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Mon "personal shopper" est un diététicien

Publié par Hugues Serraf le - mis à jour à

"Mon personal shopper alimentaire n'est pas dispo aujourd'hui, mais celui qui s'occupe du textile non plus..."

Aux États-Unis, des chaînes de supermarchés embauchent des diététiciens pour conseiller leur clientèle en matière d'achats alimentaires. Les fabricants de produits hypercaloriques risquent de faire la tête...

Moi qui n'ai strictement aucun goût en matière vestimentaire, je pourrais certainement profiter des conseils du " personal shopper " d'une boutique de vêtements. Mais ces professionnels du beau ne hantent généralement que les établissements de luxe sous nos latitudes, et les chaînes de milieu de gamme que je fréquente n'ont pas encore élaboré ce profil de poste. Il y a bien des free lance, bien sûr, mais si c'est pour m'aider à choisir un short de running chez Décathlon, ils risquent d'être légèrement surqualifiés...

Aux États-Unis, un pays où l'on peut se faire conseiller par le titulaire d'un doctorat en lookologie même dans les enseignes les plus modestes, on en est déjà au coup d'après : le personal shopper alimentaire. C'est que lorsque le pourcentage d'obèses passe la barre des 35%, comme c'est le cas de l'autre côté de la grande bleue (en France, on joue petit bras avec un ridicule 14% mais il paraît que l'on fait de sérieux efforts de rattrapage), il est temps d'innover. Je lis justement, dans Advertising Age, qui est un peu le petit frère yankee de Marketing Magazine, que le diététicien d'hypermarché est " the next big thing " (ha ha ha !) en matière de marketing dans la grande distribution. Ainsi, plusieurs chaînes locales (Hy Vee, Wegmans, Giant Eagle) auraient déjà recruté des " personal shoppers " spécialisés dans la maîtrise de l'apport calorique, dont le rôle est de vous apprendre, non pas à consommer moins, ce serait assez contreproductif, mais plutôt à consommer mieux.

Hy Vee, la chaîne la plus en avance dans ce domaine, sans doute parce qu'elle est basée dans l'Iowa, un État du Midwest encore plus touché par l'enfer graisseux que les autres, emploie 190 diététiciens dans ses 290 établissements et le succès à l'air d'être au rendez-vous. Attention, il ne s'agit pas exactement d'une opération philanthropique (même si certains des services offerts sont gratuits), puisqu'il en coûte la bagatelle de 119 dollars pour deux séances de coaching. Comme dans les meilleures librairies, pour autant, des petits papillons frappés d'un " choix du diététicien " sont également apposés sur les produits les plus recommandés par la Faculté.

Tout cela est bel et bon, mais la question que l'on est forcé de se poser (mais sur laquelle nos confrères américains ont fait l'impasse, les étourdis !), c'est quid des produits qu'un diététicien vraiment objectif sera forcé de démolir mais que son directeur de magasin a légitimement envie de pousser... On ne va prendre d'exemple spécifique, parce que ça ne serait pas sympa, mais on imagine des conflits d'intérêts que même un Jérôme Cahuzac repèrerait du premier coup d'oeil !

Bah, trêve de mauvais esprit : un diététicien dans un magasin qui vend des bouteilles de trois litres de boisson sucrée et des lots familiaux de 25 pizzas surgelées n'est pas forcément un éléphant dans un magasin de porcelaine. Après tout, le cola et les nachos, il suffit peut-être de suggérer au client d'en manger moins plutôt que plus du tout. Ça serait déjà un bon début. Ou encore de faire un tour au rayon bio à l'occasion, pourquoi pas... Non, je rigole !

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