[Retro 2020] Nicolas Chabanne (C'est qui le patron ?!) : "La crise a permis à de nombreux consommateurs de se questionner"
Publié par Clément Fages le | Mis à jour le
Partage et transparence... Du lancement de l'Applis des Conso à celui du Fonds de solidarité des consos et citoyens, Nicolas Chabanne, initiateur de C'est qui le patron ?!, liste les bouleversements qu'il retiendra de 2020 en essayant de faire ressortir le positif !
Que retenez-vous de positif en 2020 ?
Je veux mettre en avant le mouvement de partage qui s'empare des entreprises, et cela à plusieurs niveaux. Prenez notre Appli des Consos, officiellement lancée le 17 novembre : des acteurs comme Carrefour ou Nestlé acceptent de partager les informations concernant les méthodes de fabrication des produits des Filières Qualité Carrefour ou des marques Chocapic et Fitness. Nos sociétaires vérifient qu'elles respectent leurs engagements nutritionnels, environnementaux, et sociaux, notamment en matière de juste rémunération des producteurs... Chaque mois, nous indiquerons sur notre site les entreprises qui jouent le jeu. Mais cela va plus loin, et ces marques participent aussi au Fonds de solidarité des consos et citoyens, que nous avons mis en place cette année pour aider les personnes mises en difficulté par la crise sanitaire. Dans l'application, les produits qui adoptent cette initiative de partage sont mis en avant via un pictogramme dédié. Chocapic et Fitness sont ainsi les deux premières marques à reverser un centime par paquet vendu au fonds. De son côté, Carrefour a versé 250 000 euros au fonds, Panzani l'a fait à hauteur de 150 000 euros, et Cdiscount va également le faire pour environ 100 000 euros, après que nous avons interpellé Amazon sur Twitter !
Fallait-il cette crise sanitaire pour pousser les entreprises à agir ?
Non bien sûr ! Il y avait des braises. En soufflant dessus, ça s'est transformé en feu qui consume petit à petit les anciennes pratiques. La crise a permis à de nombreux consommateurs de se questionner. Face aux problématiques de pouvoir d'achat, chaque euro est important, et on se demande de plus en plus : à qui profite-t-il ? Quelle vision du monde nourrit-il ? Où va mon argent ? Les consommateurs veulent de la transparence, pour donner du sens à leurs achats et ne plus être associés à la destruction de la valeur. C'est cette accélération que je retiens, et que les fabricants doivent désormais prendre en compte. Notre plus grande victoire, ce n'est pas de vendre des millions de litres de lait. C'est de voir la vingtaine d'initiatives équitables qui se sont lancées depuis, et qui permettent de revaloriser l'ensemble de la filière. C'est notre objectif, tant en lançant de nouvelles références qu'en mettant en place le fonds, qui capitalise sur notre succès pour améliorer encore le partage de la valeur. C'est notre façon de faire du marketing. Il faut arrêter la pub qui essaie de créer par magie une réalité virtuelle éloignée de la réalité.
Un mot sur une autre initiative lancée à l'occasion du confinement : la possibilité de réaliser des commandes groupées de produits CQLP et d'être livré chez un commerçant en difficulté. Où en êtes-vous ?
Nous l'avons mise en veille car nous avons enregistré plus de demandes que nous ne le prévoyions. Nous devons retravailler le concept pour être certains que ce service réponde à nos engagements, et c'est ce que nous faisons, toujours avec la startup Welco, en proposant bientôt la "Livraison du consommateur " , qui permet à n'importe qui d'indiquer qu'il est prêt à réceptionner des commandes, contre rémunération. Nous voulons sortir de la livraison prônée par Amazon, qui laisse penser que c'est un service gratuit et express. La livraison a un coût, notamment écologique, et il faut arrêter les va-et-vient inutiles des livreurs. Avec ce service, nous allons permettre à des particuliers ou des commerçants d'avoir un complément de revenu, jusqu'à 400 euros par mois, et en plus nous allons créer du lien social !