Amazon ouvre une place de marché dédiée à l'impression 3D
Publié par Philippe Crouzillacq le - mis à jour à
Le groupe américain propose un catalogue de 200 objets personnalisables dont la fabrication à la demande est prise en charge par plusieurs partenaires, au nombre desquels on retrouve la start-up française Sculpteo.
Quelques jours après avoir publié des résultats financiers décevants (126 millions de dollars de pertes pour 19,34 milliards de chiffre d'affaires au second trimestre), Amazon rebondit en se positionnant sur un secteur à fort potentiel: l'impression 3D.
Le groupe Internet a annoncé lundi 28 juillet l'ouverture d'une place de marché (marketplace) dédiée. Pour commencer la boutique 3D Printed Products d'Amazon propose un catalogue de 200 références. Ces objets (des figurines, des bijoux, des jouets, des coques de smartphone...) sont personnalisables, produits, et expédiés à la demande par des spécialistes de l'impression 3D, tels que Mixee, 3DLT ou le français Sculpteo (cf. encadré).
S'il est possible de choisir la couleur, d'ajouter du texte, ou de sélectionner le matériau de fabrication d'un objet, impossible (pour le moment) d'amender ou de toucher au design des références présentes en catalogue. Un module permet toutefois de visionner l'objet de son choix en 3D et de le faire bouger à 360 degrés, avant de le commander en ligne pour quelques dizaines de dollars. Compter six à dix jours pour la livraison.
Sculpteo, la start-up française partenaire d'Amazon
"Nous pensions que, compte tenu de la facilité d'utilisation, le marché grand public décollerait très vite, que nous passerions d'un monde de consommateurs à un monde de co-créateurs" déclarait en mai dernier au quotidien économique La Tribune, Eric Carreel, président de Sculpteo. "Nous sommes certains que cette technologie de l'impression 3D va participer à une révolution, mais une révolution moins excitante : le grand public ne le saura pas. Mais cela va changer la vie des industriels, de ceux qui fabriquent les produits pour le grand public. Pour nous, la vraie croissance est là."
Il faut croire que la porte du grand public ne s'est pas totalement refermée sur les activités de Sculpteo, puisque l'on retrouve aujourd'hui cette jeune start-up, fondée en 2009, implantée à Issy-les-Moulineaux (et à San Francisco) parmi les partenaires de la marketplace d'Amazon. "Avec l'impression 3D la seule limite au désir du client ce n'est plus le nombre d'articles en stock mais tout simplement son imagination", avance pour sa part Clément Moreau, directeur général et co-fondateur de Sculpteo.
Sculpteo qui possédait déjà une usine de production à Arreau (Hautes-Pyrénées) ouvrira en septembre prochain un autre site de production de 850 mètres carrés à Villejuif (Val-de-Marne). A l'occasion du CES 2014, à Las Vegas, Sculpteo avait présenté un logiciel permettant le traitement par lots afin de fabriquer de plus grandes quantités d'objets et d'optimiser les coûts de fabrication.
"La personnalisation, cela permet au client de se créer un monde, un univers qui lui est propre", explique Nancy Liang, co-fondatrice de Mixee Labs, l'un des partenaires de la nouvelle marketplace. L'initiative est loin d'être la première du genre. Des plateformes, comme Shapeways et dans une moindre mesure Etsy, proposent depuis longtemps des milliers de créations issues de l'impression 3D.
Si la technologie existe depuis plus de 25 ans elle n'a commencé à décoller et à capter la curiosité du grand public qu'il y a quelques années. En 2012, le journaliste américain Chris Anderson, alors rédacteur-en-chef du magazine Wired, définit dans son livre Makers, les contours de ce qui n'est, selon lui, rien de moins qu'une "nouvelle révolution industrielle". La réalité se chargera de tempérer quelque peu ses ardeurs, mais le mouvement est lancé.
La révolution suit son cours
Aujourd'hui, si elle n'a pas encore été massivement adopté par le très grand public pour qui elle n'est souvent synonyme que de "coque de smartphone personnalisable", l'impression 3D investit tous les champs de la société (à commencer par le domaine médical). En France le groupe La Poste a ouvert en novembre 2013 dans trois de ses bureaux à Paris (La Boétie, Bonne Nouvelle) et à Boulogne-Billancourt (Hôtel-de-Ville), un espace dédié à l'impression 3D. L'expérience se poursuit actuellement à Bordeaux (Mériadeck) et devrait être étendue à une machine par région à l'automne 2014.
En pratique sur les quelques centaines d'objets imprimés via la Poste seulement 5% des pièces ont été produites sur place, relève La Tribune. La quasi-totalité des commandes est orientée vers Sculpteo (également partenaire d'Amazon cf.encadré). La Poste propose deux offres: l'une pour les particuliers (choix sur catalogue ou impression sur la base d'un fichier 3D apporté sur place), l'autre pour les professionnels (par exemple des architectes désireux d'imprimer des maquettes).