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L'instant d'Instagram

Publié par Fabrice Frossart le - mis à jour à

Le pari d'un réseau social photographique était osé. Pourtant, en 18 mois, ce sont 15 millions de possesseurs d'iPhone qui ont déjà succombé à l'attrait de cette application et échangé 400 millions de photos. Et ce n'est pas fini : Windows et Androïd sont sur les rails.

Des tchats, des paysages brumeux, des lieux, des portraits, des fragments de corps, des citations, des publicités, des tentatives de compositions graphiques. Instagram fragmente la banalité quotidienne en clichés arty. Filtres de saturation, de solarisation, flou digne de la lomographie ou des Instamatic et autres Polaroïd, le réel passé au filtre sublime, l’instant aux couleurs Kodachrome.

Instagram repose bien sur l’instant, et c’est sans doute, avec le côté artistique, cette instantanéité qui façonne le succès de l’application. À l’opposé de la lente révélation si chère à Roland Barthes dans son essai sur la photo argentique, la chambre claire, Instagram propose un cliché instantané partagé en temps réel via un blog (Tumblr, pensé pour être ultra simple à utiliser, doit beaucoup à Instagram et inversement), Facebook, Twitter et autre Pinterest, et ce avec une adamantine simplicité. Ce que propose Instagram, c’est une actualisation photographique de son statut. Plus riche qu’un statut statique de Facebook, Instagram est dans la déclaration et le partage immédiat de sa situation, qu’elle soit subjective ou objective, mise en scène ou improvisée, mais reflétant toujours l’état d’esprit et un point de vue. Et, dans tous les cas, une émotion.

Pour les marques, ces composantes sont pain béni. À l’heure où le contenu est roi en marketing, le partage de photos est, pour elle le meilleur moyen de jouer sur l’émotion, la proximité de l’instant, la composition de l’image et de partager avec sa communauté. Starbuck, Levis, Tiffany (image ci-dessus), Etam, Bergdorfs, GE, de nombreux médias, des artistes comme Moby, des salons tels celui de Detroit (image ci-dessous) consacré à l’automobile ou encore les hommes politiques à l'instar d'Obama, se sont déjà emparés de ce média. La force de l’image couplée à la communauté est une formule forcément gagnante. D’autant plus quand cette brique photographique peut être redistribuée et partagée sur les autres réseaux sociaux déjà existants ou être suivi via un lien RSS, un service proposé par exemple par Followgram.

Dans cette hypothèse, l’argument "roiste" peut être avancé. Mais est-ce vraiment le sujet ? La connivence, la proximité, l’émotion sont les principaux leviers recherchés en marketing. Cette minuscule application, gratuite, propose de jouer sur ces leviers. Aux marques de raconter une histoire, de créer de l’émotion - ce court-circuit de la raison - et de la proximité.

Les règles sont connues, les moyens à mettre en œuvre honteusement abordables et les résultats mesurables. Ne manque plus que le passage d’Instagram vers Android (600 000 nouvelles activations par jour) et Windows pour que le storytelling d'Instagram transforme un peu plus le marketing en un univers peuplé d'histoires et de partages, en un instant singulier.

Vous utlisez déjà Instagram ? Votre avis m'intéresse.

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