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[Portrait conso] Qui sont les "dataïstes" ?

Publié par Rémy Oudghiri le | Mis à jour le

Les obsédés de la data prolifèrent. Que révèle cette quantification de soi maintenant devenue universelle ?

Les consommateurs sont fascinés par leurs datas. Certains emmagasinent une myriade de données. Au quotidien, ils décortiquent leur nombre d'heures de sommeil, les kilomètres qu'ils ont parcourus ou leur rythme cardiaque. Ces adeptes du "quantified self" sont des obsédés des datas. Pourquoi ne pas les appeler les "dataïstes" ? Leur émergence est le symptôme de la grande mutation dans laquelle nous sommes pris. D'où l'intérêt d'y regarder de plus près.

Les "dataïstes" ne sont pas encore nombreux en France, mais leur effectif est appelé à croître. En effet, si 3 % seulement des consommateurs disent aujourd'hui surveiller leur santé ou leur alimentation via un outil électronique, un nombre bien plus important s'y intéresse. 33 % des Français pourraient franchir le pas dans les années à venir. Ce mouvement est surtout porté par les moins de 40 ans mais l'âge ne dit pas tout. Ni le sexe, car les hommes ne sont que faiblement majoritaires par rapport aux femmes. De plus près1, on découvre que les "dataïstes" partagent certains traits spécifiques. Où qu'ils se trouvent, ils ressentent le besoin d'avoir accès au Web. Leur smartphone est leur Graal. Avec, ils font tout, ou presque : ils réservent, visionnent des films, réalisent des opérations bancaires, achètent, jouent... Les "dataïstes" sont aussi très actifs sur les réseaux sociaux. Ils consultent les avis, postent des nouvelles d'eux-mêmes ou commentent.

N'allons pas non plus les imaginer pas sous les traits caricaturaux du "nerd" ou de l'homme "augmenté". Près de la moitié vit tranquillement en couple et 60 % ont des enfants. Un peu plus diplômés que la moyenne, ils se démarquent par leur optimisme. Ils croient fermement en les progrès de la science et se sentent proches des personnalités qui veulent changer la société. Halte au principe de précaution ! Les dataïstes valorisent l'expérimentation. Même s'ils sont conscients des risques liés à la prolifération des données.

Des consommateurs plutôt anxieux

Côté santé, ils souffrent de certaines des pathologies de leur époque. Malgré leur jeune âge, certains ont déjà quelques kilos en trop et ont des problèmes de diabète ou de cholestérol. Et quand ils n'en ont pas, ils redoutent d'en souffrir à l'avenir. Ils sont aussi plus sujets au stress et fatigués que la moyenne. C'est d'ailleurs une des aspirations des "dataïstes" : se relaxer. La mesure de soi serait-elle pour eux une façon de mieux se contrôler et d'atteindre ainsi à plus de bien-être personnel ? L'avenir le dira...

Mais ce qui les distingue le plus du reste de la population française, c'est leur peur de la mort. Aux États-Unis, les partisans du "transhumanisme" pensent que la convergence des technologies de l'information et de la biologie vont nous faire gagner un siècle d'espérance de vie. Le big data nous rendra-t-il immortels ? Les "dataïstes" le croient peut-être...

1Via les 4500, l'Observatoire des modes de vie et de consommation des Français (Ipsos, 2014).

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L'EXPERT: Rémy Oudghiri

Rémy Oudghiri est directeur du département tendances et prospective d'Ipsos.


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