Si vous n'avez pas pu vous rendre au salon de Londres, voici une séance de rattrapage sur les pas de Jérôme Stioui, spécialiste du marketing mobile et exposant.
La cinquième édition du salon Apps World Europe (les 12 et 13 novembre derniers) vient de fermer ses portes à Londres. Le spécialiste du marketing mobile Jérôme Stioui, CEO d'Accengage, exposant au salon, a accepté de jouer les chasseurs de tendances pour emarketing.fr. Bilan.
Un secteur en pleine croissance
Cette année, le salon a déménagé dans un lieu très "pro", ExCeL, et a doublé en taille par rapport à l'an dernier. "Cette forte croissance en taille, mais aussi en nombre d'exposants et de visiteurs, correspond parfaitement à la taille et au dynamisme croissant du marché", note Jérôme Stioui. Un marché du mobile qui atteint 2 milliards d'euros au Royaume Uni. "Le salon s'est professionnalisé", et son succès est confirmé par les premiers résultats chiffrés : plus de 12 000 visiteurs, contre environ 8 000 l'an dernier, soit une hausse de 50 %, et 350 exposants contre 200 en 2013, soit une progression de 75 % !
Quatre tendances dans le marketing mobile
"La première tendance que j'ai notée, raconte Jérôme Stioui, est l'émergence de gros acteurs sur le marché de la publicité mobile, des acteurs qui n'étaient pas si présents que cela avant. Je pense surtout à Amazon et à Twitter". Ces deux incontournables, chacun dans leur secteur, se sont positionnés sur la publicité mobile en 2014 (Amazon en 2013, mais sous iOS seulement cet été), en créant leur propre réseau. Le "Mobile App Install" de Twitter, inspiré du modèle de Facebook, a été ouvert aux développeurs (beta) en avril, et à tous seulement en septembre dernier. "Avant cela, Twitter était peu actif sur la promotion d'applications mobiles, composante essentielle du marché de la publicité mobile".
Deuxième tendance : la montée en puissance du RTB (Real Time Bidding, ou achat programmatique). "Avant, une multiplicité de réseaux publicitaires allait chercher des éditeurs (publishers). Aujourd'hui, ces réseaux se dirigent de plus en plus vers les adexchanges, ces places de marché qui mettent tous les concurrents en présence. Les gros adnetworks sont toujours là, comme Google ou Facebook ou quelques pure-players, mais même eux cumulent avec les adexchanges". Il y a donc une migration de la publicité mobile des adnetworks aux adexchanges. "Et on voit même des grandes agences traditionnelles acheter des pure players pour acquérir une expertise en publicité mobile". C'est ainsi que Dentsu Aegis (Carat) a acheté en début de mois l'agence anglaise mobile Fetch.
"En fait, ces deux tendances montrent que les grands acteurs du digital ne peuvent pas rater le virage de la publicité mobile", souligne Jérôme Stioui.
La troisième évolution concerne l'usage et la fidélisation des porteurs d'applications : les logiques d'acquisition et d'engagementse rééquilibrent. "Avant, le nombre de téléchargements, il n'y avait que cela qui comptait ! Aujourd'hui, clairement, la question est aussi : comment faire pour avoir plus d'utilisateurs actifs, pour qu'ils se transforment en business?. Les annonceurs dédient des budgets à leur stratégie de fidélisation sur mobile car cela coûte désormais moins cher de réveiller un porteur inactif que d'en recruter un nouveau. Pour cela, le push notification est sur le devant de la scène et les conférences sur l'engagement mobile ont eu beaucoup de succès cette année".
Enfin, quatrième tendance : le resserrement des liens "entre le mobile et le mortar". Et ce, à travers deux phénomènes. Le premier : le paiement mobile. "Même si Apple Pay a connu une sorte de retour de bâton quand les pourcentages prélevés par Apple ont été mieux connus et que de grands retailers américains ont annoncé ne pas accepter la solution, le paiement sans contact et mobile est entrain de s'installer", confirme Jérôme Stioui. Deuxième phénomène : les balises beacon. "De plus en plus d'exposants proposent des beacons pour améliorer le parcours client, envoyer des push. C'est un phénomène de fond qui s'installe". Là encore, même si Apple n'a pas inventé la technologie, il l'a mise sur les devants de la scène professionnelle.
"Ce qui m'a beaucoup étonné, c'est de voir que même les réseaux publicitaires mobiles commencent à réfléchir sur les beacons à des fins de ciblage personnalisé bien après l'expérience en point de vente", conclut Jérôme Stioui.
Prochain rendez-vous incontournable du secteur mobile, avec plus de 85 000 visiteurs venus de 200 pays en 2014, le Mobile World Congress 2015 devrait confirmer ces tendances, et dessiner celles à venir. Rendez-vous du 2 au 5 mars 2015, à Barcelone.
Jérôme Stioui a plus de 15 années d'expériences dans le marketing digital, dont 5 consacrées au marketing mobile. Après avoir fondé et dirigé Directinet en 2000, cet ancien administrateur du SNCD crée l'agence de publicité mobile et de marketing relationnel Ad4Screen en 2010. Il est aujourd'hui président d'Accengage (entité de Mobile First Alliance dédiée à l'édition de logiciels de mobile CRM).