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Fred Volhuer (Atlas V) : "Le Web spatialisé remplacera nos écrans"

Publié par Clément Fages le - mis à jour à

La VR pour Meta (ex-Facebook) ou Microsoft, l'AR pour Google ou Snap, et la blockchain et le Web3 pour des acteurs comme The Sandbox... De son côté, le studio Atlas V se veut agnostique, et se voit en leader créatif du metaverse. Fred Volhuer, son co-fondateur, nous explique pourquoi la France a une carte à jouer dans ce nouveau marché.

De nombreuses entreprises, dont vous, se revendiquent des pionnières du metaverse. AR, VR, blockchain... Qui représente le mieux la notion de metaverse ?

C'est un nouveau monde, qui attire de nombreux acteurs. Tous ont une partie de la réponse. De notre côté, nous sommes des spécialistes en matière de création de contenus immersifs et interactifs. Quant à parler de metaverse... Aujourd'hui, ça ne reste qu'une idée, qui a considérablement gagné en notoriété depuis le rebranding de Facebook en Meta fin 2021. C'est l'idée que nous pourrons passer d'un environnement virtuel à un autre, pour communiquer, commercer, s'amuser... Une sorte de don d'ubiquité technologique dont nous sommes encore loin ! Pour autant, il ne faut pas distinguer les notions de réalité augmentée ou virtuelle. Pour nous, il n'y a pas de différence : il ne s'agit que de tromper nos sens grâce à une simulation technologique. Pour certains usages, nous n'aurons besoin que de l'AR, pour d'autres de la VR, et potentiellement, nous voudrions retrouver certains objets physiques dans toutes les applications de cette réalité virtuelle. Par exemple, nous voudrions que notre moi virtuel, notre avatar, porte les mêmes sneakers que celles que nous portons dans la réalité physique : c'est là que la blockchain et les NFT ont une utilité.

Ce serait comme de passer d'un appel classique à un appel en visio... Mais pour quels usages ?

C'est toute la question ! Chez Atlas V, nous sommes des spécialistes du storytelling et de la gamification. Je suis convaincu que le monde virtuel ne doit pas être une simple copie du monde réel. Ce serait très triste de simplement pouvoir travailler dans le metaverse, alors que c'est un monde dans lequel nous n'aurons aucune limite ! Il faut pouvoir surfer sur les anneaux de Saturne, ou visiter la Grotte Chauvet en compagnie des hommes préhistoriques qui l'ont décoré. Quitte à reproduire le réel, il faut que cela nous permette d'en dépasser les limites. En France, il y a une intensité de l'offre culturelle folle et nous avons l'occasion de réinventer la manière de la consommer. Avec Arte, nous venons par exemple d'organiser un concert live accessible en réalité virtuelle sur Horizon World, la plateforme de Meta, ex-Facebook. À l'avenir, il n'y a aucune raison que les concerts, les pièces de théâtres, les opéras ou les musées ne soient pas accessibles via le Web spatialisé, qui, j'en suis certain, remplacera à terme nos écrans.

Quels sont les enjeux de ce Web spatialisé ?

Cela fait déjà quatre ans que nous travaillons sur ces technologies disruptives, avec l'idée qu'accéder aux contenus numériques via un écran de plus en plus petit ne fait plus sens dès lors que la 5G et les lunettes de réalité augmentée ou virtuelle se seront démocratisées. Pour ce qui nous concerne, nous ne faisons pas de hardware, mais avons clairement un rôle à jouer dans la création des formats et des contenus qui vont susciter la curiosité des utilisateurs. Il faut définir les normes du Web spatialisé, au même titre qu'au début du cinéma sonore, les 24 images par secondes se sont imposées. C'est ce qui permettra l'interopérabilité qu'il manque encore entre les plateformes. Pour l'instant, le format FBX se développe, mais il est encore loin de faire consensus.

Atlas V est plus connu aux Etats-Unis qu'en France, pourtant, vous avez décidé de revenir vous installer dans l'Hexagone que vous qualifiez de "Silicon Valley des Metavers". Quels sont nos atouts ?

Tout d'abord, il y a cette offre culturelle dont je parlais tout à l'heure. Nous n'avons peut-être pas toutes les cartes en main en ce qui concerne les infrastructures, mais nous disposons de solides atouts en matière de créativité. L'enjeu est de réussir à retenir ces talents, que ce soit les ingénieurs, les développeurs, les designers ou les graphistes, avant qu'ils ne rejoignent la Silicon Valley ou Walt Disney ! Ces gens sont très souvent formés dans des écoles publiques, avec nos impôts... Nous sommes victimes de notre incapacité à proposer des jobs intéressants à ces personnes, et c'est ce que nous voulons changer. Ce n'est pas tant un problème de financements publics, puisque nous disposons de nombreuses aides à la création, que ce soit de la part de la BPI ou du CNC. Mais il manque peut-être un accompagnement plus poussé des investisseurs privés ou des grandes entreprises en early stage. On peut se féliciter de compter 25 ou bientôt 30 licornes. Mais cela reste encore trop peu par rapport à la taille de notre économie lorsque nous nous comparons avec le Royaume-Uni ou l'Allemagne.

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