Aquarelle: petites boutiques deviendront grandes
En dépit de ses allures internationales et de ses passerelles transatlantiques, Aquarelle n'a pas encore atteint les dimensions d'un vrai leader, mais elle s'y prépare. Le pays moteur de sa stratégie internet reste la France. Pour se renforcer à l'étranger, l'e-fleuriste a récemment passé la vitesse supérieure, et s'est doté d'entités physiques pour soutenir sa croissance en ligne. L'industrialisation est en marche.
Une aubaine. C'est ainsi que l'on pourrait définir le rôle qu'a joué
Internet dans le développement d'Aquarelle. Groupe-ment mortar de boutiques
florales (11 en France dont 10 à Paris) né en 1987, grimpé sur Internet dix ans
plus tard en passant par le Minitel, le fleuriste Aquarelle commercialise
désormais ses bouquets dans cinq pays européens ainsi qu'aux Etats-Unis et au
Venezuela, via Internet. L'exercice 2002, qui confirme la pertinence du modèle,
s'est soldé par 7,157 millions d'euros de chiffre d'affaires en ligne, en
croissance de 57 % par rapport à l'exercice précédent. Quant à la rentabilité
des activités internet, elle devrait intervenir d'ici la fin du premier
trimestre 2003. Une aubaine donc, pour les frères François et Henri de
Maublanc, fondateurs de l'affaire, à qui revient le mérite d'avoir su profiter
de toutes les largesses de la bulle internet, sans pour autant pâtir des
conséquences de son éclatement. N'entendez pas par là que le succès d'Aquarelle
se résume à une histoire de chance. En réalité, les performances actuelles de
l'entreprise procèdent d'une stratégie à la fois ambitieuse et réaliste, avisée
et flexible. Qui a permis aux tranquilles boutiques parisiennes de...
bourgeonner sur le Net.
Miser sur l'international
En
1999, à l'apogée de la bulle internet, Aquarelle présentait déjà, malgré ses
origines "mortar", les atouts indispensables à toute start-up digne de
décrocher des soutiens financiers : un marché connu - le commerce de fleurs -,
un management éprouvé par les co-présidents de Maublanc et de Maublanc, une
première expérience de la vente en ligne acquise, au départ, sur le Minitel
puis consolidée par deux années de présence sur Internet. Enfin, un concept
commercial original : le bouquet de marque, ou la marque de bouquet, puisque
telle est la spécificité d'Aquarelle. Seule ombre au tableau : un marché
étroit, cantonné à la France, voire, à la région parisienne. D'où la décision
des frères de Maublanc de miser sur un déploiement international de leurs
activités internet. Ce qui, à l'époque, n'était pas sans déplaire aux
investisseurs. Entre 1999 et 2000, Aquarelle enchaîne deux tours de table dont
l'un, mémorable, pour un montant record de 26,6 millions d'euros (175 MF), levé
auprès d'investisseurs notoires (Bernard Arnault & Associés, Everest Capital,
Paribas.). L'ossature de cette stratégie d'internationalisation s'est articulée
autour d'Universal-flowers, une plate-forme internet destinée à la transmission
florale dans la plupart des pays du monde. Le business model s'appuie sur une
politique de partenariats avec des acteurs locaux, fleuristes boutiquiers,
lesquels, moyennant un droit d'entrée, peuvent se connecter à la plate-forme et
y présenter leurs propre offres en complément des bouquets de marque Aquarelle.
Principaux avantages pour les adhérents : un canal de distribution
supplémentaire et de nouvelles sources de revenus issues de la population des
internautes. En contrepartie de quoi, les fleuristes s'engagent à reverser à
Aquarelle un loyer mensuel plus une commission qui va de 5 à 15 % du montant
des ventes réalisées via Universalflowers. C'est ainsi qu'Aquarelle a tissé son
réseau de distribution international. A commencer par le Japon, la Belgique,
l'Espagne et les Etats-Unis (dès 1999), suivis de l'Allemagne (2000) et, plus
récemment, du Royaume-Uni (décembre 2002).
Industrialiser la production
Evoluant à rythme soutenu, l'activité en ligne s'est
vite heurtée à ses propres limites. « Les fleuristes partenaires se sont
rapidement trouvés dans l'incapacité de gérer de tels volumes de préparation et
d'envois de bouquets », explique Guillemette Bourdon, directrice marketing et
communication d'Aquarelle. Ce qui posait un problème d'éthique majeur puisque
Aquarelle s'engage à honorer toutes les commandes sur Internet. D'où la
nécessité de se doter d'un atelier de production de bouquets, permettant de
desservir la France (140 455 bouquets en 2002). Situé à mi-chemin entre Paris
et la Hollande, ce site de pro- duction assure jusqu'à 7 000 commandes par
jour. L'acheminement est effectué par une équipe de livreurs qui couvrent la
région parisienne (50 % des ventes en ligne). Fort de cette première
expérience, Aquarelle a décidé de poursuivre la délocalisation de la production
: en septembre 2002 un nouvel atelier de préparation a été implanté à Anvers
afin d'assurer la distribution au Bénélux. Un pas de plus vers la
mondialisation ?
Repères
1997 : lancement d'aquarelle.com. 1998 : création d'universalflowers.com. 1999 : ouverture des services au Japon, Belgique, Espagne et Etats-unis. 2000 : ouverture des services en Allemagne. 2002 : ouverture des services en Grande-Bretagne. Chiffre d'affaires Internet 2002 : (France, Benelux, Allemagne, UK) : 7,157 M€. CA Internet France : 6 M€. CA Internet Europe du Nord : 1,157 M€. CA Universalflowers 2002 : 1,767 M€.