[Billet] L'annonce des French Tech Hub mondiaux: une marque ombrelle forte pour 11 métropoles mondiales
Publié par Gilbert Réveillon, CCEF, avec Stéphanie Marius le | Mis à jour le
Vendredi 29 janvier, Emmanuel Macron présentait ses voeux aux entreprises de la French Tech et annonçait l'internationalisation du label via le dispositif French Tech Hub. Notre expert Gilbert Réveillon revient sur la stratégie de communication de ce fleuron hexagonal.
Un moment festif de la république, les voeux du ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique Emmanuel Macron, a permis de mettre en avant la stratégie forte et durable des écosystèmes d'affaires de la French Tech, notamment via la création des French Tech Hub. 11 métropoles internationales ont été choisies (dont Montréal, Cape Town, Hong Kong, Barcelone, Londres...) pour faire partie d'un "écosystème entrepreneurial structuré pour y accélérer le développement des start-up françaises souhaitant s'y implanter et y renforcer l'attractivité de la French Tech auprès des entrepreneurs, investisseurs ou média locaux (selon le site de la French Tech, NDLR)".
L'administration et les agences du gouvernement impliquées dans la French Tech affirment leur souhait d'aider les entrepreneurs français engagés dans cette aventure. Rien de nouveaux sur le registre de l'export et de l'internationalisation des activités de nos entreprises, start-up et écosystèmes si ce n'est cette nouvelle marque ombrelle qui les rassemble pour gagner des parts de marché à l'international. On y décèle une posture de conquête. Emmanuel Macron souhaite voir plus de licornes françaises à l'international. Tous les ingrédients sont là: aux concepteurs et aux business developers de construire de la valeur et de rencontrer leur marché.
Un risque d'hégémonie émerge néanmoins de cette volonté de communiquer avec force sur la marque French Tech Hub. La France présentée comme la capitale de l'innovation: cette vision centralisatrice a amené les entreprises hexagonales à clamer leur leadership en nombre sur le dernier salon du CES Las Vegas. Attention à ne pas tomber dans le syndrome de la communication du leader...
Le gouffre entre start-up et grands groupes
La France était la première nation étrangère à l'Eureka Park du CES (l'espace de démonstration réservé aux start-up, NDLR). Il convient cependant de prendre le recul nécessaire pour ne pas forcer le trait. En effet, si les start-up allemandes et anglaises ne se sont pas engouffrées dans ce bruit médiatique c'est parce que sur leur marché domestique, elles trouvent déjà beaucoup de "grain à moudre", ce qui n'est pas toujours le cas en France. Certes, il existe le Cbit d'Hanovre ou les différents World Summits à Londres ou Dublin. Trop souvent, pourtant, les start-up françaises ne parviennent pas à rencontrer les états-majors de grands groupes français en dehors de Las Vegas.
L'allocution d'Emmanuel Macron à Bercy:
Emmanuel Macron a identifié ce dysfonctionnement: il faut réussir à faire travailler les grands groupes et les ETI ensemble avec les start-up. C'est dans un vrai "pipe commercial" que se trouve la valeur de l'entreprise et non dans une communication conquérante et arrogante. J'ai d'ailleurs pu relever au CES de Las Vegas de nombreuses remarques d'Américains un peu agacés de notre omniprésence.
Comment mesurer l'efficacité de ce positionnement? Notamment grâce au CES: depuis 2012, les start-up présentes dans l'Eureka Park ont levé un peu plus de 1 milliard de dollars. Quelle est la part des start-up françaises? Est-ce à la hauteur des 33% de l'espace pris ou du nombre d'exposants? J'en doute. Ainsi, si les entreprises innovantes hexagonales remportent la bataille de l'attention, on oublie que leur succès doit avant tout être "business proof".
Pour l'heure, profitons de cet esprit festif et rassembleur impulsé de façon vigoureuse et déterminée par Emmanuel Macron et par toute la constellation de valeurs qui se regroupent autour de cette initiative enthousiasmante qu'est le French Tech Hub.