"Devenir covid by design": Cyril Bourgois (Casino)
Publié par Eloise Cohen le - mis à jour à
Comment la reprise s'annonce t-elle pour le groupe Casino ? Quels enseignements tirer de ces semaines de confinement ? Quels services initiés avant le déconfinement devraient se poursuivre ? Cyril Bourgois, directeur exécutif nouvelles activités du Groupe Casino nous répond.
Comment la reprise s'annonce-t-elle ?
La grande distribution a été très active pendant la crise puisqu'il a fallu continuer de nourrir les Français tout en s'adaptant au défi sanitaire. Un défi pleinement relevé, aux côtés des autres acteurs de la chaîne alimentaire, démontrant que ce secteur revêt un caractère de quasi service public. S'agissant du groupe Casino, cette crise a confirmé la pertinence de notre positionnement stratégique : priorité aux formats de proximité et croissance forte du e-commerce. Même s'il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, les observateurs du secteur s'accordent à penser que ces tendances de fond devraient perdurer après la crise. Pouvoir compter sur le plus grand réseau de magasins de proximité en France (avec des enseignes comme Monoprix, Franprix, Casino Supermarchés ou Petit Casino mais aussi Spar ou Vival dans les zones plus rurales) et sur une force de frappe importante sur le e-commerce (notamment avec Cdiscount sur le non alimentaire et Monoprix Plus et son partenariat avec Ocado sur l'alimentaire) sont des atouts indéniables. C'est donc avec optimisme que nous abordons la reprise, sans pour autant nier les difficultés que vont traverser nos économies et donc nos clients.
Quels sont les grands enseignements que vous tirez de ces dernières semaines de confinement et de déconfinement progressif ?
La crise fonctionne comme un révélateur et un accélérateur de tendances. À mon sens, son principal enseignement est la montée en puissance inéluctable de la digitalisation de notre quotidien. Ces dernières semaines, des équipes entières se sont mises à utiliser massivement les outils de télétravail et ont réalisé que cela pouvait constituer une alternative intéressante. Plus spécifiquement dans la distribution, le e-commerce sous toutes ses formes (livraison à domicile, click and collect) a connu une croissance inédite, avec un pic sans précédent atteint pendant la période du confinement. Chez Monoprix, les premières semaines du confinement, un créneau de livraison était ainsi réservé en moyenne en 4 secondes. La courbe se tasse à présent mais les habitudes adoptées par certains consommateurs ne disparaîtront pas. Cela dit, je ne crois absolument pas à la disparation des magasins physiques car cette crise nous a aussi rappelé, en creux, combien les gens sont attachés au lien social, à la vie extérieure, au vivre-ensemble. De ce point de vue, les formats de proximité, qui jouent un rôle majeur dans le maintien du tissu social, sont avantagés. Enfin, le dernier enseignement est qu'il faut se préparer à revivre éventuellement des épisodes similaires, même s'ils ne sont pas souhaitables. Il est donc indispensable d'intégrer cette possibilité nouvelle dans nos choix stratégiques, c'est-à-dire devenir " covid by design ", comme j'ai pu l'entendre.
Quels services, initiés pendant le confinement, auraient selon vous intérêt à se poursuivre ?
Le confinement a été une grande période de créativité : tout le monde s'est réinventé pour que la vie continue malgré tout. Sur les nouveaux services mis en place dans notre secteur (ou développés pendant la crise), je retiendrais peut-être la commande par téléphone pour les personnes vulnérables car c'est un sujet d'inclusion ; le développement massif du click and collect, notamment dans les petits magasins de proximité et enfin les services de Scan & Go et de paiement mobile qui fluidifient le parcours d'achat du client dans nos magasins.