Outox: la boisson detox ou intox?
Publié par Pellicer le
Outox a été officiellement lancée le 18 juin 2010. Ses créateurs affirment qu'elle permet de diminuer "significativement" le taux d'alcool dans le sang. À peine lancée, déjà décriée.
Maurice Penaruiz, créateur des maisons en kit, lance Outox, un nouveau produit imbibé de polémiques avant même sa commercialisation. La boisson, casher, est composée d'ingrédients communément présents dans les sodas: eau gazeuse, fructose, acidifiants (acides citrique, malique et ascorbique). Elle aurait néanmoins le pouvoir de dégriser ceux qui sont en état d'ivresse. En effet, ses créateurs soutiennent qu'elle peut agir sur le foie pour stimuler la fabrication des enzymes qui viennent décomposer l'alcool par oxydation en CO2 et en eau. Une promesse que cette société, basée au Luxembourg, entend faire payer au prix fort: 3,99 euros la canette de 25 cl!
Jeudi 17 juin 2010, l'association de consommateurs CLCV demande pourtant son interdiction. Hervé Novelli, le secrétaire d'État chargé du Commerce, lui emboîtera le pas dès le lendemain en demandant à la DGCCRF de mettre en demeure la société commercialisant les produits Outox. Le but? Qu'elle se mette en conformité avec la réglementation communautaire et ne lance pas ce produit sur le marché tant que sont mis en avant des effets non évalués scientifiquement sur l'organisme. Outox s'en défend en affirmant que des tests ont été menés avec succès dans les laboratoires Dermscan, mais refuse tout de même de rendre cette étude publique. Les porte-parole d'Outox affirment que "seuls des médecins peuvent la comprendre" et le laboratoire serait "soumis à une clause de confidentialité qui nous interdit de communiquer".
À l'image des médecins recrutés par Philip Morris dans les années 50 pour vanter les bienfaits de la cigarette à la télévision, le docteur Magali Cocaul, endocrinologue et nutritionniste, est engagée pour défendre le produit devant les caméras et affirme que l'efficacité de la boisson est bien réelle sinon «elle ne prendrait pas le risque de mettre en danger (sa) réputation». Interrogée sur les études scientifiques, elle finira par admettre, en conférence de presse: «Il faut que la boisson soit en vente libre, les études ont donc été pensées en fonction.»
Son p-dg tient à rassurer l'assemblée en déclarant qu'il ne s'agit pas de pousser à la consommation d'alcool: «Le marketing sera fait avec deux mentions additionnelles: il faut boire avec modération et avoir le réflexe éthylotest». Outox France se définit comme une «société commerciale à préoccupation citoyenne» et entend même travailler main dans la main avec les centres de secours et hôpitaux en leur offrant 100.000 cannettes par an.
Les objectifs liées à la distribution sont ambitieuses: discothèques, bars et restaurants, GMS, distributeurs automatiques, mais aucun contrat de distribution n'a encore été signé à ce jour. Outox annonçait bien la mise en vente du produit en exclusivité sur le site internet dès le 18 juin 2010, mais on attend toujours... Les responsables sont tout de même confiants et prévoient 700.000 à 1 million de canettes vendues en 2011.
La France est considérée comme un marché test, qui définira la stratégie à mettre en place sur les marchés suivants. Et si Outox ne parvient pas à être autorisée en France, le projet sera-t-il abandonné? La boisson rejoindra alors les autres produits anti-alcoolémie qui n'ont jamais obtenu le succès espéré, comme Alcostop, Security Feel Better et Desalco.