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Nouvelle baisse du moral des Français : mais que font les professionnels du marketing ?

Publié par Hugues Serraf le | Mis à jour le

Le marketing sait vendre des smartphones et des yaourts à des consommateurs blasés. Pourrait-il vendre un peu d'optimisme à des citoyens désabusés ?

Moi j'aime bien les enquêtes sur le moral des Français parce qu'elles démontrent qu'il existe effectivement quelque chose qui puisse être qualifié d'infini en plus de l'univers : leur capacité à déprimer.

Bien sûr, c'est un peu devenu un cliché, puisqu'on sait depuis Jean Cocteau que " les Français sont des Italiens de mauvaise humeur ", mais tout de même ! Comment est-il possible, pour ces indicateurs, d'annoncer tous les matins une nouvelle réduction de notre coefficient d'optimisme sans que jamais le fond du gouffre ne soit atteint ? N'y a-t-il aucune limite à notre désespoir ?

La dernière fournée en date, c'est celle de l'INSEE, qui explique que le moral des ménages a encore perdu deux points en février parce qu'ils pensent que le chômage va augmenter, que leur pouvoir d'achat va diminuer et que l'inflation va galoper. Il n'y a rien sur la peste et le choléra, mais c'est sans doute parce que c'est plutôt le boulot de l'INVS de promouvoir le catastrophisme sanitaire, l'INSEE se concentrant sur le catastrophisme économique. Si l'on se mettait à mélanger les genres, où irait-on...

Bon, il est un peu facile d'ironiser sur ces questions parce qu'il y a tout de même des raisons objectives de faire la tête en période de récession. Mais dans un pays où, pour ne prendre qu'un exemple intriguant, les rémunérations des fonctionnaires (25% de la population active tout de même) poursuivent vaillamment leur progression quand elles sont en chute libre dans de nombreux pays, on se gratte un peu le crâne.

Une étude originale suggérait récemment que cette neurasthénie nationale avait à voir avec un modèle éducatif fondé sur la contrainte et l'absence d'encouragement des élèves. Une scolarité entière à entendre dire que vous êtes nuls par des enseignants convaincus que leur établissement est en passe d'être vendus à un fonds de pension californien, ça doit bien laisser des traces.

On se prend à rêver qu'une task force de marketeurs, dont le boulot est parfois, avouons-le, de faire prendre des vessies pour des lanternes à des consommateurs blasés, soit chargée de vendre un peu de rêve à des citoyens désabusés. Le talent et l'expertise nécessaires à susciter du désir et de l'enthousiasme pour un smartphone ou un yaourt aux bactéries sympas, après tout, sont peut-être transférables à d'autres champs. Et si ça ne marche pas ? Bah, ce ne sera jamais qu'une raison supplémentaire d'avoir le moral dans les chaussettes.

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