[Billet] Halte au marketing bashing !
Publié par Stéfanie Moge-Masson, directrice de la rédaction de Marketing le - mis à jour à
C'est un fait ancien: pour Monsieur Tout-le-Monde, le marketing et la pub sont pour le moins suspects. Pourtant, 71% de nos compatriotes les jugent utiles ou agréables, et lui reconnaissent une utilité économique. Et si on arrêtait le marketing bashing?
Pour Danielle Simonnet, coordinatrice du Front de Gauche, en 2014, elle "véhicule des stéréotypes qui nuisent à la citoyenneté et aliènent nos consciences". Mais de quel fléau pouvait donc bien parler Madame Simonnet, dans ce brulot publié en janvier 2014 sur le site Rue89? L'ennemi public que pointait la candidate aux municipales parisiennes, dont le programme prônait la suppression pure et simple des panneaux d'affichage dans la capitale, n'était autre que... La publicité. Et d'argumenter : "A une époque où les citoyens sont priés d'adapter leur comportement au respect de l'environnement, la publicité est l'une des activités les plus polluantes qui soient." Ou encore : "En grignotant toujours plus de notre temps de cerveau disponible, la publicité participe à nous rendre conformistes et dociles."
C'est un fait très ancien : pour Monsieur Tout-le-Monde, le marketing, la pub, sont pour le moins suspects. "Tout ça, c'est du marketing..." Comprenez "tout ça, c'est du vent, de la poudre aux yeux, pour ne pas dire de l'arnaque". Comme si le flacon d'un parfum, le packaging d'une crème, l'architecture d'une boutique ou encore la pub TV d'une automobile étaient les ennemis du libre arbitre, des machines à abêtir le consommateur. Mais le marketing bashing (et son corrolaire, la haine de la pub) prennent aujourd'hui une ampleur inégalée. Pub et marketing seraient tellement dangereux que les panneaux publicitaires ont été interdits, l'été dernier, aux abords des villes de moins de 10 000 habitants*. L'affichage a été banni par le maire écologiste de Grenoble qui, il y a un an, faisait démonter les panneaux publicitaires de sa ville. Sans parler des collectifs certes un brin hurluberlus tels que Les Déboulonneurs, lequel invite les citoyens à "faire tomber la pub de son piédestal", en barbouillant rageusement les panneaux d'affichage.
71% de nos compatriotes jugent la pub utile et/ou agréable
Last but not least, la hargne anti-pub a, aujourd'hui, son volet digital : le boom des adblockers. Selon une étude PageFair/Adobe, il y avait, en juin dernier, près de 200 millions d'utilisateurs actifs d'adblockers dans le monde, soit une progression de 40% en un an. Un excès en entraînant un autre, les internautes, irrités par des pratiques quelquefois très intrusives, dont le retargeting, sont de plus en plus nombreux à s'équiper de ces logiciels bloqueurs de publicité en ligne. Pourquoi tant de haine contre un secteur qui, preuves à l'appui, stimule la consommation, emploie des centaines de milliers de salariés (420 000 selon Studyrama) et reste, au fond, cher au coeur de beaucoup de Français.. Selon une étude réalisée en 2013 par TNS-Sofrès pour l'agence Australie, 71% de nos compatriotes jugent la pub utile et/ou agréable. Bien que de plus en plus critiques vis-à-vis des discours standardisés ou des médias trop envahissants, ils ne sont, finalement, pas si nombreux que ça à rejeter un canal dont ils perçoivent encore l'utilité économique et la vertu divertissante. Alors, si on faisait la pub de la pub ?