« Un club de reconnaissance plus que de fidélisation »
Initiateur du concept de la résidence de tourisme, Pierre & Vacances a inscrit le marketing direct, et plus particulièrement un concept de Club, dans son programme de communication. Aux commandes de ces actions : Denis Wathier et Florence Moutet, respectivement directeur marketing et responsable marketing direct.
A quand remontent les premières actions de marketing direct de Pierre & Vacances ?
Denis Wathier : Cela fait longtemps que Pierre
& Vacances pratique le marketing direct. En fait, il y a deux métiers dans
l'entreprise : l'immobilier et le tourisme. Dans cette dernière branche, cela
fait plus de 10 ans au moins. Il y a une forte culture de marketing direct, qui
se pratiquait au début à la fois en recrutement et en fidélisation, en tout cas
avec une relance systématique des clients. Il y a quatre ans et demi, nous
avons remis à plat nos pratiques en marketing direct pour le tourisme. Nous
avons aussi peu à peu stoppé les actions de prospection.
Pour quelles raisons ?
Florence Moutet
D. W. : Parce que nous avons jugé qu'elles n'étaient pas suffisamment
rentables, ou bien peut-être pas suffisamment bien maîtrisée... Avant
d'arrêter, nous avons testé moult éléments, moult offres et moult messages et
nous n'étions pas satisfaits du résultat. Nous avons donc recentré nos
pratiques sur la relance et la fidélisation de nos clients qui avaient acheté
au moins une fois. Et, dans ce contexte, nous avons réorienté nos ressources
vers la publicité pour construire, modifier notre image, en essayant de faire
connaître de manière un peu plus importante la marque, pour recruter de
nouveaux clients. Le dispositif MD vient en complément.
Et Internet ?
D. W. : Pierre & Vacances fait des ventes en ligne
depuis presque deux ans et demi. Nous avons été dans les tous premiers à le
faire. Nous avons donc une expérience cumulée. Cela ne veut pas dire que nous
sommes meilleurs mais que nous avons appris plus tôt à le faire. En termes de
vente, nous sommes dans la moyenne supérieure de ce que font les opérateurs
touristiques. Tous canaux de vente confondus, Internet représente 1,5 % du
chiffre d'affaires de Pierre & Vacances Tourisme. Sur nos ventes réalisées en
direct, cette part est beaucoup plus importante : les ventes en ligne
représentent 4 %. Car nous sommes commercialisés, soit en direct, soit via des
tour-opérateurs ou des agences de voyages. Nous n'avons plus d'agences de
voyages Pierre & Vacances, mais nous travaillons avec les principaux réseaux.
En France, les agences de voyages des réseaux Havas Voyages, Afat et Sélectour
représentent 10 % de notre chiffre d'affaires. Il faut savoir que 60 % de ce
chiffre est effectué en France et 40 % à l'étranger. Quant à Internet, il
constitue un média de recrutement de nouveaux client... Cela renforce notre
volonté d'investir dans ce domaine.
Quels sont vos autres outils de communication ?
D. W. :
En termes de relation clients, nous avons structuré un call center purement
Pierre & Vacances depuis un an et demi, qui se trouve à Montparnasse et
comprend 70 télévendeurs. Nous avons une qualité de service qui, je crois, est
de bon niveau. Il est important pour nous de maîtriser cette force de vente
parce que le produit touristique de Pierre & Vacances n'est pas facile à
commercialiser, il faut avoir une bonne connaissance du détail. C'est un
produit complexe. Prenons, par exemple, le cas du village de Cap Esterel : il y
a 1 500 appartements, dont la typologie est très différente, avec un contenu
d'offres très riche : cela va de l'école du cirque à un parcours d'aventures, à
des restaurants, en passant par des clubs pour les enfant... Chaque site a ses
spécificités et ses différences. Pour le télévendeur, il y a énormément de
choses à emmagasiner. Nous avons recentré nos moyens sur la publicité, le
marketing direct et le call center, c'est-à-dire la vente à distance dans tout
ce qu'il y a de plus classique. Le marketing direct est un des éléments clés de
la constitution de notre chiffre d'affaires.
Quels sont, plus précisément, les types d'actions menées en marketing direct ?
D. W. : Nous faisons des séries de catalogues
deux fois par an. Nous avons un catalogue pour l'Italie, un pour les Antilles
françaises et un pour la France métropolitaine. Ils ont chacun un tirage
différent, le catalogue principal étant tiré à 550 000 exemplaires. Ils sont
envoyés à une sélection de clients actifs (qui représentent 160 000 foyers)
selon différents critères. Pour l'été, ils sont envoyés début janvier et pour
la saison d'hiver, début septembre. Après, nous effectuons des relances ; pour
l'hiver, elles sont faites en janvier. Pour la saison été, nous pouvons, ou
non, faire des relances ; elles ont lieu en fonction de l'évolution du chiffre
d'affaires. La relance n'est pas un credo incontournable. Elle est plus
tactique : elle se fait selon les besoins (ventes à pousser, nouveauté...).
Quel est le profil de votre clientèle ?
D. W. : Ce sont plutôt des familles entre 35 et 45 ans, avec en général
deux enfants, et un revenu mensuel supérieur à 25 000 F par foyer.
Vous avez lancé un Club. Quels en sont les objectifs ?
D. W. : "Le Club", c'est son nom, est destiné aux clients qui ont acheté trois
fois et plus sur les cinq dernières années. Il a été lancé il y a trois ans.
C'est un club de reconnaissance plus que de fidélisation. C'est un point
important car, dans le tourisme d'une manière générale, les fréquences d'achat
sont relativement faibles. La moyenne des achats, par rapport à une enseigne
comme la nôtre, doit être d'une fois tous les trois ans. Dans ce cadre-là, cela
ne vaut pas la peine de mettre en place un dispositif qui tourne autour du
système de miles, sauf à le faire dans le cadre d'un programme multi-enseigne,
mais cela n'a pas la même porté... Nous avons donc volontairement choisi de
mettre en place un système de reconnaissance à deux niveaux : un discount prix,
dont le pourcentage varie en fonction de la haute ou de la basse saison et des
avantages liés aux services. Par exemple, un pôle du call center est propre aux
membres du Club ; ils peuvent choisir un emplacement dans une résidence, ils
bénéficient d'un accueil personnalisé sur site avec une file d'attente qui leur
est réservée, d'un petit cadeau de bienvenu... C'est apprécié et attendu.
Conceptuellement, nous n'avons rien fait de compliqué, mais ce sont peut-être
les choses les plus simples qui fonctionnent le mieu... L'élément déclencheur
qui a contribué à la naissance du Club, c'est le fait qu'énormément de
personnes nous demandaient de pouvoir choisir leur appartement. Nous nous
sommes dits qu'il valait mieux le faire pour des clients ayant de bons rapports
avec nous. Nous avons créé le concept du Club en interne. Et nous avons choisi
une agence pour assurer sa communication, pour le mettre en forme.
Quels sont vos objectifs, en termes d'adhérents ?
D. W.
: Nous disposons d'un fichier clients de 300 000 foyers. 160 000 sont
réellement actifs et le Club comprend 30 000 foyers. Alors, bien évidemment,
nous souhaitons augmenter ce nombre de manière significative. Le groupe
réalise des croissances importantes (construction d'appartements, développement
à l'étrange...) de l'ordre de 20 % par an. Il faudrait que nous arrivions à
augmenter le nombre de clients actifs d'au moins 20 % par an et le nombre de
clients Club à peu près de la même façon.
Comment leur proposez-vous d'adhérer ?
D. W. : C'est nous qui prenons
l'initiative de les recruter. En même temps que le catalogue, nous leur
envoyons un message spécialisé aux couleurs du Club, en les remerciant de leur
fidélité. L'adhésion est gratuite et la carte est annuelle. Florence Moutet :
Pour l'envoi de cette carte, nous avons mis au point un mailing spécifique.
Comment mesurez-vous la rentabilité de votre Club ?
D.
W. : Nous la mesurons de plusieurs façons. D'abord, il faut s'assurer que le
nombre de clients Club augmente d'une manière importante. Ensuite, nous faisons
chaque année des enquêtes de satisfaction sur le contenu de l'offre Club. Nous
mesurons le ratio coût sur chiffre d'affaires et le taux de transformation.
Bien sûr, ces clients Club sont les clients les plus rentables ; ce sont eux
qui ont le meilleur ratio coût sur chiffre d'affaires. F. M. : Sur les trois
dernières années, il y a eu une croissance du taux de transformation important,
depuis la création du Clu... D. W. : Le taux de transformation sur le Club est
de 55 % (55 % des clients Club réachètent). En revanche, pour les clients qui
ont acheté une seule fois et que l'on relance, le taux chute à 8,5 %. Il faut
aussi relativiser les choses, ce qui fidélise un client, c'est fondamentalement
l'offre produit. La première question que l'on pourrait se poser est celle-ci :
est-ce que l'on fidéliserait autant s'il n'y avait pas de Club ? Il faut faire
la part des choses. Actuellement, on le fait vivre, mais un jour, il faudra
peut-être le remettre complètement en question. On n'en est pas l...
Quel est le coût de ce programme ?
F. M. : Ce n'est pas
un programme qui est cher et la fidélisation d'un client Club est bien moins
chère que le recrutement d'un nouveau clien...
Travaillez-vous avec une agence ?
D. W. : Oui, nous travaillons avec Rapp Collins
depuis presque trois ans. Auparavant, nous faisions appel à Résonnances, qui
était à la fois notre agence de publicité et de marketing direct. Aujourd'hui,
notre agence de publicité, c'est Young & Rubicam. Pour le catalogue, nous
travaillons aussi avec Because, une filiale de DDB, qui effectue notamment
toute la définition de la ligne graphique.
Où et comment est gérée votre base de données ?
F. M. : En interne. Elle est segmentée
selon les critères de récence, fréquence, montan... D. W. : Pour l'instant,
nous ne faisons pas de data mining. En revanche, nous sommes en train
d'enrichir progressivement notre connaissance des clients par des mesures de
satisfaction. Les enquêtes sont faites de manière individuelle. Après chaque
séjour, un client reçoit un questionnaire nominatif ; il suffit donc de le
rapprocher avec le fichier clients et d'alimenter un fichier commun. Nous
analysons aussi leur consommation sur site. Nous sommes dans la phase
d'alimentation du fichier, qui est forcément un peu longue. Mais pour
l'instant, les lettres sont personnalisées et nous faisons référence à leur
dernier séjour ; nous leur proposons des destinations susceptibles de les
intéresser.
Quel est le montant de votre budget marketing direct ?
D. W. : Le budget marketing direct est de 9 MF, plus les
catalogues, qui sont largement supérieurs à cette somm...
Biographie
Ingénieur, HEC Management, Denis Wathier, 39 ans, a débuté comme ingénieur d'affaires chez Schneider puis a été directeur marketing à L'UCPA et au Club Méditerranée. Il a rejoint Pierre & Vacances Tourisme il y a quatre ans et demi, en tant que directeur marketing.
Biographie
Agée de 29 ans, maîtrise de sciences économiques et ESC Reims, Florence Moutet a rejoint Pierre & Vacances Tourisme en novembre 1996 en tant qu'assistante marketing. Elle est responsable marketing direct depuis un an et demi.
Chiffres clés du groupe
121 sites, 133 000 lits. Effectif : 2 300 personnes. 2,8 millions de clients. CA consolidé 1999-2000 estimé : 3,3 milliards de francs dont 1,3 milliards pour la branche immobilière et 2,010 milliards de francs pour le tourisme (Pierre & Vacances, Orion, Gran Dorado).