Twitter peut impacter votre business
Publié par Emilie Kovacs le | Mis à jour le
Caroline Wiertz, docteur en marketing à l'Université Cass Business School de Londres, est venue à Paris présenter l'étude "The Twitter effect", coréalisée avec l'Université Münster. Ses travaux prouvent que le réseau social affecte le chiffre d'affaires de l'industrie du cinéma.
« 70 % des abonnés font confiance aux avis des gens qu’ils suivent sur Twitter et ce taux grimpe à 90 % quand on “suit” un de ses proches. » Partant de ce constat, Caroline Wiertz, docteur en marketing à l’université Cass Business School de Londres, a coréalisé une étude sur l’influence de Twitter sur le business (“The Twitter effect”) avec le professeur Thorsten Hennig-Thurau de l’université allemande Münster. Les deux enseignants ont concentré leur recherche sur l’industrie cinématographique aux États-Unis, et notamment sur les films “wild release”, ceux qui génèrent 50 % de leurs revenus le premier week-end de leur sortie en salles.
Pendant un an, d’octobre 2009 à octobre 2010, ils ont étudié 105 films sortis aux USA et analysé les quatre millions de tweets postés pendant les trois premiers jours de projection. Manuellement, ils ont analysé 30 000 tweets (grâce à l’accord exceptionnel du réseau social) qui ont permis d’élaborer un algorithme ensuite testé sur 20 000 autres “gazouillis”.
« Pour chacun des films, il y a toujours plus d’avis positifs que d’avis négatifs. Cependant, la différence entre le nombre d’avis positifs et le nombre d’avis négatifs varie énormément d'un film à l'autre : de 3 positifs pour 1 négatif pour “A Nightmare on Elm Street” à 40 positifs pour un négatif pour "How to train your dragon”. Or, si l’on applique le ratio du film le moins bien noté sur Twitter à celui qui est le mieux noté, ce dernier perd 4 millions de dollars. L'opération inverse permet, elle, de faire gagner 6 millions de dollars au film qui a le plus plu. »
L’étude “The Twitter effect” a été présentée aux industriels américains du cinéma qui ne nient pas l’impact de Twitter sur leur activité. Ils ont même demandé à Caroline s’ils pouvaient influencer les “twittos” (ndlr : ceux qui tweetent) ; « ce qui est évidemment impossible tant le flux est dense et immédiat », explique Caroline Wiertz, avant de déclarer les conséquences induies par cette étude : « Cela va inciter les producteurs à produire de meilleurs films pour espérer récolter un maximum d’avis positifs et amplifier le bouche-à-oreille ! »
« L’impact de Twitter sur l’industrie cinématographique vaut aussi pour l’industrie des jeux vidéo, les livres, les morceaux de musique/CD, et les produits high-tech/tendance, qui ont le même business modèle, à savoir la réalisation de la majorité de leur bénéfice dans les premiers jours de leur sortie », ajoute Caroline Wiertz.
La chercheuse s'apprête maintenant à plancher sur d'autres projets, en rapport cette fois avec les réseaux sociaux qui utilisent les photos et les images...
La semaine dernière, Caroline Wiertz était à Paris depuis deux mois, notamment pour donner des cours aux écoles de commerce HEC et ECSP/EAP. Elle est diplômée d’un MSC en business international et d’un PHD en marketing de l’université de Maastricht située aux Pays-Bas. La majorité de ses recherches porte sur marketing, nouveaux médias et comportements du consommateur.