Jacques Chirac, le marketing bien avant l'heure
Publié par Eloise Cohen le - mis à jour à
Alors que l'enterrement de Jacques Chirac a eu lieu lundi 30 septembre, il suffit de se pencher sur la vie et l'oeuvre du président pour réaliser l'ampleur de son savoir-faire et savoir-être marketing. Une vision dont les marketeurs auraient tout intérêt à s'inspirer.
"Être dans le vent, c'est un peu avoir un destin de feuille morte". Fidèle, tout du moins à son adage, c'est en pleine montée de hype que Jacques Chirac a pris la tangente, jeudi 26 septembre. Aujourd'hui star des réseaux sociaux, héros d'un trumblr toujours plus viral, l'homme a, il est vrai, profité des circonstances pour gagner en coolitude. Pour autant, il suffit de se pencher sur les photos du jeune énarque, dégingandé dans des costumes mal taillés, pour voir que, déjà, tout était là... Bien avant les Guignols de l'info, bien avant la culotte de Madonna à ses pieds, Jacquot avait, bien avant l'heure, tout compris au marketing. Pourquoi ? Déjà car il cultivait tout ce qui, comme on dit aujourd'hui, faisait vrai. Probablement plus par naturel que réel calcul politique, celui qui vivait sous les ors de la République ne refusait jamais une bonne tête de veau sauce gribiche arrosée de quelques mousses.
Lui dont le bureau renfermait, sous clefs, quelques recueils de poésie et entretenait une passion pour les arts premiers et l'Afrique avait embrassé la fièvre populaire, cette "coupe de France, coupe du Monde" sans rien y connaître...
Retours terrain
Car il avait compris que pour être populaire, il faut être... populaire... Et de cela aussi, les marketers auraient de quoi s'inspirer. Plutôt que de monter de complexes stratégies data-driven, plutôt de qu'adopter de sophistiqués outils technologiques, il est bien souvent plus efficace de tâter le terrain, d'aller à la rencontre de ses clients, parce que d'accord, c'est loin, mais surtout c'est beau, -et riche d'enseignements.
A le revoir enjambant le portique du métro, à replonger dans cette France sans ceinture et dans le Canal de Lescure, on serait presque tentés par la nostalgie... Tant et si bien que quand on l'entend s'agacer "What do you want ? Me to go back to my plane? To go back to France", on s'imagine lui répondre: "Allez, oui, d'accord, reviens"... Puis on se console en se disant que, là-haut, la pomme ne doit plus, depuis le temps, être un fruit défendu...