« Le développement de l'occasion fait du bien au marché du neuf »
Quelle a été la genèse de PriceMinister ?
Le
déclic s'est produit en 2000, alors que je travaillais aux Etats-Unis. J'ai eu
l'occasion de tester Half.com, le pionnier des sites de vente entre
particuliers de produits d'occasion et je suis immédiatement reparti pour la
France avec la ferme intention de fonder l'équivalent.
Pourtant en 2000, les projets Internet n'avaient guère la cote…
Travaillant dans le domaine de l'e-banking, j'étais bien conscient du fait que
la spéculation était financière et qu'elle ne concernait pas le média en tant
que tel. Finalement, j'ai cofondé PriceMinister en août 2000, avec 4 associés
et, pour tout capital, 3 millions d'euros. Le site a été lancé le 16 janvier
2001.
Comment avez-vous constitué l'offre initiale de produits culturels ?
C'était le premier écueil car, dans ce modèle de site,
les clients sont aussi les fournisseurs. Toute la difficulté consistait à ne
pas lancer le site avant de disposer d'une offre suffisamment significative
pour attirer les internautes acheteurs et permettre aux vendeurs de réaliser
rapidement des affaires.
Quelle a été la solution de cette équation ?
Nous avons misé sur les stocks des professionnels, puis
nous avons recruté une équipe de commerciaux chargés de les démarcher. Cinq
mois plus tard, nous avons atteint le cap symbolique de 100 000 produits, et
nous avons alors ouvert le site au public.
Votre patronyme n'évoque pas l'activité du site, pourquoi ?
En dépit de la
morosité du marché, nous étions convaincus que la croissance du e-commerce
serait tirée par le B to C. D'où ce nom statutaire, PriceMinister, qui signifie
Premier ministre, et légitime notre rôle de tiers de confiance et de garant de
la bonne fin des échanges entre les utilisateurs du site.
Quel a été votre mix e-marketing pour attirer les internautes ?
Au
départ, nous avons investi quelques milliers d'euros par mois en e-mailing, le
but étant de toucher de gros consommateurs de livres et de musique. Pour
identifier cette cible, nous avons contacté les sites en affinité et nous y
avons diffusé des bannières. En parallèle, nous avons lancé une campagne
d'affichage avec un message clair et efficace : “Devenez radin, sur
PriceMinister, vendez et achetez à moitié prix”. Nous avons également misé sur
le parrainage avec, à la clé, 6 euros de récompense à dépenser sur le site pour
chaque membre parrainé. Résultat : un tiers de nos membres viennent du
parrainage. A tout cela s'ajoutent des opérations récurrentes de bannières et
d'e-mailing, du lien promotionnel et du référencement dans les moteurs de
comparaison. Mais le meilleur argument, c'est que PriceMinister est un vrai bon
plan.
Quelles sont les spécificités de votre modèle économique ?
Nous offrons la possibilité aux particuliers comme aux
professionnels de se vendre et de s'acheter directement entre eux des biens
dont nous organisons la commercialisation via notre plate-forme. Sur chaque
transaction, nous récupérons 15 % de commission.
A trop accentuer la diversification de l'offre, ne risquez-vous pas de dénaturer votre positionnement initial ?
Non, il n'y a pas de
contradiction, toutes les nouvelles catégories, hors produits culturels,
lancées en 2002 ont été sollicitées par les utilisateurs. Plus récemment, nous
avons intégré les objets de collection et bientôt les voyages, les instruments
de musique et peut-être le luxe. Le but est d'étendre notre offre à tous les
produits qui font l'objet d'une transaction entre particuliers, l'immobilier
par exemple. Mais aussi la voiture d'occasion. Dans ce domaine, notre ambition
est d'être plus efficace que La Centrale, car nous sommes convaincus
qu'Internet est bien meilleur que le papier.
Votre offre reste toutefois tributaire des invendus des professionnels…
Personne ne
vend sans créer de l'invendu, d'où l'intérêt d'un canal complémentaire comme
PriceMinister. Les professionnels y entrevoient la double opportunité d'écouler
leurs stocks et de dynamiser le renouvellement de leurs catalogues de
nouveautés. En particulier pour les produits culturels comme les CD où
l'invendu représente jusqu'à 10 % des ventes. Paradoxalement, le développement
de l'occasion fait du bien au marché du neuf parce que le consommateur n'hésite
plus à acheter au prix fort dans l'idée de revendre chez nous.
Quels sont les prochains objectifs à atteindre ?
Notre
but est de figurer parmi les 3 premiers sites e-commerce grand public d'ici
trois ans. En 2004, nous nous concentrerons sur la poursuite de l'élargissement
de l'offre, y compris à l'étranger à commencer par l'Europe du Sud.