Concevoir des messages e-mailing : exercice d'excellence
Il doit accrocher, parler et rassurer. Tout en restant discret car, jamais, il ne doit être intrusif. Si son format doit s'adapter aux outils et configuration du récepteur, son habillage doit évoquer l'univers graphique de son émetteur. Sans paraître laconique, son discours doit être concis, clair et incisif. Ambassadeur de la marque qui communique, il devra s'imprégner de ses couleurs car, à défaut d'être lu, son but ultime est de transporter le lecteur au coeur de l'univers de l'annonceur, dès son ouverture.
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Face à cette kyrielle de contraintes, comment supposer un seul instant que
la conception d'un message e-mailing puisse relever du dilettantisme ? Pour
Elise Viguier, directrice du marketing relationnel de l'agence Duke
Interactive, ce type de communication n'a rien d'anodin. Notamment en raison
des nombreuses contraintes techniques et déontologiques qui régentent cette
pratique. « Si l'on compare l'e-mail au mailing traditionnel, les exigences
restent identiques, bien que les spécificités du Web, couplées aux habitudes de
lecture à l'écran, entraînent une indispensable adaptation de ce support au
média Internet », explique Elise Viguier. En ligne comme en print, sa
conception s'apparente à un travail d'orfèvre où le choix et l'emplacement des
pierres précieuses, ici les mots, peuvent parfois provoquer des résultats
divergents. « Un e-mailing efficace doit mettre en valeur l'offre et son
annonceur, sinon il n'engendrera pas les résultats espérés », poursuit-elle.
Recette d'un e-mailing réussi, selon Duke.
Penser "global"
Toute conception d'un message e-mailing dérive, en amont,
d'un brief transmis à l'agence par le client annonceur. Ce document reporte les
objectifs que l'annonceur souhaite atteindre, et, plus précisément, s'il s'agit
de recruter, fidéliser, de simplement qualifier une base de données ou encore,
d'accompagner le lancement d'un produit ou d'un service. Chez Duke Interactive,
spécialiste du e-marketing relationnel, les campagnes d'e-mailing ne
correspondent que rarement à des actions en "one shot". S'inscrivant, pour la
plupart d'entre elles, dans une logi- que de relation durable, légitime et
privilégiée entre la marque et l'internaute, elles s'articulent
systématiquement autour d'un projet de communication globale et récurrente,
bien que les opérations ponctuelles en concomitance avec les saisonnalités
soient monnaie courante. C'est en étroite corrélation avec ce dispositif
global, qui regroupe plusieurs opérations de communication programmées à
l'année, que le message e-mailing sera pensé et planifié.
Etablir une charte relationnelle
Pas d'élucubration fantaisiste à ce
stade, la réalisation d'un message e-mail s'inscrit dans un cadre conceptuel
précis. Liée au positionnement en ligne de l'annonceur, la charte graphique de
l'e-mail doit épouser celle de son premier vecteur de communication interactive
: le site internet de la marque. En clair, sa conception, tant graphique que
lexicale, doit être cohérente avec le territoire d'expression que la marque
entretient avec ses clients. Ainsi, l'agence établit, en amont de toute
opération de communication, une charte relationnelle, sorte de canevas qui
définit les codes couleur de l'annonceur, son champ lexical, le ton de ses
communications, ses choix typographiques... Elle structurera la réflexion des
équipes de création.
Briefer les équipes
Selon
l'organisation hiérarchique des agences, le brief créatif est rédigé par le
directeur conseil, le directeur marketing ou le directeur de marque. Y figurent
: les objectifs du client, les dates de routage des vagues d'envois
successives, les caractéristiques de la cible visée. Dans le cadre d'opérations
visant plusieurs cibles, clients et prospects par exemple, il faudra adapter le
message à chacun de ces segments. Autrement dit, prévoir plusieurs types de
messages. Avant d'atteindre sa mouture finale, le brief naviguera plusieurs
fois entre le responsable de la campagne et ses équipes de création, le
concepteur-rédacteur apportant des propositions de texte, le directeur
artistique proposant des solutions visuelles.
Peaufiner l'accroche
En e-mailing, son rôle est
capital. Car, sur une messagerie en ligne, l'accroche n'est autre que l'objet
de l'e-mail. Autant dire que si l'originalité lui fait défaut, l'e-mail ne sera
pas ouvert et l'offre de l'annonceur n'atteindra pas sa cible. Brève et
incisive, l'accroche doit convaincre en quatre ou cinq mots maximum. Quatre
mots pour donner envie, titiller la curiosité, sans oublier de rassurer
l'internaute en écartant toute méprise au sujet de son contenu ou de son
émetteur.
Choisir le mot qui touche, le visuel qui fait mouche
Le choix des mots qui composent le texte est encore plus
important sur Internet qu'en édition. Et ce, en raison de l'interactivité du
Web. « Il ne faut pas oublier que certains mots du texte de l'e-mail seront
cliquables ; il est donc nécessaire de tenter plusieurs pistes avant d'aboutir
au meilleur résultat », explique Elise Viguier, qui préconise la conception de
plusieurs messages, à tester au cours des différentes vagues d'envois.
Truffer de technologies
Avant le routage, restent
quelques détails techniques à régler. Pour assurer la lisibilité du message
électronique, il faut proposer à l'internaute des options de lecture en
adéquation avec son type de messagerie. Chez Duke, tous les e-mails sont
systématiquement rédigés à la fois en format texte et HTML. Autre point
important, à ne surtout pas négliger : le tracking. Seuls les e-mails dûment
marqués permettront à l'agence, et à l'annonceur, de mesurer le succès de la
campagne, en calculant le taux d'ouverture des e-mails et le taux de clic des
liens incrustés dans le corps du document. Pour ce faire, s'équiper d'un outil
de marquage. Il permettra d'apposer un code sur les pages et dans les liens, et
de mesurer le comportement du destinataire, en particulier lorsque le lien
renvoie l'internaute vers une seconde page web, sur un mini-site de démo, un
jeu ou sur le site de l'annonceur.
Assurer la légitimité de l'envoi
Pour être percutant, un e-mail doit être envoyé au bon
moment. Exemple : pour la campagne de McDonald's, la diffusion des messages a
été programmée au moment des repas afin d'en maximiser l'impact. « Ce point est
très important en e-mailing, surtout si l'on tient compte de la saturation
croissante des boîtes e-mails des internautes qui reçoivent, en moyenne, 35
messages par jour », fait remarquer Elise Viguier. Cette étape franchie, le
succès du message repose alors entre les mains, et les idées, des équipes de
création (CR et DA) chargées de sa conception.
Respecter la déontologie
Améliorer la relation entre la marque et ses clients,
c'est avant tout respecter la volonté de ces derniers. Concrètement, lui donner
le moyen de s'exprimer, notamment en apposant, en fin de mail, un simple lien
de désinscription. Il permettra à l'internaute de refuser l'envoi des
propositions commerciales de l'annonceur, et à l'annonceur d'actualiser les
données de sa base. Pour éviter toute bavure, cette recommandation de la plus
haute importance doit toujours figurer dans le brief remis aux équipes de
création. Car le but final de toute campagne est de s'attirer la sympathie de
la cible, sans jamais nuire à la marque.