SNCF Voyageurs sensibilise à la transition écologique... dans ses trains
Publié par Philippe Lesaffre le - mis à jour à
Depuis 2022, SNCF Voyageurs propose à l'association 2tonnes d'animer dans des TGV et des Intercités des ateliers de sensibilisation à la transition écologique. Nous y avons participé au cours d'un Paris-Lille en pleine Semaine européenne du développement durable, en septembre.
En ce jour pluvieux, au crépuscule de l'été, le train ferme ses portes. Le TGV s'apprête à quitter la Gare du Nord et arrivera dans moins d'une heure et demie à la station Lille Europe. À l'intérieur du wagon-bar, un groupe de personnes s'affairent à installer des pancartes. Pas de doute, aujourd'hui la SNCF ne propose pas de vente de boissons ou de snacks, mais un atelier "en train pour le climat". Deux voyageurs venus dans l'espoir de se restaurer rebroussent chemin, peut-être un brin déçus. Ils ne profiteront pas de l'intervention de Pierre-Alix Lloret-Bavai, le cofondateur de l'association 2tonnes.
Depuis 2022, SNCF Voyageurs invite sa structure à animer des ateliers de sensibilisation au sujet de la transition écologique dans les TGV et les Intercités. Une opération qui a été proposée, pour la deuxième année consécutive, pendant la Semaine européenne de développement durable (18 au 24 septembre) aux voyageurs d'une vingtaine de trajets. Et ce, gratuitement. L'an dernier, 350 personnes en avaient profité au cours de leur voyage en train - versus 250 cette année en raison d'un nombre réduit de trajets concernés (de 37 à 22).
Encourager la prise de conscience
"Nous avons à coeur, souligne Agnès Chapelain, responsable du programme performance environnementale à SNCF TGV Intercités, d'évangéliser le bilan carbone, d'encourager la prise de conscience et de mettre en lumière les gestes les plus responsables." Il y a urgence. D'ici 2050, afin de respecter l'accord de Paris, signé en 2015, chaque Français aura à émettre chaque année environ 2 tonnes de co2eq. "Et nous en sommes loin, explique Pierre-Alix au cours de son introduction durant le Paris-Lille. Actuellement, c'est plutôt 10 tonnes si l'on prend en compte les émissions territoriales ainsi que celles que nous importons." En cause en particulier : nos déplacements en voiture individuelle et la consommation de produits carnés.
Le but du jeu de l'atelier est d'identifier des pistes afin de limiter notre empreinte carbone. Mission difficile, mais pas impossible : "On peut y arriver collectivement grâce à des changements structurels", ajoute Pierre-Alix. Depuis 2020, via les ateliers 2tonnes, l'association a su "toucher près de 100 000 personnes". Des citoyens qui n'ont pas tous le même niveau de connaissances, mais à qui il convient de partager les principaux enseignements des études scientifiques. "Qui lit les rapports du Giec ? Le sujet du changement climatique est complexe, poursuit le même, il faut rendre les informations accessibles au plus grand nombre."
"Donner envie de se bouger"
Avec ses équipes, il a conçu des ateliers qui se veulent les plus "interactifs" et "ludiques" possible. "C'est cet état d'esprit qui nous a plu", précise Agnès Chapelain, de la SNCF. À l'issue de l'atelier, avant l'arrivée dans la cité du Nord, les uns et les autres se questionnent sur les gestes à adopter au quotidien. "Quand on est flexitariens, on peut manger du poisson ?", s'interroge un participant. "Je me déplace trop souvent en avion", avoue un deuxième. "Qu'en est-il de notre industrie ? Elle est polluante ?", questionne un autre. Pierre-Alix glisse, ravi : "Nous arrivons à créer du lien. Au cours de certains voyages, le bar est ouvert, et il est déjà arrivé que des clients rejoignent l'atelier, après avoir entendu les discussions. Les participants échangent, trouvent des idées, s'entraident. Cela donne envie de se bouger." L'association propose aux volontaires de calculer gratuitement leur bilan carbone à l'issue de l'atelier, via l'outil qu'elle a mis en place. Le premier pas pour évoluer dans ses habitudes.
"Favoriser l'accès au train"
Chaque acteur doit s'y mettre, tant les citoyens que les pouvoirs publics et les entreprises. Ce, afin d'atténuer les émissions de gaz à effet de serre et pour s'adapter aux effets du changement climatique déjà perceptibles. Valérie Darmaillacq, directrice du développement durable à SNCF Voyageurs, ne cache pas son objectif, à bord du Paris-Lille. "L'idée, de manière générale, est de favoriser l'accès au train et de prouver qu'il est un atout clé dans la lutte contre le réchauffement climatique."
Pierre-Alix le répétait durant l'intervention. Les transports représentent 30 % de l'empreinte carbone des Français. Dans le détail, 55 % des émissions liées aux déplacements sont dues à l'usage de la voiture individuelle. Mais, à titre personnel, c'est le trajet aérien qui pollue le plus, loin devant tout autre moyen de locomotion. "Il faut encourager les utilisateurs à passer à des modes de transport plus durable, comme les transports en commun", valide Valérie Darmaillacq, juste avant l'arrivée en gare.
Celle-ci aimerait renouveler le partenariat entre l'association 2tonnes et SNCF Voyageurs. Pourquoi pas à l'occasion de la semaine de la réduction des déchets (SERD), en novembre prochain.