Le halal confirme son attrait
Publié par Catherine Heurtebise le
Nouvelle étude sur le marché porteur des produits halal. Xerfi décrypte les perspectives de croissance des principaux segments de marché et les circuits de distribution.
Après Nielsen et SymphonyIRI, Xerfi se penche sur le marché du halal(1) qui fascine depuis quelque temps déjà les industriels et les distributeurs de l’agroalimentaire. Ce marché recèle en effet un important potentiel de croissance, alors que la hausse de la consommation alimentaire ne dépassera pas 1 % en 2012, selon le scénario prévisionnel de Xerfi. Positionnés sur le segment historique des produits carnés (viandes, plats cuisinés…), les opérateurs manifestent un intérêt grandissant pour d’autres segments. Le marché halal regroupe en effet un ensemble de produits alimentaires plus vaste (soupes, bonbons, pâtisseries…) dont Xerfi a dressé un panorama assorti des perspectives par segment. Il peut aussi concerner des produits non alimentaires, à l’image des cosmétiques ou des parfums, et même certains services touristiques ou financiers. Dans le premier cas, il s’agit de garantir au consommateur que le produit ne contient aucun ingrédient illicite (alcool, dérivés de graisses animales…). Dans le second, le terme “halal” correspond davantage à un mode de vie qu’à des principes religieux.
Face au dynamisme du marché alimentaire halal en France, estimé à plus de 5 milliards d’euros en 2010 par le World Halal Forum, les intervenants se sont multipliés l’an dernier. Ainsi, le spécialiste des produits traiteurs Martinet a-t-il lancé une gamme spécifique, Les Recettes de Nurdan. De son côté, la chaîne de restauration rapide Quick a généralisé son offre de viande halal à une vingtaine de restaurants. Quant à Carrefour, il propose depuis fin 2010 sa marque de distributeur Carrefour Halal.
Pour se différencier et gagner des parts de marché face à la multiplication des initiatives, les industriels de l’agroalimentaire sont de plus en plus nombreux à offrir des produits davantage transformés (plats cuisinés, snacks, pizzas…). Isla Délice (Zaphir), par exemple, a étendu sa gamme de produits traiteurs avec des cordons bleus, des nuggets et des ailes de poulet rôti. Les fabricants s’efforcent également d’accroître la notoriété de leurs marques. C’est le cas de Zakia Halal (Panzani) qui a rediffusé en 2010 sa publicité télévisée et réalisé une opération de placement de produit dans le film Halal Police d’État, sorti mi-février 2011.
Malgré son potentiel de croissance, le marché des produits halal reste difficile à appréhender pour les opérateurs. L’opacité des modes de certification, l’absence de réglementation officielle et la multiplicité des organismes de contrôle suscitent parfois la méfiance des consommateurs.
La légitimité des industriels, en particulier des non-spécialistes du halal, peut en effet facilement être mise en doute. C’est ce qu’illustre la large couverture médiatique accordée à la décision de Nestlé, en février 2011, de stopper la production de sa gamme de saucisses Herta Halal, accusées de contenir du porc. Au-delà des problèmes de certification, le contexte politico-social reste sensible en France. L’annonce du débat sur la laïcité et la place des cultes a soulevé de nombreuses polémiques dans la classe politique en raison des risques de stigmatisation de l’islam. Si elle se concrétisait, l’émergence d’une norme halal favoriserait à terme une normalisation de ce marché.
(*) Le marché des produits halal – Perspectives de croissance et segments porteurs, forces en présence dans les IAA et panorama des circuits de distribution. Étude de 180 pages. www.xerfi.fr