A fond dans la vie
Pugnace et déterminée, Sandrine Plasseraud sait ce qu'elle veut. Dès que les réseaux sociaux sont arrivés en France, elle s'y est intéressée à fond. Au point d'en faire son métier. Depuis la France, elle chapeaute le développement européen de l'agence de marketing conversationnel We Are Social.
Je m'abonneSon dernier livre de chevet ? Delivering happiness de Tony Hsieh, le jeune fondateur de Zappos, leader du e-commerce de chaussures. Son envie de voyage ? Peu importe... pourvu qu'il y ait la mer et surtout le wi-fi partout. Le nom de son chat ? Tweetie.
Inutile de poursuivre l'inventaire pour comprendre que Sandrine Plasseraud, directrice générale de We Are Social France, fait partie des geeks. « C'est ainsi que mes proches me définissent » Pourtant, rien ne transparaît dans le look de cette petite femme aux longs cheveux blonds. Il faut vraiment passer du temps avec cette trentenaire pour apprendre que oui, il lui est arrivé de s'endormir sur son ordinateur et que non, elle ne pourrait pas vivre sans Skype, son iPhone et son Mac.
Quand un interlocuteur lui dit qu'elle ne semble vivre que pour son travail, elle lève ses yeux noisette vers le ciel, fait une petite moue et réfléchit tout haut avant de lancer dans un large sourire « C'est sûr, mais, c'est tout de même un vrai luxe que de faire un métier qui me plaît » La famille et les amis de cette native de Brest ne lui reprochent plus trop souvent son manque de disponibilité ou ses absences. Ils ont compris, au fil des années, que pour leur fille, soeur ou amie, la frontière entre vie pro et vie perso était plus que ténue. « Un avocat pense bien à ses dossiers en dehors de son cabinet Un journaliste est bien toujours en éveil Quand un cinéphile va tout le temps au cinéma, personne ne lui dit rien... »
Sa passion pour les réseaux sociaux peut, aujourd'hui, paraître banale. Sauf que Sandrine Plasseraud est tombée dedans avant qu'ils ne connaissent le succès que l'on sait. Cette fille de militaire, qui, au fil des mutations paternelles, a déménagé entre le Gabon et Tahiti, a tout de suite compris que ces outils de communication alternatifs lui permettraient de sortir des sentiers battus. C'est d'abord, pour cette faculté-là, qu'elle les a immédiatement appréciés. « Les réseaux sociaux donnent la possibilité de communiquer avec des personnes auxquelles nous n'aurions jamais eu accès. Ils nous permettent de sortir de nos petites vies, bien balisées... Avant, nos relations étaient cantonnées aux rencontres de notre vie étudiante, puis de notre vie professionnelle, et en dehors de ces contacts et de la famille, il n'était pas vraiment possible de dialoguer avec des gens d'autres pays, d'autres métiers, d'autres âges, d'autres horizons et d'autres cultures. »
En 2005, la jeune marketeuse, qui travaille depuis cinq ans chez Renault, ouvre son blog. Elle consacre une grande partie de son temps libre à écrire sur le marketing, le buzz, la viralité... Les heures passées sur la mer à défier les vagues en ski nautique sont déjà loin. Mais ce n'est pas bien grave. D'autant que la pertinence, la consistance et la persistance de ses écrits font mouche: les professionnels la repèrent assez vite. En 2007, Sandrine Plasseraud est invitée à prendre la parole sur les médias sociaux lors de la conférence Forrester's Consumer Marketing Forum EMEA à Barcelone. Sa notoriété s'amplifie tant et si bien sur la toile que Robin Grant et Nathan McDonald, un Britannique et un Australien qui viennent de créer leur agence de marketing conversationnel, We Are Social, la contactent via Twitter. Elle travaille alors pour Renault à Londres.
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Quelques mois plus tard, en août 2008, elle quitte son poste de responsable marketing pour rejoindre la start-up comme directrice de clientèle. En 2009, elle devient directrice en charge du développement européen. Et, le 1er janvier 2010, elle reprend ses quartiers à Paris pour créer la filiale française de We Are Social et en devenir la directrice générale.
En France, tout est à faire et la tâche n'est pas simple. Les grands noms de la pub occupent déjà bien le terrain avec des services ou des filiales exclusivement dédiés aux réseaux sociaux. Et puis, le concept de «marketing conversationnel» est très peu connu et ne suscite pas vraiment l'enthousiasme des marques. « A l'époque, la France avait un peu de retard sur la Grande-Bretagne. Ici, on parlait plus de buzz que de conversation. » Sandrine Plasseraud n'est pas effrayée par l'ampleur de sa mission. Chaque jour, elle rencontre des prospects, noue des liens, reprend contact avec des marques.
Très vite, ses efforts portent leurs fruits. We Are Social gagne la confiance d'un premier client: Orange Vallée, le lab de l'opérateur télécom, puis d'un deuxième: le groupe Reed. Les équipes tricolores grossissent. « Nous sommes 20 aujourd'hui, j'espère que nous serons 30 dans un an », explique la jeune femme. Le chiffre d'affaires annuel devrait dépasser 1,1 million d'euros. Aujourd'hui, Sandrine et ses équipes travaillent en effet pour une vingtaine de clients: Renault Sport, Moët & Chandon, Lagardère Active, les B&B Hôtels, la FNAC, Viadeo... « Nous sommes respectés par la profession. Mais il reste du chemin à parcourir pour faire intégrer les réseaux sociaux dans la stratégie globale des entreprises. »
Sandrine Plasseraud compte bien aider les marques à négocier au mieux ce virage. Mais promis, juré, en 2012, elle va aussi penser à elle et prendre des vacances... Sans doute en Thaïlande. « Il faut d'abord que je vérifie si la wi-fi est bien partout » Quand une femme est entière, elle ne peut pas faire les choses à moitié...
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Revenue habiter Paris depuis le début de l'année 2010...
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... Sandrine Plasseraud ne reste pas moins passionnée de ski nautique.
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