[Edito] L'intelligence artificielle, même pas peur ! Quoique...
Publié par Eloise Cohen le - mis à jour à
Tandis que l'intelligence artificielle n'en finit plus de gagner en... intelligence, la nôtre ne cesse de chuter inexorablement. Une courbe qu'il nous appartient d'inverser, et probablement plus vite qu'on ne le croit et qu'on ne le craint!
Avant même que l'intelligence n'ait eu le temps de s'installer durablement dans toutes les têtes, voilà que son pendant artificiel occupe tous les esprits. Et non des moindres. Lorsque ce n'est pas la pointure de la cosmologie Stéphane Hawking qui alerte sur ses dangers, c'est le prodige Mark Zuckerberg qui en vante les mérites et y investit en masse, 10 millions de dollars sur le seul sol français.
Si l'IA agite tant les si hautes sphères de l'intelligentsia, c'est qu'elle promet de bouleverser des pans entiers de notre société. Rien que dans le marketing, elle permet de cibler, de micro-segmenter, d'hyperpersonnaliser, de créer, d'analyser, de prédire à un degré de finesse jamais atteint et ce, pour des performances inégalées et une productivité encore inespérée... 15 700 milliards de dollars en 2030 pour un bond de PIB mondial de 14 %* : voilà qui attise, forcément, les convoitises... Et brouille, indubitablement, nos simples cerveaux de quidams (humains). Ainsi, nous profitons des alléchantes fonctionnalités de l'IA (reconnaissances vocale et visuelle, agents conversationnels, recommandation, etc.). Nous attendons, impatiemment, ses prochaines avancées. Mais, frisant la schizophrénie, nous redoutons ce pied, certes bionique, mais pied quand même, qui nous dégagera d'abord du marché de l'emploi, puis, insatiable, de la surface de la Terre. Il est vrai que lorsqu'Elon Musk ne laisse à l'humanité que 10 % de chance de survie face à l'IA, la sélection automatique de tous nos selfies de vacances paraît, inévitablement, beaucoup moins essentielle. Idem pour la recommandation du it-bag pour un total look denim, pourtant sacrément utile en d'autres circonstances.
C'est donc avec une fascination empreinte d'appréhension que nous avons assisté aux victoires de la machine d'abord à l'anecdotique "Où est Charlie", puis à l'emblématique jeu de Go. Et si c'est plutôt ébahis que nous avons découvert la supériorité des robots face aux chirurgiens (ceux dont la seule différence d'avec Dieu est que Dieu ne se prend pas pour eux...), c'est un peu craintifs que nous observons la naissance d'une intelligence surnaturelle, nourrie au machine learning. Et ce, d'autant plus que, de manière diamétralement opposée, nos capacités d'attention chutent inexorablement, peinant aujourd'hui à rivaliser avec celles d'un poisson rouge.
Cette courbe, nous n'avons d'autre choix que de l'inverser... Et plutôt que de laisser l'IA nous assister, l'encourager, au contraire, à nous challenger. Et, en attendant les progrès de l'homme augmenté, embrasser les conseils de Warren Buffet, avisé, sur la question : "Lisez, découvrez, apprenez, car vous êtes votre meilleur investissement".
*Étude Sizing the prize, cabinet de conseil et d'audit PwC, juillet 2017.
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