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[Edito] Internet, ce bien commun dont nous devons reprendre possession

Publié par Eloise Cohen le | Mis à jour le

Nous comptions sur Internet pour nous ouvrir sur le monde, nous fournir un savoir illimité et instantanée, bref, nous offrir une vie meilleure. Accaparée par quelques géants, la Toile ne tient pas ses promesses d'origine. Mais il est encore temps de réagir et d'en reprendre possession.

"Grâce à Internet, nous créerons une civilisation plus humaine et juste. Nous créerons un monde dans lequel chacun peut entrer, sans privilège ou préjudice dus à la puissance économique, à la force militaire ou au lieu de naissance." Il y croyait, John Perry Barlow, en 1996, lorsq''il achevait sa fameuse "Déclaration d'indépendance numérique". Il doit aujourd'hui se retourner dans sa tombe.

Car force est de constater qu'à la promesse d'un world wide web s'est substitué un world wild web, Far West où règnent, en maîtres, quelques acteurs qui s'en approprient (presque) toutes les richesses, tout en contribuant à son appauvrissement intellectuel et social.

Internet devait nous apporter, à tous, un savoir infini et instantanément accessible... à la place de quoi nous nous sommes vautrés (tous, c'est vrai) dans le doomscrolling*.

Il offrait de nous connecter les uns aux autres. Il permet, à la place, de zumper, de troller et de cyberharceler, en toute impunité.

Il prédisait l'émergence d'une démocratie participative où les gatekeepers ne monopoliseraient plus le débat public. À la place a émergé... Trump, et une minorité agissante (envahissante ?) confisquant, par l'agressivité et la radicalité de leurs posts, la parole numérique.

Internet promettait de nous ouvrir sur le monde. Il nous a enfermés dans des bulles de filtrage, fruits des algorithmes sociaux pour conforter nos convictions et notre homophilie naturelle.

Il promettait d'être un espace de concurrence pure et parfaite. Il a été, au fil des années, accaparé par cinq géants qui en dictent, unilatéralement, les règles. Peu fair-play sont, en effet, Google et Facebook quand on parle droits voisins ou walled gardens.

Alors certes, le web est dark. Mais il est aussi le portail de l'intelligence collective de Wikipédia, du financement participatif, de l'essor de l'économie circulaire, de l'explosion de la créativité (et des lolcats !). Et dans ce monde un peu fou où toutes les cartes se rebattent continuellement, si rien n'est gagné, rien n'est jamais perdu. À nous, donc, de choisir le cyberespace dont nous voulons demain. Comment ? En réfléchissant "à notre réflexion", selon les mots du psychologue Albert Moukheiber. En reprenant le contrôle de ce temps, de notre temps, alloué au digital. En agissant, enfin. L'heure est à l'engagement des marques ? Alors, lancez-les dans l'hacktivisme pour, finalement, récupérer ce bien commun qu'est la Toile.

*Addiction, malsaine, aux fils d'actualités désastreuses
** Larguer par zoom.

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