DES MÉGABASES aux FICHIERS THÉMATIQUES 2/2
Pour la plupart des annonceurs, l'intégration de données comportementales s'avère indispensable pour mieux prospecter mais aussi communiquer avec leurs clients. Aux côtés des mégabases multicritères apparaissent un certain nombre de fichiers qui présentent des segmentations verticales. Bien intégrée dans l'univers du grand public, la dimension comportementale commence à pénétrer l'univers du B to B.
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INTERNET : VECTEUR D'UNE STRATÉGIE MARKETING INTERNATIONALE
Pour certains secteurs, tels que la téléphonie
portable, culturellement proches des internautes, ce partenariat permet à
moindre coût de contribuer à l'optimisation de la relation client. « Nous
disposons d'une visibilité limitée sur nos clients car nos produits ne sont pas
commercialisés en direct. Le questionnaire Twin Base de Claritas nous permet
d'évaluer les motivations d'achat et la satisfaction de nos clients sur les
condi-tions d'utilisation de nos mobiles », déclare Adeline Perrissin, chef de
produit junior chez Philips Consumer Communications. Concrètement, l'acquéreur
du portable de nouvelle génération Xenium 9@9 de Philips est muni d'un code
personnel d'accès, qui l'incite à enregistrer son achat sur le site internet de
la maison mère. La page d'accueil le convie ensuite à remplir le questionnaire
on line de Claritas, tout en lui donnant par ailleurs accès à des informations
sur les produits commercialisés par le groupe ou encore sur les fonctionnalités
de son mobile. « Le questionnaire Twin Base se décompose en trois parties
distinctes. Deux d'entre elles concernent les données partagées avec Claritas,
état civil, adresse, âge, nombre d'enfants. La troisième partie du
questionnaire regroupe les données exclusives, c'est-à-dire celles réservées à
notre seul usage. Ces informations portent sur les motivations, le lieu d'achat
et contribuent à optimiser nos stratégies de conquêtes, de fidélisation et,
plus largement, à améliorer la qualité de la vente et de la relation client »,
précise Adeline Perrissin. Le partenariat entre Philips et Claritas est par
ailleurs révélateur du potentiel d'Internet en tant que vecteur d'une stratégie
marketing internationale. « Cette opération a été déclenchée simultanément dans
six pays européens à l'occasion du lancement commercial de notre dernier
mobile. A partir d'un support de collecte unique, il nous est désormais
possible d'obtenir en temps réel un retour client au niveau européen et d'être,
en conséquence, très réactif en termes de stratégie marketing », ajoute Adeline
Perrissin. De son côté, Claritas entend multiplier ce type de partenariat pour
enrichir sa base d'adresses opt-in. « Les internautes représentent aujourd'hui
une cible marketing à part entière et nous allons prochainement proposer un
outil de segmentation on line », annonce Michiel Vermeulen.
L'ESSOR DES BASES DE DONNÉES THÉMATIQUES
« La société moderne échappe de
plus en plus aux critères comportementaux généralistes. » Ce constat, devenu
presque banal à l'heure du marketing direct, recèle, dans la bouche d'Hakim
Benhalima, P-dg d'I-Base, une critique à peine voilée à l'égard des mégabases.
Acteur récent, la société I-Base commercialise le premier fichier
comportemental spécialisé dans la tranche d'âge des 15-25 ans et revendique, en
premier lieu, sa méthode de collecte des données. « Les mégabases résultent
d'envois massifs de questionnaires en vague de toute boîte, c'est-à-dire à
l'aveugle. Nous allons chercher l'information sur le terrain, à l'école, là où
les adolescents vont acheter leur CD, sur le Net, où nous multiplions les
opérations de marketing avec les annonceurs spécialisés dans cette tranche
d'âge », indique-t-il. I-Base entend également se démarquer "culturellement"
par le biais de son site de communauté, qui recouvre tous les centres
d'intérêts des adolescents et permet, à ce titre, de recueillir des profils
d'internautes très ciblés. La règle d'or de la cyberéconomie basée sur le
bénéfice mutuel est ici poussée à l'ultime et I-Base propose aujourd'hui des
partenariats à multiples facettes. « Un abonnement gratuit de six mois à notre
magazine 15-25 ans et des bons de réductions auprès de nos annonceurs, d'un
montant total de 3 000 francs, sont immédiatement consentis à l'internaute en
échange de son profil. Les annonceurs nous restituent des adresses mail en
échange de cette remontée de clientèle ou d'annonces publicitaires dans notre
magazine. Dans les écoles, la collecte d'informations revêt un challenge et un
certain nombre de profils d'élèves collectés donne droit, par exemple, à un
voyage », ajoute Hakim Benhalima. Au-delà de la méthode de collecte, I-Base
vante la qualité de son fichier comportemental, qui regroupe aujourd'hui 550
000 adresses et permet d'atteindre un taux de transformation de 15 % à partir
d'une extraction de profils très ciblés. I-Base commercialise, par ailleurs,
depuis le mois de novembre, son nouveau fichier d'adresses opt-in 25-35 ans et
prévoit d'atteindre 100 000 internautes à fin janvier. « Nous avons adopté la
même synergie marketing à travers le lancement simultané du fichier opt-in
25-35 ans et d'un magazine spécia-lisé dans cette tranche d'âge », confirme
Hakim Benhalima. Autre fichier thématique à fort potentiel, la base de donnée
Sportype de Médiatype, développée depuis 1996 et qui trouve son origine dans
une double motivation. « Nous répondons à la volonté du monde sportif de se
constituer une mégabase auprès des sponsors et, par voie de conséquence, de
cibler une clientèle très recherchée par les annonceurs et les sponsors. Notre
base intéresse par ailleurs une clientèle très large, car nos profils de
consommation sont déduits de comportements à forte valeur ajoutée, tels que la
motivation et les centres d'intérêt », déclare Odile Ballière, directrice de
Médiatype. Les informations sont recueillies à la source auprès des différentes
fédérations sportives nationales, et la base Sportype regroupe aujourd'hui 4
millions d'adhérents. Une première segmentation décline les trois "profils
d'âge" les plus sollicités en termes de ciblage marketing : juniors de moins de
18 ans, 19-25 ans et 26-49 ans. La pratique de chaque sport est également
associée à une motivation, telle que l'envie de rencontrer des gens, de se
détendre ou encore le besoin d'aventure. « Notre système d'analyse transversale
nous permet ensuite de traduire ces motivations en quatre comportements de
consommation définis en termes de bien-être, d'esthétique, de social et
d'évasion. Un joueur de rugby cherche à rencontrer des gens et participer à un
groupe et sera, en l'occurence, attiré par une offre d'achat qui lui permettra
de communiquer avec les autres, c'est-à-dire à caractère social. Au contraire,
le VTTiste ou l'amateur de voile seront plus attirés par une offre liée à
l'aventure et à l'évasion », précise Odile Ballière. Autre cible très
convoitée : les familles avec enfants. On trouve sur ce créneau : le fichier
D-Family, commercialisé depuis mai 2000 et qui regroupe 2,5 millions de foyers
avec enfants. « La base provient à la fois de la compilation de fichiers
spécia-lisés et d'envois bisannuels de questionnaires "adressés". »
L'insistance de Diane Thiebaud de Saint-Sulpice, responsable commerciale de
D-Family, à propos du mode d'envoi trahit de nouveau une volonté affirmée de se
démarquer des mégabases. L'excès de critères est également montré du doigt et
permet à D-Family de vanter son modèle de segmentation comportemental, à la
fois simple et très ciblé. « Plus le nombre de critères est important et plus
le potentiel de la base diminue. Nous nous concentrons uniquement sur les
familles avec enfants et recueillons nos informations auprès de foyers
identifiés », confirme Diane Thiebaud de Saint-Sulpice. Le croisement de
critères sociodémographiques basiques (âge et nombre d'enfants, type d'habitat)
à des critères sociocomportementaux, portant par exemple sur la consommation
des enfants, permet d'extraire des cibles marketing privilégiées, telles que
les jeunes foyers avec des enfants à fort pouvoir d'achat.
L'ARRIVÉE DU B TO B
D-Family permet aussi d'obtenir une
cartographie précise du profil de consommation des foyers à travers le
géocodage des adresses. « Le géocodage s'effectue à partir du référentiel
D-Area de D interactive et permet de connaître, à l'échelle d'un département et
jusqu'au niveau le plus fin, de la rue, de l'immeuble, le profil de
consommation des foyers. Une société peut ainsi déterminer l'environnement de
profils le plus propice à l'installation d'une enseigne commerciale ou encore
adapter sa stratégie marketing en fonction des habitudes de consommation des
foyers présents sur sa zone de chalandise », précise Diane Thiebaud de
Saint-Sulpice La sphère de l'adresse professionnelle, jusqu'à présent tenue
éloignée des approches comportementales, doit aujourd'hui faire face à la
dématérialisation progressive des échanges et, par voie de conséquence, au
développement fulgurant du commerce et des services B to B. Trouver de
nouvelles cibles, sous-traiter des services ou communiquer sur sa propre
entreprise recouvrent désormais des enjeux stratégiques pour les entreprises.
CA2 propose un concept global de modélisation des bases de données
comportementales B to B, élaboré à partir du registre national du Commerce et
des sociétés (RNCS), qui regroupe 2,8 millions d'établissements. CA2 est en
réalité l'émanation de trois sociétés spécialisées, l'Européenne de Données
pour les adresses B to B, Oktos pour le traitement des comportements d'achats
et la modélisation des mégabases, et Combbase pour la commercialisation. Fruit
de ce partenariat croisé : un référentiel de 850 000 entreprises modélisées et
des expertises couvrant l'ensemble des domaines du marketing B to B
(identification des potentiels et des profils de clientèle, optimisation des
actions B to B, modélisation des mégabases, anticipation des achats). Ce
référentiel permet, en outre, d'effectuer une recherche de comportements
d'entreprise sans a priori, c'est-à-dire en tenant compte de l'ensemble des
variables. Dans la plupart des croisements traditionnellement effectués sur le
marché des adresses d'entreprise, les critères de taille et le score de
solvabilité de l'entreprise sont en effet prédominants et en même temps
réducteurs car ils excluent les entreprises ne dépassant pas 10 millions de CA
ou présentant un bilan simplifié. D'où l'intérêt de CA2 pour les annonceurs,
qui se tournent de plus en plus vers les PME et TPE, c'est-à-dire une clientèle
vierge et en passe de devenir l'un des maillons les plus dynamiques de la Net
économie. Mais il y a fort à parier que le concept de CA2 ne demeurera pas
longtemps sans concurrence...
Fichier colossal et dimension comportementale
Avec 17 millions d'adresses, le fichier Médiacible de la Redoute est le plus volumineux fichier de France. Sa taille confronte le vépéciste à un double défi. Le premier est d'ordre technique. « Que ce soit au niveau du traitement ou du stockage des données, nous étions jusqu'à présent très dépendants des plates-formes techniques, précise Guillaume Héron, directeur de Médiacible à La Redoute. Ces contraintes nous obligeaient à réduire la durée de maintien d'un client dans notre base et sur le seul critère d'achat avéré. La capacité des systèmes de stockage et d'information à traiter des volumes d'informations de plus en plus conséquents permet de conserver les clients plus longtemps dans notre base. Une meilleure lisibilité des comportements avérés permet, en outre, d'estomper la frontière entre client actif et inactif par le biais de variables tels que le montant, la cadence, le type d'achat, puis d'y associer des actions marketing personnalisées. » Le deuxième défi porte sur l'analyse et la traduction comportementale de ce fichier colossal. « En amont, pour les stratégies de conquête, l'analyse des comportements avérés de nos clients permet de déduire les profils à fort potentiel. Nous nous appuyons sur les mégabases de Claritas et Consodata pour élargir notre cible de prospection à partir de ces profils. » Les mégabases sont également utilisées pour l'enrichissement des données existantes par le biais de variables sociodémographiques et comportementales. « Une surreprésentation du comportement déclaratif nuit, en outre, à la qualité du ciblage. Plus précisément, l'analyse croisée des comportements avérés de nos clients et des intentions d'achats déduites des fichiers déclaratifs permet d'évoluer vers une nouvelle approche marketing basée sur la probabilité d'achat », souligne Guillaume Héron. Parallèlement, l'utilisation de SIG permet de valoriser les comportements avérés à travers des variables sociodémographiques, telles que les données de l'Insee, c'est-à-dire également basées sur des attitudes avérées de consommation. « Nous nous appuyons, d'autre part, sur le modèle de segmentation Prizm de Claritas pour extrapoler à partir de nos profils de consommation les zones à fort potentiel d'achat ou encore pour cibler une tranche d'âge tels que les 30-35 ans », conclut Guillaume Héron.
Cegetel : enrichissement et géomarketing
Le combat acharné auquel se sont livrés les opérateurs de téléphonie pour acquérir de nouveaux clients se porte désormais sur le terrain de la relation client. « Notre taux d'attrition est très faible », souligne Vincent Géry, directeur marketing SFR Grand Public (Cegetel). Pour parvenir à ce résultat, Cegetel dispose en premier lieu d'une visibilité en temps réel de sa clientèle. « L'intégration des données stratégiques au sein d'un datawarehouse, la mise en place d'outils décisionnels, tels que SAP, permettent d'évoluer vers du scoring prédictif. Notre objectif majeur est d'évaluer, à travers des signes forts tels qu'une baisse de consommation, le potentiel de départ d'un client et de déclencher des opérations one-to-one en fonction de son profil », ajoute Vincent Géry. Ces profils, élaborés à partir des comportements avérés des clients, sont ponctuellement enrichis par le biais des mégabases. En amont, les mégabases contribuent aussi, à travers des applications de géomarketing, à déterminer l'emplacement d'une antenne. « Le SIG permet de croiser différents niveaux d'informations et de déduire l'emplacement le plus propice d'une antenne ou d'une installation en tenant compte du potentiel client, du tissu économique, mais aussi des contraintes liées à la propagation des ondes », précise Vincent Géry. Après cette première phase, les mégabases sont utilisées pour des stratégies de conquête one-to-one ou l'enrichissement de profils client existants. « La fidélisation de notre clientèle ne se limite pas à des opérations promotionnelles ciblées. A travers notre Club, une palette étendue de services, ou encore par le biais d'événements tels que le Raid SFR, notre objectif est de nouer une relation privilégiée avec nos clients. Cet objectif nous conduit à enrichir la connaissance de notre clientèle par le biais d'informations comportementales, telles que les centres d'intérêts, les sport pratiqués, les goûts musicaux ou encore le type de presse lue », conclut Vincent Géry.