Gilles Pélisson (TF1) exige des opérateurs une rétribution juste
Publié par Mégane Gensous le - mis à jour à
Interrogé lors d'un petit-déjeuner de l'AJM sur le bras de fer actuel entre SFR et le Groupe TF1, son PDG s'est prononcé en faveur d'une évolution des relations entre opérateurs télécoms et diffuseurs hertziens au nom d'un difficile équilibre économique.
Depuis le 29 juillet dernier, les bénéficiaires de l'offre triple play (Internet, téléphone et télévision) de SFR ne peuvent plus regarder en replay les chaînes TF1, TMC, NT1, HD1 et LCI. En cause, la volonté du groupe audiovisuel de faire payer les FAI pour obtenir le droit de diffuser ses chaînes via leurs box. Deux mois plus tard, à l'occasion d'une réunion matinale de l'Association des Journalistes Médias (AJM), son président-directeur général Gilles Pélisson parle toujours d'"un bras de fer" entre le Groupe TF1 et l'opérateur d'Altice. "Une situation bloquée", malgré la fin du contrat commercial liant les deux acteurs, qui rappelle celle qui se déroule actuellement aux Etats-Unis : Disney, qui édite notamment ABC et ESPN, exige d'Optimum (filiale américaine d'Altice) une augmentation du coût de diffusion de ses chaînes, sans quoi le contrat ne sera pas prolongé. En parallèle, la branche audiovisuelle de la Walt Disney Company n'exclut pas de lancer son propre service OTT l'an prochain.
A la recherche d'un business model
Avec les autres opérateurs télécoms, Orange et Bouygues son principal actionnaire, le Groupe TF1 indique "poursuivre les discussions" sans encombre, donc. C'est pourtant à hauteur de 10% de leurs revenus issus de l'offre triple play que Gilles Pélisson aimeraient taxer les FAI, y compris sa maison-mère avec qui l'idée de convergence est toujours écartée. Derrière ce chiffre, le calcul suivant : les chaînes du Groupe TF1 captent environ 30% de l'audience en télévision, tandis que la télévision représente 30% de l'offre des opérateurs télécoms. Face aux faibles recettes publicitaires tirées du replay, "comment maintenir un équilibre entre nos revenus et nos investissements dans des contenus de qualité (dont 160 millions d'euros rien que pour les formats d'information par exemple) ?' se justifie-t-il. D'autant que dans le marché des contenus, "TF1 fait figure de nain par rapport aux 7 milliards investis par Netflix ou aux 4 milliards d'Amazon". Cette problématique du partage de la valeur questionne également du côté des plateformes sociales : l'offre TF1 One lancée suite au rachat de MinuteBuzz en décembre 2016 a du mal à trouver son modèle, notamment face à la difficulté de Facebook à redistribuer les revenus.