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Kickstarter, espace marketing

Publié par Philippe Crouzillacq le - mis à jour à

De plus en plus de start-up ou d'entreprises utilisent les sites de crowdfunding, non plus pour lever des fonds mais pour tester auprès des internautes leurs prochains produits.

Indiegogo, Kickstarter, Ulule, KissKissBankBank, ces plates-formes de crowdfunding (c'est-à-dire en bon français, de "financement participatif") sont souvent et logiquement présentés comme une alternative de choix pour des jeunes pousses qui doivent faire face au scepticisme des banquiers et aux réticences des investisseurs. Jouer la carte du crowdfunding en soumettant directement son projet aux internautes (quand bien même il s'agirait de cuisiner une salade de pommes de terre) permet de court-circuiter les procédures traditionnelles. Voilà pour la théorie.

En pratique, si les Géo Trouvetout du XXIème siècle continuent d'y tenter leurs chances, de plus en plus de start-up qui ont déjà levé des fonds, et ne sont donc plus forcément en quête de financement, savent aussi avantageusement tirer partie de la visibilité offerte par les plates-formes de crowdfunding pour tester leurs prochains produits et créer un lien direct avec leurs futurs clients.

Au début de l'été, après avoir passé un an et demi à travailler sur Hello, son nouveau concept, James Proud un entrepreneur âgé de 23 ans et qui a revendu sa première société à 20 ans, s'est tourné vers Kickstarter et ses millions de visiteurs uniques mensuels pour tester la réaction des internautes à son nouveau device "Sense", un capteur pour mesurer les cycles de sommeil.

Développer sa relation client

La campagne Kickstarter fut un succès. Le seuil minimal de financement rapidement dépassé et au final le jeune entrepreneur et sa start-up Hello levèrent un total de 1,8 million de dollars auprès de 14 000 contributeurs. Mais paradoxalement James Proud n'était pas venu sur Kickstarter pour l'argent souligne le magazine américain Forbes.

Au moment de lancer sa campagne de crowdfunding, Hello avait en effet déjà levé 10,5 millions de dollars. Non, ce qui intéressait James Proud c'était la relation client. "L'idée pour les marques ou les futures marques, c'est d'être en capacité de rassembler des données", constate Slava Rubin, co-fondateur et actuel PDG de la plate-forme de crowdfunding Indiegogo.

"L'idée, c'est d'aller bien plus loin qu'un achat chez Best Buy (le Darty américain) en récupérant les adresses physiques et électroniques des futurs clients. C'est un excellent moyen de construire une communication autour d'une marque ou d'un produit." Et puisque des sites comme Kickstarter et Indiegogo ne font pas obligation aux sociétés de mentionner si elles sont financées en capital-risque, la voie est libre.

Rassurer les investisseurs potentiels

En fait, "le véritable intérêt d'un site comme Kickstarter, pour ne pas dire sa magie, c'est l'existence de cette communauté d'internautes prêts à soutenir tel ou tel projet et à échanger avec une entreprise pour faire évoluer ce projet", commente pour sa part James Proud. Par ailleurs, il n'est rien de plus rassurant pour des investisseurs quelque peu rétifs qu'une campagne de crowdfunding réussie. "C'est l'occasion pour les start-up de se faire remarquer", explique Slava Rubin.

En novembre 2012, Sonny Vu, PDG de Misfit Wearables lançait sur Indiegogo une campagne de fonds pour Shine, un petit traqueur d'activité. Une initiative qui, selon lui, a permis à Misfit Wearables de s'ouvrir de nouveaux marchés. Aujourd'hui 70% des ventes de l'entreprise proviennent de l'étranger, dont 24% de Chine, explique-t-il à Forbes. Sans compter qu'un an après sa campagne Indiegogo, Misfit levait 15,2 millions de dollars auprès du fond de capital-risque Horizon Ventures. Soit deux fois plus d'argent que la société n'en avait rassemblé avant sa campagne Indiegogo.

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