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La fondation Yves Rocher pour la nature mobilisée pour les zones humides

Publié par Philippe Lesaffre le - mis à jour à

Les zones humides disparaissent. Mais des acteurs se mobilisent pour en en restaurer, même de petite taille. C'est le cas de la Fondation Yves Rocher pour la nature, engagée notamment en Bretagne, région de son président Jacques Rocher, le fils de l'industriel à l'origine de la marque de cosmétiques.

L'Aff coule sur les terres de La Gacilly, commune morbihannaise située à une cinquantaine de kilomètres de Rennes. Ici, la fondation Yves Rocher pour le vivant a racheté le site d'une ancienne ferme. Elle a été créée par le maire Jacques Rocher, fils du célèbre industriel né à La Gacilly, avec cet objectif de préserver le vivant et de sauvegarder les écosystèmes. Près de la rivière, l'association reconnue d'utilité publique a voulu recréer les conditions afin qu'une zone humide se développe sur dix hectares, un site accueillant une multitude d'espèces. Ces dernières décennies, de nombreux marais et tourbières ont disparu en raison de l'urbanisation galopante, de la construction des infrastructures routières et de l'artificialisation des sols. L'idée a donc été d'en restaurer une, même de petite taille, en optant pour une prairie inondable.

"En 2017, nous avons ainsi décidé d'ouvrir la zone, c'est-à-dire d'enlever les peupliers plantés à l'emplacement d'un ancien champ de maïs", raconte Gaël Cardinal, chargé de projet pédagogique biodiversité à La Gacilly au sein de la Fondation, dont le groupe Rocher est "le premier mécène" et dont certains membres se trouvent dans le conseil d'administration, mais également à côté de personnes extérieures à l'entreprise. "Les liens sont très étroits, mais, il n'empêche, dit-il, la fondation est autonome dans ses choix."

Sur le site qui a été renommé Observatoire de la biodiversité, l'association, qui en assure la gestion, a commencé par recenser la (nombreuse) faune qui y trouve refuge, en compagnie d'autres collectifs. La Ligue pour la protection des oiseaux, notamment, a inventorié les espèces de volatiles, des individus ravis de trouver sur place en particulier des insectes évoluant en zone humide, là où des plantes très spécifiques trouvent la lumière. Et là où, typiquement, même si pour l'heure aucune trace n'a été interceptée, la loutre d'Europe peut passer, elle qui ne s'éloigne guère des cours d'eau et dont on sait que certains individus évoluent tout au long de l'Aff. "Elle est connue en amont ou en aval", valide Gaël Cardinal. Le site est devenu un refuge LPO, ça veut dire que les gestionnaires s'engagent à défendre les animaux, à l'instar des amphibiens qui ont besoin d'un cours d'eau pour leur reproduction.

Mobiliser les collaborateurs du groupe Rocher

Pour que le site retrouve l'ensemble des "potentiels écologiques" qu'il aurait eu "sans contrainte et exploitation humaine", la Fondation veille sur sa prairie gorgée d'eau de façon saisonnière, en raison des crues en particulier. "Afin de limiter l'arrivée et la croissance de la végétation, comme les arbres qui refermeraient l'espace, nous pratiquons un fauchage et un broyage léger tous les deux-trois ans... Pas trop non plus afin que les espèces puissent se reproduire..." Et puis la Fondation a dédié deux parcelles à l'écopâturage. "Nous faisons dorénavant venir au printemps quelques moutons. Les bêtes resteront jusqu'à la fin de l'été et pourront améliorer la qualité du sol."

La structure présidée par Jacques Rocher ne veut pas mettre la zone humide sous cloche, mais souhaite faire découvrir ce site naturel. Le fils de l'industriel à l'origine de la marque de cosmétiques du même nom veut inciter le grand public à se reconnecter à la nature par l'émerveillement. En premier lieu, les salariés volontaires du groupe Rocher. "Pour l'heure, il y a eu un chantier participatif voilà deux ans visant à créer un hibernaculum, une structure en pierre pour offrir à des lézards ou à des hérissons un abri."

La demande est là, dit-il, beaucoup souhaiteraient sortir de leur train-train quotidien de bureau et aider la fondation. "Nous pourrons bientôt davantage mobiliser les collaborateurs. Prochainement, ils pourront concevoir d'autres habitats d'espèces ou, pourquoi pas, nous aider à enlever des petits arbres à la main, sans les faucher."

Partager les photos du lieu pour émerveiller

Autant d'actions que la Fondation Yves Rocher pour la nature se plaît à valoriser. "Il faut pouvoir inclure les gens, notamment les habitants de la région. Il est intéressant, dit-il, de leur montrer ce qui est effectué - via des photos du lieu à partager sur les réseaux sociaux, en particulier la page Facebook ou LinkedIn de la fondation - pour les inviter à venir voir cet écrin de verdure."

Gaël Cardinal organisera prochainement "plus de visites aux citoyens" de la marque Yves Rocher. Les membres du groupe, d'une part, et, de l'autre, le grand public, invité à venir se promener sur place. Que ce soit lors des fêtes de la nature en mai avec les associations locales Saute-ruisseaux et Passeur de nature, qui accueillent adultes et enfants, ou à l'automne, en se focalisant sur tel ou tel type d'espèces. Un platelage a été construit sur la zone humide pour que les visiteurs évitent de piétiner la végétation et qu'ils passent au-dessus des deux mares pédagogiques. Sans compter une cabane d'observation des oiseaux que l'équipe a mise en place.