
centre d'appels (20 F). « L'analyse résultante pourra apparaître sous la forme
d'un pourcentage ou d'un graphique. Le décisionnaire choisira en fonction de sa
stratégie, mais il aura tous les éléments en main », poursuit François Laxalt.
Pour Françoise Fogelman, directrice de Business & Décision, une SSII
spécialisée dans le décisionnel, les entreprises disposent d'applications de
production organisées autour de bases de données orientées produits. « Ce qui
leur manque encore trop souvent, explique-t-elle, c'est une vision transversale
du client, qui prenne en compte toutes les composantes de son comportement
vis-à-vis de l'entreprise. » Pour réaliser ce projet, la base de données
clients doit prendre appui sur l'ensemble des données clients disponibles dans
l'entreprise. Elle doit avoir la capacité de regrouper des informations
hétérogènes dans une base unique. Le but est de disposer d'un système assurant
une vision globale du client, permettant, par exemple, de s'apercevoir qu'un
client appelle souvent le service de réclamations, mais génère un chiffre
d'affaires faible. Une fois cette base constituée, une première attitude
consiste à monter des indicateurs. Pour le marketing, ce sera un tableau de
bord montrant le coût global des campagnes, cumulé sur plusieurs années, le
taux de marge des contacts générés, le taux moyen de transformation, le chiffre
d'affaires moyen généré. Il s'agit d'une attitude comptable : on constate, mais
on n'anticipe pas. En revanche, le data mining permet une vision prédictive. Un
opérateur télécoms pourra grâce à une requête data mining connaître son taux
moyen de "churn" - celui des clients ayant résilié leur contrat pour passer à
la concurrence - et demander le profil des clients susceptibles de le faire
dans un futur proche. On peut ainsi anticiper. Le data mining décrit les
données et prévoit les comportements. Il permet une segmentation extrêmement
précise. Un constructeur informatique qui veut se lancer dans la vente directe
- pour peu qu'il ait une base de données clients constituée par les bons de
garantie, par des enquêtes ou encore par son service de réclamations - pourra
isoler un segment de clients fidèles à la marque, qui ont acheté chez un
distributeur mais qui apprécient la vente directe. Il construira un modèle pour
prévoir ceux qui ont le plus fort potentiel. « Pour les plus chauds, on aura
recours aux services des commerciaux. Pour ceux qui sont un peu moins chauds,
on utilisera le centre d'appels. Pour le reste, on lancera un mailing »,
indique Françoise Fogelman. Quant au segment des clients qui changent de marque
à chaque fois, pour les convaincre, il leur sera proposé des promotions
spécifiques. Et pour ceux qui sont fidèle... On ne fera rien !
MÉTHODE FRANÇAISE
Le data mining repose sur trois
principales techniques pour arriver à ses fins : détecter en "torturant les
données" des relations nouvelles, des modèles, des segments nouveaux qui
n'auraient pas pu être découverts autrement. Les outils les plus courants
utilisent des méthodes statistiques de régression. Des méthodes rapides et
efficaces, mais qui touchent à leurs limites quand il s'agit d'analyser de
nombreuses variables. Deuxième technique : les réseaux neuronaux, inspirés du
fonctionnement du système nerveux. Ils sont capables d'apprendre et de changer
de comportement en fonction des expériences nouvelles. Ils peuvent traiter les
problèmes non-linéaires et "bruités", c'est-à-dire lorsqu'existe un trop grand
nombre de variables non-pertinentes ou redondantes - mais ils sont coûteux en
termes de puissance matérielle et en temps d'exécution. De plus, ils ont un
aspect "boîte noire" qui rend difficile l'interprétation de leurs découvertes.
Enfin, les arbres de décision, une technique visuelle, qui consiste à répartir
les données en groupes homogènes, en fonction de la valeur des variables. Leur
représentation, très visuelle, permet à un non-expert de comprendre les
associations et de prendre des décisions. Chez SPSS, le module Answer Tree
utilise la méthode des arbres de segmentation. Très utilisé pour faire de la
segmentation, ce module permet de prendre des décisions à partir de variables
que l'on connaît à l'avance. « Cela permet aussi de sélectionner des variables
utiles », souligne Stéphane Karm, directeur de SPSS Marketing Research. En
matière de décision d'achat, l'arbre de décision permet d'isoler une variable
intrigante : le troisième sexe ! Ou plutôt le couple. Et, pour peu que
l'information soit disponible dans la base de données, on saura que la décision
d'achat ne vient pas de l'homme ou de la femme, mais du couple. Reste qu'il n'y
a pas de méthode de data mining universelle et que chacune possède ses
avantages et ses inconvénients. Pour Juliette Chapront, responsable de la
communication de Cisia Ceresta, éditeur du logiciel d'analyse SPAD, le data
mining constituait, à ses débuts, la chasse gardée des statisticiens. Elle
distingue deux écoles de statistiques. D'une part, l'anglo-saxonne qui utilise
la modélisation. « En gros, raconte-t-elle, on part d'une variable, d'un a
priori, et l'on cherche à expliquer les corrélations. Mais, lorsque l'on
dispose de beaucoup d'informations, on ne sait plus laquelle garder. » D'autre
part, la méthode française, qui date des années 70. Elle utilise l'ensemble des
informations, cherche à trouver les liaisons entre ces informations et à garder
les plus pertinentes. SPAD, créé en 1987 et développé par les laboratoires du
Credoc, est le premier logiciel intégrant les méthodes d'analyse des données à
la française. « Son originalité, indique Juliette Chapront, c'est que,
contrairement aux logiciels anglo-saxons, il ne présente pas les informations
sous la forme d'un tableur. Une variable est sélectionnée et les résultats
apparaissent sous forme d'icônes ou de graphiques. »
RÉSEAUX DE NEURONES
Pour Antoine-Eric Sammartino (Valoris), « en matière de
data mining, parmi les incontournables figurent SAS, qui a su marier très tôt
la gestion de données et leur traitement ; SPSS, qui a une stratégie passant
par le rachat des meilleurs éditeurs du marché - je pense au produit Clementine
- ainsi que des éditeurs spécialisés comme I Soft avec Alice, un outil
d'exploration. On trouve aussi de nouveaux entrants comme Netral, avec la suite
logicielle Neuro One, qui utilise la méthode des réseaux de neurones selon un
processus original ». Netral est un cas à part. Cette société, créée en 1994, a
pour principal marché l'industrie, avec des applications de contrôle de
procédés, de maintenance prédictive. « Au départ, raconte Jean-Luc Ploix, son
P-dg, notre outil permettait de modéliser des applications industrielles, afin
de détecter des anomalies ou encore aider des opérateurs à piloter des process
industriels. Avec des clients comme Sollac, Rhône-Poulenc ou Dassault. Puis,
nous nous sommes aperçus qu'un processus d'achat économique constituait aussi
un processus modélisable. Il y a des informations en entrée et un résultat. »
Le principe est relativement simple. Il repose sur un binôme. L'expert métier
et le logiciel Neuro One (et son opérateur). On présuppose qu'il n'est pas
forcément utile de connaître les liens qui permettent d'aboutir à un résultat,
il suffit d'identifier les paramètres qui y contribuent. « Si une loi existe,
indique Jean-Luc Ploix, on peut la détecter. Au départ, l'expert métier a
l'intuition, et nous lui donnons les moyens de calculer les paramètres
essentiels pour parvenir au résultat. » Concrètement, imaginons un chef
d'entreprise qui désire se voir accorder un prêt auprès de sa banque. Celle-ci
va lui demander trois années de bilan, et un expert va se baser sur une
quinzaine de ratios pour prendre sa décision. Les réseaux de neurones vont
essayer de comprendre le comportement de l'expert, élimineront les ratios
inutiles ou non pertinents et réaliseront un modèle. « Après, il suffira de
mettre à la disposition de l'expert les sept paramètres les plus pertinents. Il
appuiera sur un bouton et le logiciel lui fournira la réponse, le score »,
poursuit Jean-Luc Ploix. Une fois le modèle créé, l'outil peut être mis dans
les mains d'une personne non experte. Il faut rentrer le modèle, dire ce que
l'on veut avoir en sortie, et la réponse sort. Neuro One se présente sous la
forme de deux logiciels. Neuro One crée les modèles, et Neuro Fit, déployable
dans toute l'entreprise, utilise les modèles. La force de cette solution tient
dans le fait qu'une fois le modèle créé, sa règle est indépendante de la base
de données. Le modèle représente un segment de marché et ne pèse que 2 Ko. Une
banque aura tout intérêt à mettre à la disposition de ses agences le logiciel
Neuro Fit, et à créer des modèles au siège, avec Neuro One. Il lui suffira
d'envoyer les modèles au fur et à mesure.
PRÉPARATION DES DONNÉES
« La vraie dimension du data mining, c'est sa capacité à
fournir des résultats faciles à transmettre à des personnels peu qualifiés. »
Hervé Perdrix, directeur général de Isoft, l'éditeur du logiciel Alice,
constate que le marché du data mining a beaucoup évolué et qu'il est désormais
intimement lié à la gestion de la relation client. « Dès qu'un projet de base
de données marketing est lancé, le data mining figure dans le cahier des
charges. Le passage à l'an 2000 a permis aux sociétés de voir l'état des
systèmes d'information ; elles connaissent maintenant l'état de leur parc, ses
faiblesses et leurs conséquences. Aujourd'hui, le data mining est lié au
marketing », constate-t-il. Reste un frein : la préparation des données et
l'alimentation de la base en données, qui engendre une certaine frustration de
la part des utilisateurs. Pour Hervé Perdrix, trop souvent, on se limite à
savoir qui achète et qui n'achète pas, mais 60 % des données s'expliquent mal
parce qu'on les a trop agrégées. Pour lui, il faut procéder en deux étapes.
Extraire les variables évidentes dans un premier temps, puis aller plus en
profondeur et chercher d'autres variables. « Le pire, ajoute-il, c'est quand le
data warehouse n'a pas été conçu en fonction de l'analyse. » Hervé Perdrix note
que le secteur des assurances est de plus en plus utilisateur de data mining. «
Les assureurs ont une approche plus ouverte car ils abordent cette technologie
avec un oeil neuf. » Les compagnies qui passent par des courtiers pour vendre
leurs produits ont peu d'informations clients, leurs analyses portent donc sur
la nature du risque, courtier par courtier, tandis que celles qui disposent
d'un réseau fort connaissent clients et produits et cherchent maintenant à
coupler plusieurs contrats d'assurances. Si les grands de l'assurance ont tous
une même stratégie de fidélisation, les nouveaux arrivés sont en phase de
conquête et cherchent à définir des segmentations différentes. C'est là que le
data mining intervient. Au lieu de segmenter sur l'habitation ou le bonus,
certains choisiront le kilométrage parcouru. Avec un marketing agressif sur des
populations ciblées, on peut à la fois être rentable et développer une image de
marque différente. Là encore, c'est la stratégie marketing qui va permettre de
faire la différence, grâce aux outils de data mining. Mais elle suppose que
l'on ait des idées a priori et que l'on cherche à les valider. L'expertise
métier garde une place primordiale.
VERS LE E-MINING
La cause est entendue, le data mining est maintenant descendu des cimes des
départements études pour servir d'outil opérationnel. Déployé dans tous les
canaux de l'entreprise qui sont en contact avec le client, il permet aux forces
de vente de disposer d'outils permettant de prendre des décisions très
rapidement. Reste maintenant à aborder une problématique encore plus
prometteuse, le e-commerce. « Avec l'avènement du e-commerce, pour la première
fois, nous allons pouvoir pratiquer le marketing one-to-one pour un coût
quasiment nul, annonce Hervé Perdrix. Mais il faut pratiquer ce marketing on
line de façon intelligente, car un bandeau publicitaire mal approprié n'est pas
vu, et une publicité mal ciblée peut entraîner le début de la décadence d'un
site. Ce que nous savons, c'est qu'une analyse statistique des logs - la
détection de la présence d'un internaute sur un site - ne suffit pas. » Le Web
révèle une mine d'informations sur ses utilisateurs. Savez-vous que, lorsque
vous cliquez sur un site, il est possible de savoir immédiatement depuis quel
site vous êtes arrivé, quel système d'exploitation vous utilisez, votre
logiciel de navigation, le nom de votre fournisseur d'accès et votre
nationalité. Ce sont des informations gratuites qu'il s'agit, ensuite,
d'enrichir. Le data mining, dans un premier temps, pourra servir à contrôler
les performances du site, afin de garantir le niveau du service. Ensuite,
connaissant le cheminement des internautes sur le site et leur impact sur les
achats de produits, il s'agira d'optimiser celui-ci afin que les consommateurs
trouvent plus rapidement ce qu'ils cherchent. Sur un site trop lent, mal
construit, l'internaute se lasse et va chercher ailleurs ce qui l'intéresse.
Les Américains disent : "competition is just a clic away" - "les concurrents ne
sont éloignés de vous que d'un clic de souris !". « En fait, il n'a jamais été
aussi facile d'avoir un clien... Et de le perdre », constate François Laxalt.
Enfin, la dernière étape est celle de la personnalisation du site en fonction
du profil de l'internaute. En utilisant à la fois les informations que l'on
possède sur lui et les informations provenant de sa navigation, on pourra lui
présenter une information personnalisée. Cette stratégie peut s'appliquer en
deux étapes. Une banque, par exemple, pourra présenter un site pré-personnalisé
en fonction d'un segment défini, avec une page d'accueil commune, puis, lorsque
l'internaute donne son nom et son numéro de code personnel, sa page personnelle
lui apparaît. Quant à la problématique des bandeaux de publicité, là aussi, le
data mining intervient en déterminant quelle est la publicité à envoyer à
l'internaute. Reste un écueil qui devrait intéresser les fournisseurs de
matériels de stockage, le Web génère une masse de données extraordinaire. « Un
bon site français, indique François Laxalt, génère plus de 15 Go d'informations
par mois, avec une augmentation de 10 % par mois. »
PROFILS POUR BEST-SELLERS
On cite souvent en exemple de réussite de commerce
électronique le site Amazon.com. Mais l'on sait maintenant que sa valeur n'est
pas due aux ventes de produits, mais au nombre de personnes ayant commandé sur
ce site. Amazon.com vend des profils d'acheteurs et d'internautes. A la limite,
il n'est pas important qu'ils aient acheté quelque chose ; le seul fait de
connaître leurs centres d'intérêts a une valeur. On dit même que certains
auteurs de best-sellers se servent de ces profils pour élaborer les synopsis de
leurs prochains livres. Le Web permet de constituer d'énormes bases de données
mondiales sur les consommateurs. « Pour peu que l'on ait intégré le canal Web
aux bases de données clients, que l'on ait mis en place des outils de Web
Mining, ajoute Françoise Fogelman, l'exploitation des traces laissées par les
internautes permet de savoir pourquoi l'internaute achète en ligne et quels
sont ses goûts. Ainsi, on pourra lui proposer des services personnalisés, et
obtenir des sources d'information directes sur le client, en y incluant une
dimension temps réel. » Pour illustrer ces propos, voici quelques sites web qui
pratiquent le e-mining : Mediametrix.com, qui vend des rapports sur les achats
des internautes par secteur industriel ; NetValue.fr, qui permet de traquer le
comportement des internautes ; Allstats4u.com, un site d'analyse d'audience qui
met en commun les informations des sites qui utilisent son produit ;
Personify.com, qui analyse l'audience et suggère les meilleures opportunités de
ventes croisées. Le Web va changer radicalement la donne en matière de
marketing direct et d'analyse comportementale. Reste quelques problèmes
importants à régler : où va-t-on récupérer ces données, comment va-t-on les
enrichir et les entretenir ? Enfin, sachant que toute source d'information est
cruciale, il va falloir industrialiser la remontée des informations clients. Il
serait dommage de passer à côté de la mine d'informations qu'est le Web, en
étant tout simplement submergé par les donnée...
Banque Transatlantique : les actifs sont ciblés
Filiale du CIC-Crédit Mutuel, la Banque Transatlantique est la banque des diplomates et des français à l'étranger, mais aussi une banque de gestion privée. L'année dernière, profitant de la réorganisation de ses forces commerciales et afin de tester l'apport du data mining en matière de ciblage marketing et commercial, sa direction a choisi de faire appel à la société Valoris pour mener une mission de ciblage. « Nous voulions déterminer quel était le potentiel d'actifs de nos clients, précise Pierre Vallet, directeur de la Clientèle Privée. Nous avons procédé par enquête téléphonique sur certains, mais nous ne pouvions pas agir ainsi sur tous nos clients. C'est pourquoi nous avons utilisé le savoir-faire de Valoris et du logiciel de SAS Institute. » Parallèlement à l'enquête téléphonique, le logiciel de data mining a pris en compte la totalité de la base de données client, la segmentation s'opérant sur le potentiel d'actifs. « Nous n'avons posé qu'une seule question : "est-ce que ce client a le potentiel pour déposer ses actifs dans notre banque ?". Le logiciel a sorti les noms et l'algorithme de segmentation. » Résultat de l'opération : le data mining a permis d'identifier 10 à 15 % de clients à potentiel qui n'auraient pas pu, ou auraient été difficilement identifiés. Afin de corroborer ces découvertes et vérifier la véracité des prédictions, les noms des 200 "plus petits" clients découverts par le data mining ont été intégrés dans l'enquête téléphonique, avec un résultat positif. Pierre Vallet, convaincu par les bénéfices de cette technique, met en avant la rapidité des résultats (l'enquête a duré deux mois), et compte implanter un logiciel de data mining dans son établissement au cours de l'année 2000. Avec trois objectifs : lutter contre l'attrition, l'utiliser dans le cadre de campagnes marketing sur de nouveaux produits et qu'il devienne un outil au quotidien du conseiller patrimonial, afin de cibler les bons clients au bon moment.
Bibliographie
- Introduction au data mining, de Michel Jambu. Editions Eyrolles 1998. - Le Data mining, de René Lefébure et Gilles Venturi. Eyrolles / Informatiques Magazine. 1998.