Banques et assurances : le multicanal en question
C'est dans le secteur de la banque et de l'assurance que le déploiement du multicanal semble le plus abouti. Mais sa mise en place ne s'est pas effectuée sans difficulté. Le modèle 100 % Internet ayant montré ses limites. Pour autant, l'externalisation de certaines fonctions essentielles de la banque vers les canaux à distance oblige ce secteur à redéfinir, en profondeur, ses métiers. D'autant que les grands groupes d'assurance ont fait une entrée remarquée sur le marché.
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Ce devait être le marché du siècle. A tout le moins, l'ultime eldorado du
paysage bancaire français avant l'an 2000. Les experts d'ailleurs étaient
formels : la gestion multicanal allait métamorphoser l'ensemble de la relation
client. Quelque dix années plus tard, et l'éclatement de la bulle Internet en
sus, force est de reconnaître que le modèle d'une banque sans guichet a fait
long feu. La liste est longue, d'ailleurs, de ces victimes du modèle 100 %
Internet, dont les cyberguichets ont fermé, à peine leur naissance
officialisée. De Dexia Plus (Dexia Banque Privée), en passant par ebanking
(Fortis), jusqu'au naufrage de la très médiatique Zebank (ex-groupe Arnault),
reprise, en 2003, par le Britannique Egg (Prudential), elles furent ainsi une
petite dizaine à se jeter dans l'arène. C'est, en grande partie, les coûts
d'acquisition client qui expliquent l'hécatombe. Leur explosion - en quelques
mois, on passait de 300 euros, en moyenne, à quelque 3 000 euros - rendant le
retour sur investissement hautement hypothétique. Mais ces échecs portent
aussi, en filigrane, une interrogation sur la stratégie multicanal des banques.
Car, au-delà du discours répété à l'encan sur le thème de la "proximité à
distance", censé définir la banque à accès multiples, se pose la question des
enjeux véritables de l'externalisation de certaines des fonctions
traditionnelles de la banque, alors que les grands groupes d'assurance
s'implantent sur le marché des produits financiers. Pionnière de la banque 100
% en ligne, Banque Directe (ex-filiale BNP-Paribas) revendiquait ainsi, en juin
2002, 170 000 comptes ouverts pour quelque 110 000 clients. Une belle réussite
en termes d'image de marque. La banque ayant su gagner "un capital confiance",
digne des réseaux traditionnels bancaires. Son "échec" démontre, toutefois, que
l'utilisateur ne peut pas se satisfaire de la seule relation à distance dès
lors qu'il s'agit de sa banque principale. La concurrence exacerbée des ING
Direct et autres Bipop (Banca di Italia) lui interdisait, par ailleurs,
d'espérer une rentabilité sur le court ou le moyen terme. D'autant qu'une
majorité de ses concurrents misaient bientôt sur le lancement de livrets
bancaires surrémunérés, autour de 5 à 6 % brut avant impôt. D'où la décision du
groupe BNP-Paribas de s'en défaire, alors que l'assureur Axa lui en offrait
quelque 60 millions d'euros. La transaction s'avère être une simple "opération
blanche", sans plus-value aucune pour BNP-Paribas, qui revient ainsi à une
gestion multicanal classique via son offre sur le portail BNP Net. Pour Axa, la
reprise de Banque Directe, c'est, en revanche, un fabuleux ticket d'entrée qui
lui permet de se positionner sur le secteur tant convoité de la bancassurance
ou, si l'on veut, celui de l'assurance bancaire. L'un et autre de ces métiers
finissant par se mêler au point qu'on ne sache plus comment les différencier.
L'arrivée de nouveaux entrants
Ceux qui, depuis lors,
se sont lancés sur le marché bancaire ont retenu les leçons de ces échecs à
répétition. Plus question désormais de parier sur le tout Internet. On assiste
à un retour vers le réseau des agences, auréolé à nouveau de toutes les vertus.
C'est ainsi que, lors du lancement, en novembre 2002, de Groupama Banque
(détenue à 40 % par la Société Générale et à 60 % par Groupama), le premier
groupe mutualiste français affiche sa volonté de mettre le conseiller de
clientèle au coeur de son activité. « Notre force, c'est notre réseau physique
», fait valoir Michel Labastie, président du directoire de Groupama Banque.
C'est aussi sa clientèle : Groupama Banque peut se prévaloir de quelque 8
millions de clients potentiels, soit l'ensemble des adhérents de l'assureur
mutualiste. Cette nouvelle banque de détail s'articule autour du réseau (3 200
caisses régionales Groupama et 1 200 agences Gan), dont les conseillers ont
reçu quelque 55 000 jours de formation. Un centre de relation client, composé
d'une soixantaine de salariés, assure, en plus, l'ensemble des opérations de
front et de back-office bancaire, tandis que le siège parisien se charge, lui,
de concevoir les produits financiers proposés. « Notre projet n'est pas un
projet en chambre. Il est porté par l'ensemble des caisses régionales qui ont
contribué à l'élaboration de l'offre commerciale », affirme Michel Labastie.
Qui poursuit : « Notre réussite passe par le respect des valeurs mutualistes de
notre groupe. Notre différence, c'est d'être à l'écoute des attentes de nos
clients. Et de leur fournir des produits et des services simples, dont la
conception a été pensée pour répondre à leurs besoins. » La fusion en cours du
Crédit Lyonnais avec le Crédit Agricole, devrait, en cela, leur offrir une
nouvelle opportunité. A en croire, en effet, une source proche du dossier, « ce
qui va se perdre, dans cette fusion, c'est l'identité rurale ou, si l'on veut,
la proximité revendiquée du Crédit Agricole avec sa clientèle ». Une aubaine
pour Groupama Banque qui se positionne sur le même segment de population.
L'assurance débarque
Une telle effervescence - alors
que la baisse des taux, suivie des effets désastreux des attentats du 11
septembre 2001 sur l'économie, obligeait certaines banques à ralentir, voire à
repenser, leur stratégie multicanal - réclame quelques explications. Certains
acteurs, en particulier ceux de l'assurance, expliquent qu'ils n'avaient guère
le choix s'ils voulaient se préserver du "prédateur" bancaire. Car les
banquiers se ne privent pas, eux, de marcher sur leur plate-bande. 60 % des
transactions liées aux produits d'assurance vie sont ainsi générées par
l'intermédiaire des banques. Le lancement de Groupama Banque, tout comme celui
de la Banque AGF, en octobre 2000, répond donc à cette logique défensive. «
Notre but était de diversifier notre offre vis-à-vis de nos clients en leur
proposant, à notre tour, des produits bancaires susceptibles de les fidéliser.
D'où notre décision de proposer une offre complète de placements et de soigner
la qualité de services financiers », explique ainsi Hervé Gloaguen, directeur
adjoint et cofondateur de la Banque AGF. Aux dires de ses dirigeants, le choix
de l'accès multiples (réseau, Internet, Minitel, centre d'appels), s'imposait
de lui-même : « Nous nous appuyons sur un réseau de 3 200 points de vente avec
des conseillers qui peuvent alors être un interlocuteur unique en matière
d'assurance et de banque. L'adjonction de modes de contacts, tel Internet ou le
Minitel, la mise en place d'une plate-forme téléphonique de 75 téléopérateurs
ainsi que celle d'un serveur vocal permettent d'accroître l'équipement global
de nos clients. Et donc d'intensifier nos contacts. » Avec l'espoir d'augmenter
les flux bancaires. Car la Banque AGF qui, désormais, se targue d'avoir su
séduire quelque 261 000 clients - aux trois quarts équipés d'une offre groupée
de compte dite "multi services" - revendique également quelque 5 millions
d'opérations bancaires. « La banque AGF est devenue, pour 5 % de ses clients,
leur premier établissement bancaire, celui où ils domicilient leur salaire »,
avance Hervé Gloaguen. Dans un entretien accordé au magazine L'Argus de
l'assurance (février 2003), Alain Mustapha, directeur général et Patrice
Lerouge, directeur général adjoint du cabinet Seris, spécialiste en stratégie
et expertise métier, analysent le rapprochement entre banque et assurance comme
une évolution naturelle du secteur : « Nous sommes persuadés que tous les
réseaux qui veulent rester sur le marché des particuliers ont vocation à
proposer des produits bancaires. Le véritable challenge pour une société qui
travaille avec un réseau indépendant comme les agents résidera dans sa capacité
à les séduire par la nouvelle offre. ...) Les assureurs pourraient, par
exemple, travailler sur les insatisfactions des clients bancaires en
garantissant la transparence de la tarification ou en soignant la clarté des
contrats. » Et de conclure : « Les assureurs devront prouver qu'ils peuvent
industrialiser les processus de vente bancaire. Ils peuvent relever le défi, à
condition de remettre en cause les processus bancaires actuels. » En ce sens,
la mise en place de canaux à distance relève bien d'une stratégie industrielle
d'optimisation des coûts de productivité pour s'implanter durablement sur le
secteur bancaire.
Les motivations des banquiers
Dans
le cas des banques traditionnelles, la logique protectionniste compte moins que
celle, revendiquée, d'optimisation des coûts. Le choix du multicanal s'explique
alors par la volonté de rationaliser les opérations à faibles valeurs ajoutées.
Pour autant, le nombre de créations d'agences ne faiblit pas. Fin 2001, le
Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement (CECEI)
recensait ainsi, en France, quelque 26 049 agences, soit 393 guichets
permanents de plus qu'en 2000. « La diversification des canaux de distribution
répond à une démarche d'externalisation de certaines fonctions. La
généralisation des distributeurs automatiques de billets (DAB) s'inscrivait
déjà dans cette ligne. Désormais, on encourage le client à utiliser, par
lui-même, des canaux moins coûteux pour certaines opérations, comme la
consultation des comptes », estime Olivier Gravet, directeur associé de
l'agence Palo Alto, dont nombre de budgets appartiennent au secteur de la
banque ou de l'assurance. C'est, en plus, un moyen de faire porter la charge
financière de ces opérations sur le client. C'est ainsi que l'accès "gratuit" à
Internet est souvent autorisé à partir du moment où le client signe une
"convention de compte", c'est-à-dire une offre de services bancaires où le prix
des différents modes de contacts est intégré dans un coût global. En clair, la
relation à distance se substitue à la relation face à face pour tout ce qui
concerne la banque à domicile. Une enquête Novamétrie, réalisée en partenariat
avec le cabinet Arthur Andersen et intitulée "Nouvelles Frontières des services
financiers : l'impact des nouveaux entrants" (mars 2001), analysait d'ailleurs
cette mutation en ces termes : "Le Web financier se positionne davantage comme
un outil à vocation de gestion plutôt que commercial." Une analyse qui
légitime, a fortiori, le choix d'une majorité de réseaux bancaires d'opter pour
un modèle alliant Internet - ainsi que les autres canaux à distance - à un
réseau en dur. Ce qu'en jargon, on nomme le "click and mortar".
Modification de la relation bancaire
Mais l'apport des
nouvelles technologies ne se limite pas seulement à être un outil pratique,
source de gain de productivité pour la banque et de facilité pour
l'utilisateur. Si la possibilité d'agir quand on le veut et d'où on le veut
s'avère un plus indéniable pour l'utilisateur, la véritable révolution trouve
sa pleine justification dans la modification qu'elle induit de la relation
bancaire. Car, en permettant aux chargés de clientèle de se concentrer sur des
tâches dites à haute valeur ajoutée - en clair, la vente de produits financiers
supplémentaires - c'est aussi tout le circuit de la relation client que l'on
modifie. « On se concentre sur la fonction de conseil », insiste Hervé
Gloaguen. Reste qu'il faut du temps pour (re)définir le métier de banquier. Et
que l'augmentation des compétences de conseils des vendeurs ou même la
valorisation de l'expertise des chargés de clientèle, si elles sont souhaitées
par tous, sont encore loin d'être acquises dans la pratique. A cela, une double
cause. D'abord, le fait que les banques aient dû, elles aussi, diminuer leur
train de vie. « D'une manière schématique, on peut dire qu'un directeur général
de banque se retrouve confronté à un coefficient de fonctionnement trop élevé.
Soit des charges fixes trop importantes. Que fait-il, dans ce cas là ? Il
dégraisse. Et transfère des charges jusque-là traitées par le siège vers son
réseau. Du coup, ce sont les agences, dont l'activité devrait normalement se
centrer sur le commercial, qui se retrouvent à gérer de plus en plus
l'administratif », relève Didier Bourdonnais, directeur général adjoint de la
banque Robeco. Et d'avancer un chiffre qui en dit long : les réseaux, quel que
soit le nom de la banque sous laquelle ils officient, ne passeraient que 35 %
de leur temps à travailler sur des propositions commerciales. La majorité du
temps de travail étant donc consacré à la gestion administrative ! Surtout,
existe le risque de faire peser, en bout de chaîne, sur le conseiller de
clientèle, des charges de plus en plus lourdes à réaliser sans qu'il ait le
temps de les assimiler. « Un homme du réseau possède, peut-être, à la
perfection 7 à 8 produits différents. Or, il doit en proposer en permanence 25.
Et il en a quelque 150 officiellement à placer », reprend-il. Une dérive que
dénonce également Michel Fleury, président directeur général de l'agence
Uniteam. « Les banques et les assurances ont longtemps vécu un marketing
d'offre qui était très impacté par les mesures fiscales décrétées au ministère
des Finances. C'est beaucoup moins le cas aujourd'hui, mais, culturellement,
cette habitude d'un "marketing de contrainte" a laissé quelques traces. Ces
secteurs ont tendance à reproduire des schémas identiques. Par exemple, toutes
les banques à réseau sont en campagne de collecte d'épargne en début d'année.
Tout cela pour dire qu'effectivement, le secteur développe d'abord un marketing
produit dans un environnement peu ouvert à l'innovation réelle. La pression est
souvent mise sur les réseaux pour "faire la différence". »
Faire la différence
Une gageure toutefois dans un environnement
fortement réglementé. Et où l'invention de services ou d'offres se heurte
également "au bon sens" d'un client qui, quand il s'agit de monnaies sonnantes
et trébuchantes, se laisse rarement aller à un achat plaisir, encore moins
compulsif. C'est pourquoi, très souvent, la vente des conventions de compte,
sorte de package multiservice (carte de crédit, autorisation de découvert,
perte des papiers d'identité, conseils juridiques et financiers...),
s'apparente, peu ou prou, à de la vente forcée. « L'utilisateur, quand son
conseiller tente de lui imposer une commission de 20 euros par mois en lui
assurant que ce tarif lui permet de s'assurer un découvert de 500 euros, sait
qu'il n'a pas le choix. Que, s'il veut avoir des facilités de découvert ou un
prêt ultérieur, il faut qu'il en passe par-là. Mais le taux d'utilisation des
services indexés reste très faible », rappelle Didier Bourdonnais. Qui poursuit
: « Il y a un vieux serpent de mer qui circule dans le métier : l'idée de
vendre notre savoir-faire. D'où, régulièrement, des offres marketing qui
tentent de valoriser l'expertise, l'expérience et les compétences du banquier.
Mais, lorsqu'il présente la facture à son client, celui-ci lui rétorque
inévitablement qu'il n'en veut pas à ce prix là... » Le problème, c'est qu'en
dématérialisant un certain nombre d'opérations, les banquiers se sont aperçus
qu'ils risquaient de perdre la fidélité exemplaire de leurs clients. Quand on
sait qu'en moyenne, 80 % des clients ne changent jamais de banque sauf lors
d'un déménagement, de l'obtention d'un crédit immobilier à un taux plus
intéressant dans une autre agence, d'un refus de crédit ou d'un décès, on
comprend que la banalisation de la relation bancaire via la gestion à distance
leur donne des frissons dans le dos. Car la génération Internet se révèle, a
priori, plus volage, voire plus curieuse que celles de ses aînés. « Elle a
appris à comparer. Et ne voit pas de différences entre la BNP ou le Crédit
Lyonnais. Ce en quoi, d'ailleurs, elle a raison. Le vecteur affectif qui liait
le client à sa banque a disparu », déplore un banquier. Le multicanal participe
de cette distanciation. Le danger, alors, c'est de voir le client consommer des
produits financiers comme il pourrait le faire de simples denrées alimentaires.
Avec, en arrière plan, le risque de voir des banques "ultra low cost" empiéter
sur le pré carré des acteurs déjà en place. « La seule réponse que l'on ait
trouvée pour l'instant, c'est l'enracinement local. C'est ce qui explique que
les ouvertures d'agences soient toujours en augmentation », analyse ce même
expert.
La satisfaction client
En modifiant
l'organisation du réseau bancaire, les banques n'ont pas su ou pas pu, dans le
même temps, s'intéresser à la satisfaction des utilisateurs, seuls critères
capables de réellement capturer leur fidélité. « La généralisation des canaux
de relation à distance entraîne, paradoxalement, de restaurer de la proximité
avec sa banque. D'où, aujourd'hui, dans tous les réseaux, une recherche pour
rétablir un contact, sachant que c'est le contact qui crée le business »,
analyse Olivier Gravet. L'idée étant de transmettre à l'utilisateur une
information pertinente, en fonction de l'analyse des mouvements constatés sur
ses comptes, de façon à générer plus d'activités. « Il faut créer l'occasion de
contacts pour augmenter les flux bancaires et donc les opportunités
commerciales. Et seul le multicanal permet cela parce qu'il libère le banquier
des opérations quotidiennes. C'est en fait la nature du point de vente qui
change », explique Hervé Gloaguen. La technologie, dans ce cas, vient au
secours des banquiers. Les systèmes d'information sont désormais suffisamment
complexes pour générer des alertes en détectant d'éventuels besoins non
exprimés. « On peut, par exemple, parfaitement envisager d'envoyer une
information vers le conseiller de clientèle quand, sur un compte dont il a la
responsabilité, dort une trop grosse somme d'argent », relate Didier
Bourdonnais. A lui, ensuite, de savoir vendre un plan épargne, une action en
bours... C'est d'ailleurs ce qui explique l'empressement des grands groupes
d'assurance à se positionner sur le secteur de la banque. Car leurs contacts
avec leurs adhérents restent occasionnels. Il s'agit alors pour eux de trouver
ce que Michel Labastie définit comme « une sensibilité de rebond ». Là où, en
effet, un assureur ne rencontre qu'une à deux fois par an son client (le plus
souvent, lors de situations conflictuelles de type dégâts des eaux), la banque
possède quasi naturellement une fréquence de contacts, porteuse à chaque fois
de ventes additionnelles. « Lorsqu'un adhérent prend contact avec son
conseiller pour, par exemple, assurer sa nouvelle voiture, c'est l'opportunité
d'un "rebond" commercial en lui proposant d'en financer l'acquisition », avance
Michel Labastie. Le hic ? C'est d'être sans doute un peu trop précurseur. Les
consommateurs restent attachés aux rencontres physiques avec leur banquier.
Dans ce contexte, croire qu'Internet est une source de profit possible relève
de la douce utopie. Si 15 à 20 % des consommateurs consultent régulièrement
leurs comptes sur Internet - les banques tablant, dans un avenir proche, sur un
ratio de 30 % -, l'utilisation de ce média demeure encore anecdotique lorsqu'il
s'inscrit dans une logique commerciale. « Personne ne souscrit à un PEA sur
Internet », s'amuse un banquier. Une façon de dire que le multicontact peut
seulement intervenir comme système d'aide à la vente. Une façon aussi de
revendiquer, encore et toujours, l'homme comme centre et pivot de la relation
client.