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[Billet] Le Green se marie aussi au Data !

Publié par Jeanne Bordeau, fondatrice et directrice de l'Institut de la qualité de l'expression le - mis à jour à

"Sens dessus dessous" : tous les quinze jours, la spécialiste du langage Jeanne Bordeau analyse le sens et le poids (marketing) des mots. Aujourd'hui, à la veille de la COP21, elle décortique le Green Data.

"Préserver la planète, protéger les hommes", telle est la devise de la COP21. Cette préservation et cette protection semblent passer par la mise en avant de nouveaux mots comme "Green Data". Radioscopie de mots de vert vêtus.

Développement durable, développement sémantique

Le développement durable est un secteur qui renouvelle énormément le vocabulaire. Comme si la nécessité de maintenir le réchauffement climatique en deçà de 2 degrés impliquait d'autres façons de décrire le monde.

Ainsi, on parle de "écocides". "Ecocides" désigne ceux qui détruisent les écosystèmes et augmentent "notre dette écologique".

Pour ne pas être accusé d'être "écocides", justement, les firmes 3.0 tentent de concilier Big Data et respect de l'environnement. Tâche évidemment complexe puisque les centres qui hébergent eux-mêmes les données, les fameux "Data Centers", sont qualifiés de "Nouveaux pollueurs".

Ces grands réservoirs qui stockent toutes nos traces numériques auront besoin - rien qu'aux États-Unis- de 139 milliards de kilowatts-heures en 2020. 139 milliards de kilowatts-heures, cela représente une consommation électrique en hausse de 53 % par rapport à 2013. Que de chiffres ! Vite des mots pour y voir plus claire !

Développement exponentiel de la communication

24 péctaoctets d'informations sont traités quotidiennement par Google. Oui, "pétaoctets", c'est encore un nouveau mot à retenir. Soit 24 millions de milliards d'octets. C'est tellement vaste que le cerveau n'arrive même pas à matérialiser cette quantité. C'est plusieurs milliers de fois l'ensemble des documents imprimés par la bibliothèque du Congrès Américains.

Et le lien avec la COP21 et le mieux-disant climatique ?

Ce lien repose sur un néologisme : le fameux "Green Data" ! Intéressant ce terme. Il passe sans sourciller l'examen du mot éco-compatible. Il contient le fameux "vert" !

Il évoque ces centres de données qui puisent leur énergie de manière totalement novatrice et vertueuse !

Ainsi à Grenoble, on inaugure un centre "Green Data". L'énergie solaire fait marcher les serveurs et l'eau de la nappe phréatique vient les refroidir. Conséquence : ce bâtiment est "décarboné". Mot récent et factuel pour dépeindre les réductions en émission de carbone.

Développement du client éco-compatible ?

Cette affaire de "Green Data" pourrait paraître assez loin de nous. Nous consommateurs et clients ! Pourtant, nous sommes devenus "consommacteurs".

Demain, en allant acheter sur le Net, en utilisant une appli pour réserver un modèle exclusif de robe de créateurs, nous demanderons peut-être un supplément de "Green attitude" aux marques.

Nous exigerons que les mille et un renseignements glanés sur nous soient entreposés dans des "baies informatiques" - jolie expression technique - écologiquement correctes.

Ainsi va la prise de conscience du citoyen "omo numericus". Il navigue dans une réalité virtuelle. Il réalise que ses actions numériques ont des conséquences bien réelles. Alors, les données collectées sur lui ne sont plus seulement un outil marketing. Elles deviennent des éléments qui traduisent ou pas la responsabilité sociétale et environnementale d'une société !

L'expérience client reposera bientôt aussi sur le traitement des "data". Traitement en mode "Green" ou en mode écocide ? Choix informatique, choix éthique !

Sur le thème "Green" et du même auteur, lire le billet Green Branding.

Retrouvez d'autres mots de Jeanne Bordeau sur notre site :

Marketing Geek
Do-gooding
L'empowerement

L'auteur : Jeanne Bordeau est la créatrice d'un bureau de style en langage, l'Institut de la Qualité de l'Expression, auquel des entreprises françaises et internationales confient des missions de diagnostic et de création en langage.À l'origine d'inventions et de méthodes déposées à l'INPI (Charte sémantique, École de rhétorique, Baromètre de mesure de la qualité de l'écrit...), Jeanne Bordeau est aussi conférencière, enseignante à la Sorbonne et au MBA ESG stratégie de communication digitale (MSCD). Artiste, elle expose des tableaux de mots qui créent, chaque année, un observatoire de tendances linguistiques. Suivez-la sur Twitter @JeanneBordeau.
Et sur son site institut-expression.com


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