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[Portrait] Julie Joly, directrice générale de l'Obs

Publié par Marie-Juliette Levin le | Mis à jour le

Julie Joly, directrice générale de l'Obs,

A la tête de l'Obs depuis près de deux ans, Julie Joly est une touche-à-tout, passée par la banque, l'humanitaire, l'édition, le journalisme... Sur fond de crise du papier et de la presse, ses défis sont aujourd'hui nombreux pour faire renouer l'hebdomadaire avec la croissance. Portrait de cet "esprit curieux".

Si la chance sourit aux audacieux, Julie Joly profite d'un sérieux atout. Tenter, oser, bousculer, voilà ce qui stimule cette inconditionnelle optimiste. À la tête de l'Obs depuis plus de 18 mois, la jeune femme ouvre un nouveau chapitre de sa carrière, avec un appétit insatiable. "Je sais transformer ma chance quand elle se présente", déclare l'intéressée, en mode "feel good" matinal. "J'ai rejoint une équipe formidable composée de beaucoup de femmes, installées aux postes clé. Ça ne m'étonne pas que la presse se féminise, car bien souvent face aux difficultés, les femmes partent au combat", s'amuse l'ex-journaliste, très honorée de rejoindre l'hebdomadaire "mythique", figure de la presse magazine.

Ses chantiers sont nombreux, la tâche difficile. "Je suis en prise directe avec la direction d'un groupe que je ne connais pas bien encore. Et avec des enjeux qui se complexifient sur fond de crise du papier et de la presse. Le plus dur est de passer par la décroissance, d'investir massivement avant de renouer avec la croissance, pas avant 3 ou 4 ans", explique l'entrepreneuse, ex-HEC. Son projet est de conforter le modèle économique, construire une affirmation identitaire, mettre en valeur ce que les 130 journalistes produisent, sans toucher au produit papier, grâce à un écrin numérique amélioré (site web revisité et une nouvelle application qui verra le jour en 2024). "On me demande de tout tenter. Je fonce, j'y crois". Convaincante, on la croit. La demi-mesure n'est pas dans son registre. À chaque prise de fonction, elle bosse dur pour "ne pas décevoir", "être la hauteur", précise celle qui, réflexe féminin, souffre trop souvent du syndrome d'imposture. Fonceuse et exigeante, "on peut lui faire confiance pour tout donner", témoigne son entourage.

Faire sens

Après des expériences décevantes dans la banque, l'humanitaire et l'édition, elle fait ses débuts de journaliste à la Tribune, comme correspondante à Francfort, puis rejoint la rédaction de l'Express, en 1999, très vite repérée par Sabine Delanglade, alors rédactrice en chef, qui apprécie son style et son efficacité. "C'est une personnalité attachante. À la fois intuitive et sentimentale, elle a une juste vision des choses", commente l'actuelle éditorialiste aux Échos. Son expérience va durer 13 ans. Courageuse, engagée, elle se lie d'amitié avec de nombreux collègues. "C'est un esprit ouvert, qui n'a pas froid aux yeux", témoigne Guillaume Grallet, un de ses anciens confrères.

Tournant dans sa vie professionnelle, en 2012, Christophe Deloire lui propose de le remplacer à la direction du Centre de Formation des Journalistes (CFJ). "C'est un cerveau multiple capable de travailler des registres différents", précise l'actuel secrétaire général de reporters sans frontières (RSF). Elle quitte l'écriture "sans regret" pour se consacrer à la formation des jeunes journalistes. Elle structure la gouvernance, refond la maquette pédagogique, et se prend de passion pour ce nouveau métier. "En prise directe avec les questionnements des étudiants, je me suis vite sentie responsable de leurs choix, de leur avenir. Il fallait que je mette tout en oeuvre pour eux. J'ai aussi découvert le plaisir de gérer et de redresser une boîte", s'enthousiasme Julie Joly. Proche de ses élèves et soucieuse de donner sa chance à chacun, elle lance l'école W (groupe Abilways) en 2016, un parcours post-bac en trois ans préparant aux concours des écoles de journalisme. "Une école par la pratique", définit la défricheuse de talents. Selon Marie Ducastel qui l'a recrutée au CFJ, "elle a rendu le projet possible sur la base de partis pris pédagogiques sans concession". Aujourd'hui, son retour en presse est un nouveau challenge à la hauteur de ses ambitions. Une nouvelle opportunité à saisir avec cette énergie communicative qui ne la quitte jamais.

Son parcours :

2022 : DG l'Obs

2016 : DG Ecole W

2012 : DG CFJ

1999 : Journaliste l'Express

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