« La fidélisation n'existe pas »
Qu'est-ce qui explique l'engouement actuel pour la fidélisation du client ?
La fidélisation-mania s'inscrit dans un
marché qui ne grandit pas et où garder ses clients et, si possible, attirer à
soi ceux des autres, est une priorité pour grandir davantage. D'où l'émergence
de la conscience du consommateur placé au cœur des stratégies des entreprises.
Les gens du marketing ont d'ailleurs pris toute la mesure de la notion
d'accompagnement client : il ne s'agit plus, désormais, de l'amener à accomplir
tel ou tel acte, mais de prendre en compte ses exigences de consommateur,
faute de quoi, il y a sanction.
Concrètement, qu'est-ce qui distingue les actions marketing de fidélisation des autres disciplines du marketing relationnel ?
Je vais répondre par une provocation : la
fidélisation n'existe pas. Ce qui existe depuis toujours, c'est le commerce
dans son sens noble et, lorsqu'on parle de fidélisation, on ne fait que
réinventer ces codes, tout en sachant qu'un client acquis, ça n'existe pas non
plus, même si l'attachement à la marque est très fort. En revanche, et c'est là
qu'interviennent nos métiers, l'interprétation des “données personnelles” peut
différer selon que l'on fasse de la fidélisation ou de la conquête : il faut
alors être cohérent chaque fois que l'on prend la parole pour s'adresser à son
client. Et ça, c'est précisément la spécialité de l'agence.
Pourtant, au final, tous les programmes de fidélisation se ressemblent…
Les programmes se ressemblent, mais ce ne sont pas
les mêmes dans la façon de les mettre en scène. Tout l'art de notre métier
consiste à traduire en séduction ce discours, sans oublier que les bénéfices
d'une politique de fidélisation doivent se retrouver aussi bien du côté de la
marque que du côté du client. Le bon fonctionnement de cette mécanique de la
satisfaction est une responsabilité que l'agence partage avec son client dans
la durée.
Existe-t-il des erreurs flagrantes à ne pas commettre en matière de fidélisation ?
Chaque cas est spécifique mais, dans
les systèmes ratés, on peut citer la carte payante qui est toujours un choix
délicat, en particulier lorsqu'on s'imagine pouvoir par ce biais autofinancer
la fidélisation. C'est une erreur fondamentale car la fidélisation, c'est un
effort, et aucun consommateur n'est prêt à payer un effort. La fidélité ça ne
se décrète pas, ça ne s'achète pas, mais ça se justifie, dans le temps.