Consommation : Ce qui a vraiment changé avec la crise
Publié par Jean-Jacques Manceau le | Mis à jour le
Selon AlixPartners, 50% des Français estiment ainsi que leurs " habitudes de consommation ont changé de manière permanente " du fait de la crise.
Le cabinet international de conseil AlixPartners a sondé les nouvelles habitudes de consommation auprès de 7164 personnes interrogées dans neuf pays, en début d'année 2021.
Premier enseignement, 50% des Français estiment que leurs " habitudes de consommation ont changé de manière permanente " à cause de la crise. Si ce résultat est en ligne avec la moyenne internationale, il est à mettre en regard de l'inertie habituelle des comportements de consommation.
" Le pouvoir d'achat continue à se polariser, les plus riches ont augmenté leur épargne, mais les foyers les moins aisés ont enregistré une baisse significative de leurs revenus, analyse Axel Culoz, Senior Advisor chez AlixPartners. Les distributeurs alimentaires peuvent donc s'attendre à des contrastes marqués de consommation selon les démographies et géographies. "
Ensuite, la vente en ligne sort bien renforcée, mais son essor dans l'alimentaire doit être relativisé. La part des consommateurs qui veulent acheter " plus en ligne " est de 21% pour les produits de beauté (vs 16% " plus en magasin ") et 28% pour les vêtements et chaussures (vs 18%). Pour l'alimentaire, les Français veulent au contraire acheter plus en magasin (17% vs 20%).
De manière générale, les consommateurs français sont plus conservateurs sur ce sujet que la moyenne internationale. Et si les Français sont pressés de retourner au restaurant - plus que dans la plupart des autres pays - les divertissements à domicile ont aussi la cote. Ils sont 11% à vouloir voir plus de films au cinéma, contre 30% " à la maison ", et 22% pour regarder plus de sport à la maison, contre 16% au stade.
Les touristes français ont redécouvert la France et y ont pris goût. Ils seraient 24% à privilégier un séjour local/régional contre 10% pour la longue distance. Une tendance également constatée ailleurs, et qui pose la question du retour des touristes étrangers en France (grands magasins, luxe, etc.).
Dernier enseignement, les consommateurs français sont 76% à déclarer que la pandémie a augmenté leurs préoccupations environnementales, et la moitié d'entre eux (38%) reconnaît que cela a eu un impact sur leurs décisions d'achats.
" Ces nouveaux comportements sont pour beaucoup dictés par l'anxiété financière et l'anxiété sanitaire, explique Olivier Salomon, Managing Director et responsable de l'équipe Distribution & Biens de grande consommation chez AlixPartners en France. Les plus anxieux sont ceux qui vont changer drastiquement leurs habitudes de consommation. Or, ils représentent une plus grande partie de la population en France - 38% - que dans les autres pays - 33%. " Sachant que 77% de ces " anxieux " ont moins de 55 ans. Pour AlixPartners, cette crise va amplifier des tendances de fond déjà à l'oeuvre. Elle oblige les acteurs de la grande consommation à tirer des conclusions concrètes dans leurs domaines respectifs.
La consommation responsable (bio, local, made in France) s'est imposée comme une évidence et la consommation raisonnée a fait une percée significative, avec des consommateurs découvrant qu'ils peuvent vivre avec moins, et agissant en conséquence.
" Les acteurs offrant un mix proximité / simplicité des courses, ainsi qu'une grande agilité sur les offres online - livraison à domicile, paniers types, drive - sont sortis gagnants de la crise. Les distributeurs généralistes doivent affiner leurs modèles de segmentation de l'offre par magasin afin de mieux répondre aux besoins clients ", décrypte Sylvain Gasquet, Director au sein de l'équipe Distribution & Biens de Consommation.