[Edito] Macron, élu produit de l'année... Et alors?
Publié par Eloise Cohen le - mis à jour à
On a accusé d'Emmanuel Macron d'avoir usé de stratégies marketing pour rafler, au nez et à la barbe de tous ses concurrents, l'élection présidentielle. Une critique qui, finalement, ne devrait pas véritablement en être une...
Macron Président. S'il faut bien reconnaître à la punchline une certaine dynamique, peu l'entonnaient, il y a seulement quelques mois, avec une réelle conviction. Et pourtant, c'est à grandes enjambées que le candidat d'En Marche! a gravi les échelons du pouvoir. Comment, dans un pays où la valeur attend patiemment le nombre des années, et, en politique, le cumul des mandats, cela a-t-il pu se produire ? Comment Emmanuel Macron, ancien banquier, ministre démissionnaire, sans parti, ni circonscription, ni même expérience, a-t-il raflé, au nez et à la barbe de tous, l'élection suprême? Mais surtout, comment un supporter assumé de l'Olympique de Marseille a-t-il réussi à emporter 90 % des suffrages parisiens?! Très peu mystiques, les commentateurs n'ont pas voulu croire au seul miracle d'une destinée déjà exceptionnelle. Du coup, nombre ont préféré y voir, si ce n'est incriminer, une stratégie marketing savamment orchestrée. Et n'ont donc pas hésité à comparer l'ascension d'un candidat à la présidence de la République française au lancement d'un pot de yaourt.
Data et nudge marketing
On a donc pointé du doigt son programme construit sur l'analyse, automatisée, des 100.000 conversations et 25.000 questionnaires récoltés, sur le terrain, par ses adhérents. On s'est moqués de son approche business de la politique, consistant à monter une offre disruptive "from scratch", à constituer des focus groups et à affiner, en mode lean start-up , soit au fur et à mesure de la campagne, sa stratégie. Enfin, on a accusé les équipes d'En Marche! d'exploiter les efficaces ficelles du nudge marketing, comprenez la création d'un contexte d'incitation douce au vote souhaité.
Autant de remarques qui, finalement, ne soulèvent qu'une seule question: et alors? Ce qui a fait ses preuves en entreprise devrait donc être, d'un coup, déconsidéré dès lors qu'utilisé en politique? Ce qui est bon pour attirer le client en linéaire perdrait-il donc toute sa noblesse pour séduire l'électeur? Les serviteurs de la grande mission de service public devraient-ils, dès lors, s'interdire d'utiliser l'extraordinaire intelligence, l'incroyable compétence, les étonnantes richesses de la sphère marketing?
Bien au contraire. Car c'est ceci qu'a prouvé cette dernière élection: que si les politiques s'inspiraient un peu de vous, de vos techniques et de votre savoir-faire, ça pourrait marcher... Et plutôt deux fois qu'une!