« Nous serons, en France, le n° 2 de l'Internet haut débit »
L'opérateur européen Tele2 vient de lancer son offensive ADSL destinée au marché résidentiel français, avec pour ambition de reproduire le succès rencontré sur le marché de la téléphonie filaire et mobile. L'occasion pour Jean-Louis Constanza, directeur général de Tele2 France, d'exposer les principaux axes de sa stratégie de conquête de ce marché.
Je m'abonnePouvez-vous nous présenter Tele2 ?
L'opérateur
Tele2 AB est né en Suède, avec l'ambition de couvrir le marché paneuropéen.
Aujourd'hui, nous sommes présents dans vingt-deux pays d'Europe, nous comptons
18 millions de clients : 12 millions en téléphonie filaire et 6 millions en
mobile. Pour s'imposer sur ces marchés, la société s'est positionnée, dès le
départ, comme le concurrent des monopoles avec un modèle économique Low Cost,
qui lui a d'ailleurs valu la réputation "d'Ikea de la téléphonie".
Pourquoi avoir attendu 2003 pour proposer de l'accès à Internet en haut débit ?
Nous avons déjà posé les bases en lançant une offre
en bas débit, en novembre 2002, mais sans trop pousser le projet puisque
l'enjeu, pour notre société, reste la conquête du marché de l'ADSL. Or, ce
marché n'est pas encore mûr, bien au contraire, seuls 1,5 million d'internautes
sont actuellement abonnés au haut débit, 95 % d'entre eux chez France Télécom.
De plus, la question du dégroupage, qui empêchait l'entrée en scène de la
concurrence, a été réglée très récemment. Nous avons justement lutté pour
débloquer le marché français avant de lancer notre offre d'accès à Internet,
qui n'aurait pas pu décoller avant cette étape. En fait, nous n'arrivons pas
trop tard, mais au bon moment si l'on tient compte des prévisions de marché qui
tablent sur 30 millions d'abonnés en haut débit, résidentiels et entreprises
confondus, d'ici dix ans et si l'on considère que les coûts d'accès à l'ADSL
vont encore baisser jusqu'à 25 euros contre 40 en moyenne actuellement.
En France, quelles sont vos ambitions, en termes de capture de parts de marché ?
Nous comptons capter 15 à 20 % des parts du marché de
l'ADSL en cinq ans et nous imposer comme le n° 2 de l'accès à Internet en haut
débit.
Quel est l'axe essentiel de votre plan de conquête ?
Nous nous attaquerons en priorité à nos clients en téléphonie
fixe, soit 3,1 millions de clients actifs pour 5 millions de clients activés.
Ils constitueront la cible n° 1 de notre stratégie de démocratisation de l'ADSL
et nous comptons recruter 1,2 million d'abonnés à notre offre d'ici quatre
ans.
Cette stratégie sera-t-elle déclinée sur les autres pays européens où vous assurez votre présence en tant qu'opérateur ?
Bien entendu. Mais la France est un marché stratégique qui va impulser notre
développement en Europe, tout simplement parce que c'est le seul pays où les
conditions obtenues pour le dégroupage nous permettent enfin de créer la
concurrence. Une fois démocratisé, ce marché sera notre meilleur argument pour
faire avancer la politique de dégroupage dans les autres pays européens encore
très verrouillés sur ce point.
Ces conditions favorables sont-elles le résultat de votre bataille au sein du "Collectif Libre ADSL" ?
L'ART peut le confirmer, le rôle du Collectif que nous avons créé a porté ses
fruits, quand il n'a pas été déterminant pour l'obtention du dégroupage.
Maintenant, à nous, les opérateurs, de créer la libre concurrence.
Quels seront vos principaux atouts pour vous imposer face à la concurrence ?
Nous nous appuierons sur la mécanique marketing,
extrêmement efficace, qui nous a permis de cumuler les succès dans les 22 pays
d'Europe où nous avons déployé notre offre de téléphonie. Pour l'ADSL, le
positionnement est le même et la partition sera donc identique avec en plus
quelques avantages : une antériorité sur le marché du téléphone et la
connaissance de nos clients.
Quelle est la proportion de vos clients qui ont déjà souscrit une offre ADSL ?
Le fait qu'ils
aient déjà souscrit ou pas une offre ADSL n'a aucune importance. Notre argument
clé est celui du prix, le moins cher du marché, et comme les études
l'indiquent, le prix est le frein numéro un à la démocratisation du haut
débit.
Quelles actions de marketing envisagez-vous de mener prochainement ?
Nous avons commencé par l'envoi d'un mailing
adressé à 100 000 clients issus de notre base. Il sera couplé à une campagne de
communication on line sur notre site Everyday qui rassemble 600 000 membres
actifs. Les retours seront gérés par nos trois centres d'appels qui obtiennent
d'excellents résultats sur ce type d'opérations. Lors de nos campagnes pour la
téléphonie, le taux de transformation a atteint 60 %. C'est grâce à
l'excellence en marketing que Tele2 a réussi à s'imposer sur des marchés déjà
occupés, ce qui nous permet d'envisager le marché de l'ADSL avec sérénité.
repères
1993 : Naissance de Tele2 AB, opérateur paneuropéen de téléphonie mobile. 1999 : Tele2 s'implante en France où elle instaure le tarif unique pour les communications téléphoniques nationales et internationales. En deux ans, le prix des communications est divisé par cinq. 1999 : Lancement de Tele2 Internet en Suède. 2002 : Lancement de l'offre Internet bas débit en Italie (130 000 clients en deux mois) et en France (100 000 clients). Tele2 France compte 3,1 millions de clients en téléphonie fixe. C.A : 3 milliards d'euros en 2002 (Europe).