Choix des supports : entre budget et poids
Papier, enveloppe, carte... les supports de création doivent tenir compte de deux éléments fondamentaux. La contrainte du budget, mais aussi le poids total de l'envoi. Au-delà, les possibilités sont presque infinies. On joue sur l'aspect de l'enveloppe et quelquefois même sur la texture du papier.
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Une enveloppe, une lettre, personnalisée ou non, une documentation produit
et éventuellement une enveloppe retour, tels sont les éléments fondamentaux
d'un mailing. Le tout doit être envoyé vers le client ou le prospect, pour un
poids ne dépassant généralement pas 35 grammes si l'on veut bénéficier du tarif
Postimpact pour les envois en nombre. « Reste que, pour le créatif, il existe
quelques variables incontournables en matière de choix de papier ou
d'enveloppe. Ce sont certaines règles imposées par la fabrication. Règles qu'il
faut respecter absolument si l'on veut rester dans les temps et dans
l'enveloppe budgétaire », assure Ludovic Pichonnier, directeur de création chez
BrannCommunider. Savoir, par exemple, qu'insérer plus d'une dizaine d'éléments
dans un mailing est un casse-tête pour le routeur. De fait, côté logisticiens
du marketing direct, on laisse entendre que nombre de "loupés" pourraient être
évités si créatifs et chefs de fabrication communiquaient mieux. Patrice Rey,
directeur de clientèle chez Data One, pointe quelques principes de bon sens : «
Il faut savoir que le papier couché mat - qui est généralement choisi par les
créatifs pour son rendu - ne passe pas forcément bien en machine d'impression
laser, et qu'il faut s'en prémunir en choisissant des papiers certifiés laser,
de qualité xerographique. »
Deux secondes pour convaincre
« En interne, nos équipes sont guidées par un brief
très simple : à chaque étape de la conception d'un mailing, il faut toujours
penser que l'on dispose de deux secondes pour convaincre. » Pour Philippe Holl,
directeur général de Reflex Marketing, ce principe s'applique dès le choix de
l'enveloppe. Va-t-elle aller directement à la corbeille ou va-t-elle attirer
l'oeil du client ? Souvent délaissée, elle est pourtant le premier média du
marketing direct, elle fait partie intégrante du message. « C'est un élément
extrêmement important, confirme Nathalie Leman, directrice artistique chez ETO.
C'est la première chose que le destinataire a en main. Elle doit être
attractive et le pousser à l'ouvrir pour prendre connaissance du reste du
message. » Deux possibilités s'offrent en matière de choix d'enveloppe. Soit
on se les procure auprès d'un fournisseur comme GPV ou La Couronne. C'est la
solution la plus économique. En général, ce sont des enveloppes blanches
classiques, type Velin 80 grammes. Mais les fabricants d'enveloppes disposent
d'un grand stock de formats, de couleurs ou encore de grammages différents. Ces
enveloppes seront repiquées, elles seront imprimées, en général par un
logisticien du marketing direct. Les possibilités créatives seront limitées. «
Nous avons plus de contraintes, au niveau des marges de l'enveloppe, par
exemple », précise Nathalie Leman. Il faut en effet laisser une zone de blanc
de 5 mm sur le pourtour de l'enveloppe pour permettre sa prise en pince lors de
l'impression. Reste que le choix est quand même vaste. Et les fournisseurs
savent le faire connaître. GPV, par exemple, propose un service express
d'enveloppes en papier de création. En 72 heures, le client a le choix entre
six types d'enveloppes de création, transparentes, iridescentes, aux couleurs
printanières, naturelles ou encore noires. Le client a le choix du papier et du
format. La Couronne, de son côté, propose une formule "repiquage Express" en 24
heures sur Paris et la région parisienne, et sous 48 heures si l'on choisit une
enveloppe dotée de plus de deux couleurs.
Fabrication d'enveloppes
On peut également choisir de faire fabriquer les
enveloppes pour le mailing. Ce choix n'est possible que pour un mailing en
grande quantité. Mais il permet au créatif de s'exprimer sans trop de limites.
Un très bon exemple, avec un mailing réalisé pour les produits d'épargne
d'Auchan par l'agence ETO. Dans cet exemple, le message était imprimé sur
l'enveloppe. En recto, une simple phrase indiquait que les informations
complètes et le dossier d'ouverture de compte étaient situés à l'intérieur de
l'envoi. Difficile de faire plus incitatif. On peut également jouer sur les
couleurs, le format et les fenêtres de l'enveloppe. Un mailing ciblé de La
Redoute en d'ailleurs a profité. L'enveloppe jouait à la fois sur la couleur,
un rose évoquant les fleurs, le format, "super rectangulaire", faisant sortir
le mailing du lot, et enfin la fenêtre, immense, située au verso de
l'enveloppe, et laissant apparaître le message. Quelquefois, c'est le choix de
la couleur et des illustrations de l'enveloppe qui permettent de faire passer
un papier au départ, très classique. Dans certain cas, constate Philippe Holl,
« la création parvient à faire oublier la "pauvreté" du papier. Mais parfois
aussi, la qualité du papier est une excuse pour renforcer un message classique.
» Pour stimuler les créatifs, les deux fournisseurs principaux d'enveloppes
rivalisent d'outils. Chez La Couronne, c'est "envelop'Art", un guide précis de
l'utilisation des enveloppes dans un mailing et de ses contraintes de
fabrication. Chez GPV, c'est le "Book Création" qui répond à la même
problématique : sensibiliser agences comme imprimeurs à l'utilisation créative
des enveloppes. Reste maintenant à choisir le papier qui va servir pour la
lettre et pour le document annexe. Immédiatement se pose la question de la
quantité de mailings à envoyer. Si la campagne ne dépasse pas 100 000
exemplaires, il faudra passer par le système offset dit "feuille à feuille".
Dans ce cas, les documents pré-imprimés seront personnalisés sur des
imprimantes de production liées au fichier clients. « Au niveau du grammage,
précise Nathalie Leman, le document qui va être personnalisé ne doit pas
dépasser 90 grammes. Au-delà, on risque d'avoir des soucis avec les machines de
personnalisation. En règle générale, on ne peut pas utiliser de papier recyclé
ni de papier de soie ni de laqué ou encore de vernis. » La technologie
d'impression laser n'apprécie pas ce type de papier, il risque de glisser ou de
se coincer. Claudia Courtois, chef de fabrication chez BrannCommunider, précise
: « Avec le feuille à feuille, le papier doit être un offset garanti laser par
le fabricant de papier. Sinon, les feuilles risquent de se coller entre elles
ou les encres de souiller les rouleaux de personnalisation. »
Feuille à feuille ou bobine
Quant au format du papier,
on a le choix qu'entre le A4, le A4+ (210 x 356 mm ou 216 x 356 mm) et le A3.
En revanche, le document produit, pour peu qu'il ne soit pas personnalisé au
laser, peut être d'un grammage différent, jusqu'à 350 grammes. Il sera inséré
lors du processus de mise sous pli. C'est sur ces documents que l'on pourra
jouer sur le grammage, l'apparence ou le touché. Ici les possibilités sont plus
vastes. En jouant sur les matières, on pourra susciter l'attention du
destinataire. Un bel exemple, avec un mailing pour le Whisky J & B, dont le
document interne était constitué d'un papier recyclé à 80 % laissant apparaître
des fibres, en harmonie avec le produit vanté. Mais, si l'on veut également
personnaliser le document annexe, il sera indispensable de rapprocher les
éléments par des codes lors de la mise sous pli. Ce qui a un coût et nécessite
une plus grande vigilance de la part du logisticien. Au-delà de 100 000
exemplaires, une seule solution : l'impression par bobine en continu. Première
contrainte : le format. Ici, on parle en pouces pour le sens de défilement de
la bobine, soit entre 8 pouces (203 mm) et 24 pouces (610 mm), et en mm pour le
sens perpendiculaire au défilement de la bobine, la laize. Sa longueur va
jusqu'à 960 mm en fonction des machines du fabricant. Deuxième contrainte, le
grammage. Au-delà de 150 grammes, impossible d'utiliser une bobine. Lorsque
l'on cherche à réaliser un mailing en nombre, comprenant de nombreux documents
personnalisés, et pour peu que la création ne joue pas sur des grammages
différents de papier, l'idéal est de passer par la technique du "tout-en-un". A
partir d'un seul format personnalisé, on créera un mailing total comprenant une
enveloppe porteuse avec une adresse personnalisée, une lettre personnalisée, un
doc produit personnalisé, une enveloppe retour, elle aussi personnalisée (à
condition de suivre les règles strictes de La Poste). « On part d'un "blanco",
explique Nathalie Leman. C'est la première étape de la conception d'un
document. C'est une feuille, au format définitif, que l'on pliera de
différentes façons, un peu comme avec un patron de couture. On essayera de
"caser" la totalité des éléments. Ils seront personnalisés et, en fin
d'impres-sion, une coupe dite "libératoire" permettra de reconstituer l'envoi
personnalisé. »
Dimension tactile
Pour certains, la
formule "tout-en-un", qui empêche de jouer sur les grammages et sur l'emploi de
papiers différents, ne se justifie pas pour une question d'image. Reste que,
dans le cas d'un mailing dont beaucoup d'éléments sont personnalisés avec des
grammages différents, la seule possibilité de personnalisation passe par le
rapprochement par caméras optiques, un procédé plus cher et plus lent et qui ne
permet pas de dépasser l'insert de quatre documents au maximum. « C'est la
quantité de mailings à envoyer qui détermine le procédé à utiliser, précise
Ludovic Pichonnier. Pour des mailings de moins de 100 exemplaires, pour une
opération de dernière minute, on pourra utiliser l'offset numérique. On aura un
choix immense en matière de personnalisation. En revanche, on retombera dans
des contraintes de formats et de limites technologiques. Avec la presse Indigo,
par exemple, on ne peut pas avoir d'aplats de grande qualité. » A chaque projet
de mailing, son papier spécifique. Pour des volumes importants, ou un budget
réduit, on utilisera du papier couché qui mettra en valeur l'impression en
quadrichromie, les images. Mais on peut également, dans le cas de mailings de
prestige, jouer avec une dimension unique, que le couché ne peut pas rendre :
la dimension tactile. Chez le fabricant de papier italien Fedrigoni, on notera
la gamme Symbol Freelife qui met en avant une blancheur ivoire et un touché
velouté, pour des papiers recyclés à 50 %, ce qui permet de mettre en valeur la
fibre du papier. Et, pour les mailings vraiment haut de gamme, rien de mieux
qu'une lettre personnalisée sur papier vergé. Le must, la gamme Director de
Lana. Un papier filigrané et centré qui laisse une impression de classicisme et
de distinction. Pour Philippe Holl, le papier renforce la création. « Si l'on
oublie les contraintes budgétaires, précise-t-il, le papier de création donne
de meilleurs rendements en marketing direct. Par son touché, ses irisations,
son bruit même, il fait appel à des aspects profondément subjectifs. » On peut
aussi jouer sur l'impression. Utiliser un papier standard que l'on transformera
par un passage de vernis. Un procédé utilisé pour un mailing de STDupont, le
vernis mettant en valeur sa nouvelle gamme de stylos. A charge pour le créatif
de ne pas oublier une dernière contrainte, la taille de l'enveloppe.
Papier : glossaire technique
Bouffant : c'est le papier "brut de machine". Sa composition est fibreuse, sa main est égale ou supérieure à 1,70. Couché : le papier a été soumis à un procédé améliorant sa brillance et son imperméabilité. Epair : c'est l'aspect du papier examiné en transparence. Uni, fondu ou nuageux selon l'homogénéité de la répartition des fibres. Filigrane : dessin imprimé dans la pâte du papier. Gaufrage : consiste à faire apparaître un relief par le passage du papier entre deux cylindres gravés. Grammage : masse par unité de surface d'un papier. Exprimé en gramme par mètre carré. Main : appréciation par le toucher de l'épaisseur et de la résistance d'un papier. Un papier a une main quand son épaisseur semble élevée pour sa masse au mètre carré. Trame : ensemble de points, de formes et de surfaces variables, permettant de reproduire les demi-teintes d'une même couleur. Translucide : support se laissant traverser par la lumière mais au travers duquel on peut distinguer les objets par application directe. Vélin : papier lisse, d'épair uniforme. Vergé : papier présentant par transparence des stries espacées perpendiculairement aux premières.